Excellence !
Vous êtes intervenu dans le journal télévisé de 20heures du 19 Avril 2015 en appelant avec instance le pouvoir et l'opposition à engager un dialogue indispensable, en précisant que l’opposition devrait rencontrer le garde des Sceaux maître Cheick Sacko pour entamer ce dialogue.
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Tout le monde se plaint et demande l'ouverture d'un dialogue: d'abord les populations, les opérateurs économiques, le gouvernement, la communauté internationale.
Excellence,
Quel est le guinéen responsable et honnête, dans la faillite actuelle de notre pays qui n’appelle pas de ses vœux une vraie sortie de crise? Aucun.
Nous demandons :
Qui refuse le dialogue?
C'est bel et bien le président Alpha Condé qui refuse le dialogue.
Il n'a jamais accepté de rencontrer son opposition pour engager un dialogue: direct, franc, sincère afin de dénouer cette crise qui n'a que trop duré! Cela a été le cas également avec le général Lansana Conté, qui lui non plus n'avait pas daigné discuter avec l'opposition.
Combien de fois l’opposition a-t-elle demandé un vrai dialogue avec le président de la république ?
Tout le monde sait que dans le contexte actuel de la Guinée, ni le P.M. Monsieur Said Fofana, ni le garde des Sceaux maître Cheik Sacko ne peuvent dénouer la crise politique qui secoue le pays.
Tout guinéen conscient et honnête demeure inquiet devant la situation dans une Guinée plus que divisée, devenue une société sans repère, violente et déboussolée, en état de faillite économique et de misère généralisée. C’est le président de la république qui devrait inviter l’opposition à ce dialogue ; s’il était de bonne foi c’est à lui d’être l’initiateur d’une telle démarche.
Dans un pays qui se respecte, et devant une telle crise où le destin national est en jeu, est-ce qu'un dialogue sérieux qui concerne le présent et l'avenir de toute une nation peut se faire sans le premier magistrat du pays?
Cela va sans dire que la réponse est Non.
Malheureusement pour la Guinée, le président Alpha Condé a toujours pratiqué un jeu de dupes avec son opposition !
D'une façon générale, dans les pays dits démocratiques, quand il s'agit d'un problème d'ordre national, notamment une crise récurrente comme en Guinée, le président de la république devrait être en première ligne.
Aujourd'hui la Guinée est face à une situation de blocage complet du dialogue politique qui inquiète aussi bien le guinéen que les amis de la Guinée. Le citoyen guinéen est pris en otage dans une crise sociopolitique interminable.
Depuis l’élection présidentielle de 2010, notre pays est plongé dans un cycle infernal de violences avec des dizaines de jeunes fauchés dans la fleur de l’âge par les balles « des forces dites de l’ordre » !
Tous ces crimes sont perpétrés sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit menée et très souvent les auteurs et les commanditaires courent toujours dans la nature.
Les guinéens vivent dans un climat d’insécurité et d’impunité endémique dont voici quelques exemples :
En 2012
1-Un officier de l'armée de l'air, le lieutenant-colonel Alama Kéita, blessé à Conakry pendant des émeutes provoquées par une coupure de courant pendant un match de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), est mort des suites de ses blessures,
2- Le vendredi 09 novembre 2012 la directrice nationale du Trésor public de Guinée, Aïssatou Boiro, a été assassinée par des inconnus dans un quartier résidentiel de Conakry.
3- le 10/11/2012 Paul Cole Temple, ingénieur chargé des télécommunications qui rentrait à son domicile a été froidement abattu en présence de sa femme blessée et son enfant.
4- Le 8 Aout 2012 des éléments de l’armée guinéenne ont fait une descente musclée à Zogota, un village situé en pleine forêt dans la région de N’Zérékoré :
Le bilan a été macabre : 7 morts dont le chef du village et son père qui était le patriarche, plusieurs blessés, des nombreuses arrestations et d’importants dégâts matériels.
En 2014 :
Du fait d’une très mauvaise gestion des lieux de loisirs ; laquelle gestion qui n’obéit à aucune norme de sécurité ; deux drames se sont produits sur les plages de la capitale :
Le jour de l’an , l’effondrement d’un pont à l’entrée d’une plage de Lambayi a causé la mort de six jeunes dont quatre filles. Le 29 juillet 2014 dans une bousculade à la plage de Rogbanè, dans la banlieue de Conakry où 33 jeunes Guinéens ont perdu la vie.
Du fait de la violence publique institutionnalisée, chacun faisant sa loi et se rendant justice :
Le 16 septembre 2014, huit membres d’une équipe chargée de sensibiliser la population sur la lutte contre Ebola dans le village Womey, près de N’Zerékoré, ont trouvé la mort, attaqués par des individus hostiles à l’opération de riposte contre la maladie de la fièvre hémorragique à Ebola.
Le 15/09/2014, un militant de l’U.F.D.G. chef de la section motard Mr Amadou Oury Diallo est assassiné dans la nuit alors qu’il regagnait son domicile.
En 2015:
L’ancien ministre de la jeunesse et des sports Thierno Aliou Diaouné a été assassiné à Conakry ce vendredi 6 février 2015
Excellence !
Vous représentez en Guinée un grand pays : la France, pays de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948.
Je cite trois articles pour illustrer mes propos.
Article 3– : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne
Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 7- : Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection par la loi…
Excellence, vous connaissez la société guinéenne, est-ce qu’elle répond un tant soit peu à ces quelques règles élémentaires de l’Etat de droit ?
Bien sûr, que Non !
Donc, la France, pays ami de la Guinée, malgré les vicissitudes de l’histoire de la décolonisation pourrait valablement aider aujourd’hui à une vraie sortie de crise en mettant le président Alpha Condé devant ses responsabilités :
Procéder sans délai à un dialogue national inclusif, franc, sincère sans intermédiaire avec l’opposition pour saine réconciliation.
Excellence !
Comme vous savez très certainement la situation socio-politique de la Guinée est explosive. Vous le savez très bien les guinéens ont impérativement besoin de ce dialogue pour une : saine réconciliation et pour refondation de l’Etat.
La société guinéenne est en pleine décomposition : Le tissu social est éclaté en communautés ethniques rivales dans un contexte conflictuel permanent. Dans un climat de violence politique institutionnalisée l’insécurité et l’impunité sont devenues la règle.
Nous savons tous qu’il n’y aura jamais de réconciliation sans la volonté politique du chef de l’état d’organiser un vrai dialogue direct, sincère, inclusif national pour apaiser le climat social afin de sortir de cette impasse. Seule une telle concertation nationale permettra à notre pays un changement pacifique. Le renouveau démocratique est à ce prix.
Sans cette réconciliation, il n’y aura pas de paix sociale, et sans la paix il n’y aura pas de développement socio-économique dans le pays.
Excellence !
C’est maintenant que la communauté internationale, principalement la France peut aider la Guinée en persuadant le président Alpha Condé à l’absolue nécessité de ce dialogue national.
Il faut arrêter de jouer au chat et à la souris, ça ne peut plus durer, les populations sont fatiguées et le pays est grand danger de conflit généralisé ! Mieux prévenir que guérir ! Ce serait vraiment dommage, surtout trop tard que la France soit obligée d’ intervenir demain en sapeur- pompier dans un brasier guinéen.
Vive la Paix
Vive la Guinée.
Dr. B. Diakité