GBK L'opposition guinéenne vient de décider d'entreprendre des actions de désobéissance civile, à compter du 19 septembre, si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n'accédait pas à sa demande portant sur l'affichage des listes électorales.
{jcomments on}Cette décision découle d'un consensus à l'issue d'une réunion qui s'est tenue vendredi, afin de faire un état des lieux du processus électoral, selon des sources proches de l'opposition.
La réunion s'est déroulée au lendemain de l'ultimatum de 72 heures lancé par cette même opposition au gouvernement et à la CENI, sur fond de menace de recourir à la rue, si jamais "un nouvel affichage public des listes électorales assainies pour une période de quelques jours, n'était pas fait".
L'opposition, qui a lancé cet ultimatum lundi dernier, a indiqué que cet affichage permettrait aux "citoyens de s'assurer de leur inscription effective et de leur rattachement à des bureaux de vote suffisamment proches de leurs localités respectives".
Son porte-parole Aboubacar Sylla a signé une déclaration au sortir de cette conférence de presse, dans laquelle étaient consignées ce qu'elle a qualifié comme étant "des anomalies dues à l'inobservation des clauses de l'accord politique inter-guinéen du 3 juillet 2013".
Cet accord a permis de taire les querelles de clocher qui opposaient le pouvoir et l'opposition, rendant ainsi possible la relance du dialogue inter-guinéen, dans la perspective du vote du 24 septembre.
Parmi ces "anomalies" figurent entre autres "le raccourcissement de la période de 15 jours prévue pour la révision additionnelle destinée à l'enrôlement des militants et sympathisants de l'opposition qui avait lancé un mot d'ordre de boycott lors des révisions précédentes ainsi que l'inversion de l'ordre d'exécution d'opérations importantes de sécurisation du Fichier électoral par la réalisation de l'affichage des listes électorales provisoires avant leur apurement (dé-doublonnage, arbitrage et monitoring)".
Les opposants ont aussi pointé du doigt "l'augmentation du nombre de bureaux de vote passé de 9 000 en 2010, à près de 12 000 avec, paradoxalement une réduction de ces bureaux dans des régions réputées favorables à l'opposition".
Au lendemain de cette sortie de l'opposition guinéenne, la CENI avait procédé à la remise du fichier électoral aux partis politiques sur clé usb.
Cela avait fait l'objet d'une cérémonie, lors de laquelle quatre clés USB ont été remises, dont deux pour l'opposition et les deux autres pour la mouvance présidentielle.
Mais cette démarche de la CENI n'avait pas réussi à faire revenir l'opposition à de "meilleurs sentiments". Celle-ci insiste toujours sur la nécessité d'afficher les listes. Car, selon elle, consulter de façon électronique des milliers de pages de cette liste n'est pas chose aisée.
Quant au parti au pouvoir, le RPG-Arc-en-ciel, sa réaction à cette décision de l'opposition de recourir à la rue, à moins de semaines du vote a été celle d'appeler à "la sérénité" en vue de sauver le processus électoral.
Son porte-parole Moustapha Naité, qui multiplie les déclarations dans la presse, en cette période de campagne électorale, considère que cette démarche de l'opposition n'est qu'une expression de sa "déprime" face à la "percée" de la mouvance présidentielle dans les différentes circonscriptions électorales du pays.
Malgré les menaces proférées par l'opposition, pour le déclenchement de manifestations de rue, à compter du 19 septembre, la CENI poursuit ses activités relatives aux préparatifs du scrutin.
C'est ainsi qu'elle vient de lancer les opérations de distribution de cartes électorales. Des opérations qui ont démarré effectivement ce jeudi dans la capitale.
Les opposants ont tenu à informer la communauté internationale de leur souci de voir le processus déboucher sur "une mascarade électorale".
Saïd Djinnit, le représentant du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon en Afrique de l'ouest, qui dirige le comité de facilitation de la crise guinéenne, devait rallier ce vendredi Conakry. Il devait en effet rentrer précipitamment de N'Djamena au Tchad où il était en mission, selon des sources diplomatiques, pour rejoindre la Guinée où la crise de confiance risque de compromettre le bon déroulement du scrutin législatif.
De quoi inquiéter les électeurs, qui, de façon générale, ne savent plus à quel saint se vouer, car, à cette allure, rien ne rassure pour le moment sur la tenue des élections à la date indiquée.
Xinhua