La Guinée va très mal. Personne de sérieux et d’honnête ne peut prétendre le contraire. La société guinéenne actuelle est déshumanisée, superficielle et sans repère.
La société est ce que nous en faisons, car elle l’interaction de nos relations mutuelles. Elle le reflet de l’ensemble des relations de ses membres, elle est donc ce que nous en faisons.
{jcomments on}
« Une société juste ne peut exister que si les personnes qui la composent sont justes et bons. »
Comme il est écrit dans le coran :
« En vérité, Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les[individus qui le composent ne modifient pas ce que est en eux-mêmes »
Le philosophe OmraamMikhaëlAïvanhov dit la même chose par la loi de la causalité.
« Il existe une loi établie universelle d'après laquelle les humains ne peuvent en définitive recevoir que ce qu'ils méritent. »
C’est la loi de cause à effet, elle infaillible et éternelle. Elle est résumée par cette formule.
« Ce que nous sommes aujourd’hui résulte de nos pensées d’hier, et de nos pensées d’aujourd’hui dépendra notre vie de demain. Notre esprit bâtit notre vie. »Bouddha
Je ne fais que dire une litanie lorsque je dis :
*Que notre pays est en crise perpétuelle depuis son accession à la souveraineté nationale en 1958.
* Que la Guinée est bien malade de sa mal-gouvernance, politique, économique, juridique, sociale.
*Qu’elle est malade de ces rivalités ethniques et régionales porteuses de conflit social, l’ethnocentrisme étant poussé à l’extrême.
Les politiciens de bas étage sans vergogne, sans morale, ni éthique en mal d’arguments, et profitant de la crédulité et de la pauvreté de nos populations les manipulent et les prennent pratiquement en otage par leur ethno-politique.
La diversité ethnique et culturelle de notre beau pays, qui aurait dû être une richesse, a été transformée par notre division en véritable poison mortel pour le pays.
Alors comme le dit si bien S.E. Lansana Kouyaté président du parti de l’Espoir :
« La Guinée n’est pas divisée en ethnies, elle est composée d’ethnies, de groupes régionaux, et ceci est un plus. »
La Guinée actuelle est ce que les Guinéens en ont fait.
De quelques cotés que l’on regarde, c’est le désordre, la confusion et la frustration.
Le désordre est partout. Le pays est physiquement en désordre, le guinéen est mentalement et psychologiquementen désordre !
La corruption a gangréné tous les domaines de la vie publique et toutes les institutions sont en faillite.
La violence est désormais endémique dans le pays, la violence publique des forces de l’ordre, la violence des individus, des populations.
Pour illustrer l’état de déshumanisation de notre société, je donne deux exemples :
Premier exemple :
Je commence par vous raconterune histoire vraie que j’ai personnellement vécue.
Cela se passait à Siguiri, en été 2012, où un jour j’étais assis à côté de mon neveu qui me conduisait en voiture.
A l’approche d’un rond-point je voyais à quelques dizaines de mètres au beau milieu du carrefour quelque chose de sombre.
Et il y avait beaucoup de monde aux quatre coins de ce carrefour qui regardait cette « chose », comme un objet étrange mais personne ne bougeait !
La scène était comme un spectacle pour les personnes qui étaient présentes. Lorsque notre véhicule s’est trouvé au milieu du carrefour.
Quel ne fut pas ma surprise de constater que c’était une personne. En occurrence une femme qui était couchée là, recroquevillée en chien de fusil à peine couverte à l’aide d’un pagne noir!
J’ai instamment demandé à mon neveu d’arrêter la voiture, ce qu’il fit aussitôt.
Nous sommes descendus de la voiture tous les deux. J’ai demandé à mon neveu que nous prenions cette personne complètement décharnée, en état de grande m
isère physiologique pour l’amener à l’hôpital préfectoral.
C’est ainsi que nous avons embarqué cette malade dans un état de coma pour la transporter à l’hôpital.
Une fois à l’hôpital je suis allé voir le directeur, à qui j’ai expliqué la situation.
Dès qu’il a vu la malade, il s’est écrié en disant :
« Ah ! Je connais cette dame, c’est une folle, elle était hospitalisée chez nous.
C’est le chef de quartier qui nous l’avait amenée, mais personne ne s’en occupait elle n’a pas de famille.
J’ai été obligé de la laisser sortir, parce qu’elle n’a personne! »
J’ai demandé au directeur de l’hôpital qu’il fallait ré-hospitaliser la patiente et que sa place est à l’hôpital, non dans la rue, que la vocation d’un hôpital public digne de ce nom c’est de s’occuper de ce genre de patient.
Il m’a répondu :
« Mais qui va s’en occuper ? Qui va lui apporter à manger ? »
Je lui ai répondu que ma famille allait s’en occuper !
C’est à cette condition que le directeur a accepté de ré-hospitaliser la patiente qui était à l’article de la mort !
J’ai donné de l’argent à une matrone, afin qu’elle lave cette personne et j’ai demandé à une de mes nièces de lui a apporté à manger !
Tout ceci a été fait très rapidement. Malheureusement la patiente est décédée le lendemain, mais elle est morte à l’hôpital, pas dans la rue !
C’est une histoire authentique, qui révèle l’étendue de la misère de notre pays.
Misère politique, économique, sociale, médicale, religieuse, elle rode partout cette misère, à tel point que l’humanité a disparu de la société guinéenne !
Sans cela comment comprendre et accepter que des gens regardent une personne humaine mourir au beau milieu d’un rond-point sans aucune assistance ?
Comment l’hôpital public peut refuser de prendre en charge une patiente sans aucun recours et se permettre de la jeter dans la rue ?
Deuxième exemple :
C’est la mort début mars 2015 d’une femme enceinteSalématou Camaraâgée 35 ans qui a perdu la vie à l’Hôpital National Donka,des suites d’hémorragie après avoir accouché à même le sol.
Après investigations le ministère de la santé a déclaré :
« Que le mauvais accueil, le retard dans la prise en charge et les insuffisances dues au dysfonctionnement des services dans les hôpitaux Ignace Deen et Donka sont les facteurs qui ont favorisé la mort de Mme Camara. »
En ce mois de Ramadan, partout des lectures du Saint Coran sont organisées dans le pays afin que les guinéens connaissent un peu de bonheur.
Mais la vérité est que ces lectures ne changeront rien aux malheurs de notre pays tant les guinéens ne cultivent pas quelques vertus de tolérance, de bienveillance et de bienfaisance entre eux.
Il serait grand temps et bien opportun que chaque guinéen voit dans l’autre guinéen, son prochain, dans l’autre personne comme son égal.
Car comme dit le Bouddha :
« Quel que soit le nombre de saintes paroles que vous lisez, que vous prononcez, quel bien vous feront-elles si vos actes ne s’y conformes pas.»
Je termine cette réflexion par donner cette excellente pensée de :
OmraamMikhaëlAïvanhov .
« Notre avenir sera tel que nous sommes en train de le construire dans le présent.
Donc, c'est « maintenant » qui compte. L'avenir est un prolongement du présent, et le présent n'est rien d'autre qu'une conséquence, un résultat du passé.
Tout se tient: le passé, le présent, l'avenir ne sont pas séparés. L'avenir sera édifié sur les fondations que vous posez maintenant. Si ces fondations sont défectueuses, évidemment, inutile de s'attendre à un avenir exceptionnel ; mais si elles sont solides, inutile de s'inquiéter.
Avec telles racines, vous aurez tel tronc, telles branches et tels fruits. Le passé est passé, mais il a mis au monde le présent, et le présent représente les racines de l'avenir.
C'est donc maintenant que vous pouvez construire votre avenir en améliorant le présent. »
Le mot de la fin.
« La construction juridique de l’Etat de droit et du droit international est un prolongement de ce qui est nécessaire à la construction de l’humanité.»
Xavier Guigue
Vive la Paix
Vive la Guinée
Dr. B. Diakité.