GBK Les Guinéens se rendaient aux urnes samedi pour les premières élections parlementaires depuis plus de dix ans dans leur pays, dans un contexte tendu après des violences pré-électorales.
{jcomments on}"Je souhaite que le peuple de Guinée vote massivement et en paix et je (lui) dis de ne rien craindre. Tout se passera bien. La Guinée va aller de l'avant", a déclaré le président Alpha Condé, après avoir voté dans le centre-ville, au bureau numéro 2 du collège Boulbinet, sous haute surveillance. "A partir de maintenant, l'Etat exercera ses responsabilités et le pays sera tranquille", a assuré M. Condé qui, la veille, avait estimé que le scrutin devait permettre à son pays "de sortir d'une transition (…) chaotique".
Les opérations de vote, prévues de 08H00 à 18H00 locales (et GMT), avaient commencé en avance dans certains endroits de Conakry, la capitale, selon des journalistes de l'AFP, qui ont constaté une affluence moyenne dans les quartiers du centre-ville mais des électeurs plus nombreux en banlieue. Le vote a généralement débuté à l'heure dans les provinces, notamment à Kankan (est), Pita, Labé (nord), Siguiri (nord-est) et Forécariah (sud), ont indiqué à l'AFP des témoins et responsables électoraux contactés dans ces zones.
A Kankan (est), les opérations électorales étaient toutefois perturbées par des orages. A Siguiri (nord-est), les électeurs sont sortis en nombre mais beaucoup peinaient à retrouver les bureaux où ils sont inscrits, d'après un responsable électoral dans cette ville. Des problèmes ont été signalés par endroits à Conakry et en province, notamment l'absence d'encre indélébile, des bureaux de vote ou cartes électorales introuvables. Après avoir voté à Conakry, un électeur, Lamine Camara, enseignant de 57 ans, a déclaré souhaiter la "victoire" de son candidat" et "l'acceptation des résultats par les partis politiques".
Plus de cinq millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour ces législatives, les premières depuis celles de 2002. Elles devaient être organisées dans les six mois suivant l'investiture, en décembre 2010, d'Alpha Condé, devenu le premier président démocratiquement élu de Guinée, après deux ans de transition agitée sous la coupe de militaires putschistes. Ce scrutin a été repoussé plusieurs fois, en raison d'absence de consensus entre pouvoir et opposition, notamment sur le fichier électoral.
"Que l'expression du peuple guinéen soit respectée"
Près de 1.800 candidats – parmi une trentaine de listes – sont en compétition pour 114 sièges à pourvoir. En dépit de cette multitude de candidatures, la bataille des urnes se résume pour l'essentiel à une confrontation entre les deux coalitions constituées autour du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, tendance socialiste) du président Condé, et de l'Union des forces démocratique de Guinée (UFDG, tendance libérale) du principal opposant Cellou Dalein Diallo, un ex-Premier ministre.
Pendant plusieurs mois, le processus électoral a été grippé par un bras de fer entre pouvoir et opposition, qui a été dénoué par un accord signé en juillet entre les deux camps sous l'égide de la communauté internationale. Un dernier blocage a été levé avec un report obtenu in extremis la semaine dernière, qui a permis de repousser le scrutin du 24 au 28 septembre.
Un des points fondamentaux de désaccord était le fichier électoral, que l'opposition soupçonnait d'avoir été "gonflé" en faveur du pouvoir dans les zones considérées comme pro-Condé et réduit dans des zones réputées fiefs des opposants. Autre point de désaccord: la Céni, jugée partiale par les opposants.
La contestation politique a été marquée ces derniers mois par plusieurs manifestations qui ont dégénéré en débordements meurtriers dans ce pays francophone de 11 millions d'habitants, musulman à près de 90%, dont l'histoire est marquée par les violences politiques, militaires et ethniques depuis son indépendance de la France en 1958. Les récents heurts entre militants du pouvoir et de l'opposition, les 22 et 23 septembre (un mort, plus de 70 blessés) ont fait craindre de nouvelles violences, d'autant que mercredi, le ministre de la Sécurité, Madifing Diané, a estimé que le scrutin s'annonçait "dans des conditions très agitées", après avoir fait état de menaces sur la Guinée.
En rassurant samedi les électeurs, le président a affirmé qu'il n'avaient "pas à craindre (une) déstabilisation." Il a souhaité "que tout se passe bien et que l'expression du peuple guinéen soit respectée". Le scrutin est supervisé par plus de mille observateurs nationaux et plus de 100 observateurs de l'Union européenne et de l'Union africaine. Les résultats provisoires doivent être proclamés par la commission électorale dans les 72 heures suivant le scrutin.
AFP