Depuis des mois, des rumeurs et des articles font état de menaces djihadistes en Guinée. Des écrits non documentés répandent l’idée que les musulmans de confessions wahhabites, sunnites ou Tidjania sont en conflits à Nzérékoré et à Labé, notamment. On a rapporté l’arrestation et la libération d’un soi-disant sympathisant de Boko-Haram à Labé…
{jcomments on}
Ensuite, l’interception de véhicules appartenant à des groupes de Touaregs a été annoncée, sans autres précisions. Des articles plus alarmistes qu’informatifs comparent la situation entre courants confessionnels à Labé à celle de Tombouctou. Faisant écho à cette campagne médiatique de rumeurs et d’insinuations, le président guinéen a annoncé le samedi 25 juillet 2015 que la Guinée est sous la menace des terroristes islamistes. Dans la même annonce Mr. Alpha Condé a démenti avoir interdit le port du voile qu’il attribue à des responsable religieux, tout en précisant que c’est un danger qui mérite un débat national.
Tout indique que Mr. Alpha Condé a choisi de créer une psychose d’extrémisme musulman pour sa campagne électorale – citant en exemple le Mali, le Nigeria et le Cameroun.
Toutefois, il serait erroné de réduire cette manœuvre à une simple tactique électorale. Les observateurs au fait de la réelle menace islamiste dans la région de l’Afrique de l’Ouest savent que le spectre que Mr. Alpha Condé brandit est de sa propre création. Il en fait usage aujourd’hui pour justifier – auprès de l’occident – d’éventuelles répressions.
La Guinée a une tradition musulmane prédominante de Tidjania. Depuis environ 40 ans on a noté la présence de sous-courants musulmans dans le pays. Ces courants n’ont connu de regain d’activisme qu’avec le régime du RPG. Dans les régions où des dissensions confessionnelles sont rapportées, les observateurs s’accordent, sans équivoque, sur des manipulations de quelques croyants par le pouvoir. Il est de notoriété publique que c’est grâce au support dont ils bénéficient du gouvernement que les responsables de ces groupes, numériquement réduits, construisent des mosquées en l’espace de quelques mois.
L’agitation du spectre du fondamentalisme djihadiste fait partie d’une série de tentatives de déstabilisation politique de la Guinée à des fins purement politiciennes.
Le président guinéen avait détaché des gardes-forestiers au Fouta-Djallon sous le prétexte de gérer l’environnement. En réalité, ils avaient pour mission de semer la peur. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs d’incendies inexpliqués que les populations attribuèrent à des forces surnaturelles. Ces incendies prirent fin suite à des pressions de diplomates accrédités en Guinée et du fait de dénonciations d’observateurs locaux et internationaux. Parallèlement, depuis son accession au pouvoir, Mr. Alpha Condé s’est attelé à créer des dissensions au sein des populations du Fouta-Djallon avec le mouvement Manden-Djalon. Grace à la maturité des citoyens, ce mouvement n’a pas fait long feu.
Au moment où les observateurs internationaux évaluent avec anxiété les risques de violence qui résulterait de fraudes électorales, il est essentiel que les populations guinéennes demeurent vigilantes sur ces manipulations de terrorisme djihadiste.
Du fait de l’administration de Mr. Alpha Condé, la Guinée est dans une situation explosive, avec la persistante épidémie d’Ébola, la gangrène de l’impunité, la banqueroute économique et les tensions sociales, tous imputables à la corruption et au fascisme ethnique rampant du pouvoir. Pottal-Fii-Bhantal en appelle aux forces citoyennes pour qu’elles concentrent leurs efforts sur ces questions essentielles et qu’elles refusent de se laisser entrainer dans des conflits religieux forgés de toutes pièces.
Nous demandons à tous les chefs religieux de dénoncer toute tentative de manipulation de la religion à des fins politiques et d’engager les croyants à la tolérance réciproque afin de sortir la Guinée de ce marasme manufacturé par l’incompétence.
La commission Centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon