Des heurts ont opposé jeudi à Conakry forces de l'ordre guinéennes et jeunes manifestant à l'appel de l'opposition contre le calendrier électoral, selon un journaliste de l'AFP et des témoins, sans qu'un bilan soit disponible dans l'immédiat.
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Ces violences interviennent à la veille d'une rencontre entre le président Alpha Condé et le chef de l'opposition, l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, après plus d'un mois de bras de fer.
Malgré l'annonce de ce premier tête-à-tête politique depuis trois ans entre MM. Condé et Diallo, l'opposition a maintenu ses appels à manifester ce jeudi à Conakry, et le 11 mai à l'échelle nationale pour obtenir l'organisation des élections locales avant la présidentielle prévue en octobre.
Elle soupçonne le pouvoir de vouloir utiliser les exécutifs communaux qu'il a désignés, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005, pour orchestrer des fraudes, ce que dément catégoriquement le président.
Les résidences de M. Diallo et de deux autres dirigeants de l'opposition, Sidya Touré et Baïdy Aribot, étaient cernées par des cordons de policiers et gendarmes qui empêchaient toute personne d'y accéder ou d'en sortir.
Ces mesures étaient déjà en vigueur lors des précédentes mobilisations de l'opposition, dont la dernière, lundi, s'est soldée par un mort et au moins une vingtaine de blessés à Conakry, selon une source hospitalière et les opposants.
"Le dispositif a été multiplié par trois par rapport à la dernière fois", a dit à l'AFP M. Touré par téléphone.
"Je suis séquestré, les membres de ma famille sont séquestrés", a affirmé M. Diallo, également joint par téléphone, en imputant la responsabilité au président Condé.
"C'est vraiment dommage que pareilles choses arrivent à la veille de ma rencontre avec le président, une rencontre qui suscitait beaucoup d'espoir dans le cadre de la décrispation pour la reprise du dialogue et pour la paix sociale dans notre pays", a-t-il dit.
"Je pense que les plus sceptiques ont raison de croire que c'est un coup d'épée dans l'eau", a ajouté M. Diallo.
Le directeur des unités d'intervention de la police, le colonel Ansoumane Camara, a justifié ces mesures et minimisé les incidents.
"Les leaders sont à leur domicile, il n'y a pas de violences. La circulation est fluide et les magasins sont ouverts", a-t-il affirmé à l'AFP, précisant qu'aucun policier n'avait été blessé.
Les heurts ont éclaté dans plusieurs quartiers de banlieue, notamment Bonfi, Madina et Cosa, perturbant les activités sur des marchés ainsi que la circulation, interrompue par endroits, selon les mêmes sources.
Des jeunes ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et de sommation dans certaines zones.
D'autres manifestants ont brûlé des pneus et dressé des barricades de fortune sur l'autoroute Fidel Castro menant de l'aéroport au centre-ville.