L’influenceur anti-occidental Kemi Seba interrogé par les renseignements français

Kemi Seba est en garde à vue à Paris. L’influenceur béninois, connu pour ses positions anti-occidentales et pour ses liens avec la Russie, a été interpellé dans la capitale française lundi 14 octobre par la Direction générale de la sécurité intérieure, l’agence des renseignements français. Son avocat, Juan Branco, affirme qu’il est soupçonné, selon la DGSI, « d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France ».

Symbolique. C’est à Levallois-Perret, juste devant le siège de la DGSI, que l’avocat de Kemi Seba, Maître Juan Branco, a tenu ce mercredi 16 octobre une conférence de presse pour s’insurger de la situation de son client. Selon l’avocat, l’influenceur a été arrêté en pleine rue par des agents cagoulés des renseignements, puis placé en garde à vue sur la base de « soupçons d’intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France ».

L’avocat de Kemi Seba est dans un premier temps revenu sur l’arrestation de son client : « Kemi Seba n’a jamais fui ses responsabilités dans un quelconque autre pays et il a montré qu’il n’avait pas peur de la prison, qu’il n’avait pas peur de la justice. Cet homme-là a été arrêté, à mon sens, de façon lâche, violente et excessive par des membres de la DGSI cagoulés, qui l’ont placé en garde à vue où ses droits sont formellement respectés ».

L’avocat ajoute que Kemi Seba n’est interrogé que sur des faits publics connus : « Il n’y a rien dans ce qui a été énoncé, la seule chose que je peux dire dans le cadre de cette procédure qui ne soit pas publiquement connu, discuté. Il n’y a aucun élément, entre guillemets, caché des activités de Kemi Seba qui serait en train de resurgir. Tout ce sur quoi il est interrogé et dans l’espace public revendiqué et assumé par Monsieur Seba, lui-même ».

« Cet homme, aujourd’hui, est donc dans les geôles de la DGSI, dans des conditions qui ne sont pas agréables, comme vous vous pouvez l’imaginer, privés de liberté selon moi de façon arbitraire depuis 48 h. Cela pourrait être prolongé jusqu’à 96 h avant qu’il soit présenté au juge et donc poursuivi pour des faits criminels qui lui font courir 30 ans de prison. Il est serein, il est serein parce que ce n’est pas la première fois qu’il fait l’objet d’une arrestation, d’une privation de liberté arbitraire. Il y a justement aussi une stratégie de transparence parce qu’il sait très bien que le secret ne peut aller qu’à son détriment ».

L’avocat craint une possible extradition au Bénin 

Maître Branco affirme que son client n’a rien à se reprocher et dénonce une détention qu’il juge sans fondement. Il craint par ailleurs une possible extradition vers le Bénin, pays d’origine de Kemi Seba, où il pourrait être condamné à perpétuité pour des délits politiques : « On sait parfaitement qu’aujourd’hui Kemi Seba, s’il est renvoyé au Bénin dont il a la nationalité, sera immédiatement arrêté et encourra là aussi la perpétuité pour des délits politiques ».

Toujours selon son conseil, Kemi Seba était présent en France pour visiter son père souffrant. Il précise que son client était muni de son passeport diplomatique du Niger, qu’il a reçu cet été après avoir été nommé conseiller spécial du président Abdourahamane Tiani. La présidence du Niger, ouvertement hostile à la France, n’a toujours pas réagi à l’arrestation de son conseiller.

Lors de sa conférence de presse, Juan Branco a également accusé les autorités françaises d’utiliser l’arrestation de Kemi Seba pour des raisons diplomatiques :

« Est-ce que la France a décidé de prendre en otage un individu pour faire contrepoids à la situation qui touche au président Bazoum au Niger par exemple ? Est-ce que la France cherche à nettoyer l’espace politique béninois en lieu et place de Monsieur Talon ? Est-ce que c’est une vengeance par rapport à ce qui s’est passé ces dernières années en Afrique de l’Ouest ? En tout cas, il y a suffisamment d’éléments à charge contre les autorités françaises aujourd’hui à ce stade. Il n’y a rien qui puisse sérieusement être reproché à monsieur Seba ».

Avec Rfi