De la Réconciliation Nationale.
Je salue la démarche du chef de l’Etat et de tous les volontaires qui s’impliquent de près ou de loin pour que notre Peuple se réconcilie avec son Histoire. Je salue toutes les associations et organisations non gouvernementales qui se battent tous les jours pour la manifestation de la vérité et pour dépassionner le débat sur notre Histoire commune.
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Tout en saluant l’énorme travail abattu par la Commission, qu’on peut mesurer par le nombre de personnes interrogées, le nombre de documents étudiés et la dimension donnée aux enquêtes selon le discours du coprésident de la dite commission, c’est avec regret qu’on constate que ce rapport tant attendu est un condensé d’amalgames entre les principes de la République et les incantations religieuses , qui trouve son summum au septième point des recommandations.
Conscient de l’influence et de l’effet que pourrait avoir le résultat de tels travaux sur l’information, l’éducation politique et sociologique sur les nouvelles générations, il est important et même très important d’éviter toute sorte d’amalgame entre les événements et les dates, pour rester dans l’esprit de la réconciliation et de l’Unité Nationale. Il faut à tout prix éviter l’amalgame. On ne peut pas remplacer un fait historique par un autre.
En effet, au 7ème point des recommandations de la Commission Provisoire de la Réconciliation Nationale, il est dit que «la journée du 28 septembre soit institutionnalisée comme journée nationale de repentir, du pardon et de demande de grâce à Dieu pour le peuple de Guinée »
Il s’agit de quel « 28 SEPTEMBRE ?». Date du Referendum qui a conduit notre pays à l’indépendance nationale, ou le jour que l’opposition politique au CNDD, toute tendance confondue a tendu un piège macabre à Dadis ?
Pour le Peuple de Guinée il ne saurait y avoir de « 28 SEPTEMBRE » que le jour du referendum qui l’a conduit à l’Indépendance. C’est la date que tous les livres d’histoire retiennent et c’est la seule date de référence des « Indépendances Africaines » ; c’est l’unique date qui a fait entrée la Guinée dans l’Histoire Politique de l’Humanité et la seule date au monde que toute la diaspora noire de tous les continents reconnait et célèbre. Le 28 Septembre 1958, est une date historique qui n’a rien avoir avec les crimes ignobles perpétrés après l’indépendance et surtout rien avoir avec celui de 2009 jour où le piège des politiciens s’est refermé sur le CNDD. N’altérons pas notre Histoire par l’amalgame.
Ici le Peuple se rendait aux urnes dans la paix, dans la joie et dans la ferveur et n’a perdu ce jour aucune goute de sang. Personne n’a tiré sur la foule le 28 SEPTEMBRE 1958.
Par contre le 28 Septembre 2009, une classe politique assoiffée de pouvoir et désarmée devant les militaires, a manipulé ses propres militants pour les faire tirer dessus par Tumba et ses hommes. (C’est pourquoi Tumba court toujours et aucun de ses compagnons n’a jamais été inquiété par la Justice). On ne peut pas confondre de façon aussi simple, un referendum historique à un acte criminel contre l’humanité, par des incantations bibliques et coraniques. En dehors de cette parenthèse, cette recommandation vise deux objectifs majeurs inacceptables :
a) Politique : effacer la Mémoire de notre Peuple, pour définitivement enterrer le Président Ahmed Sekou Toure dont la figure emblématique est indissociable du Referendum du 28 Septembre 1958, pour satisfaire des éternelles irréductibles victimes devant l’Histoire ;
b) Judiciaire : l’abandon des enquêtes judiciaires contre les commanditaires des massacres du 28 Septembre 2009, dont la suite pourrait être compromettante pour la classe politique.
Le « 28 SEPTEMBRE 2009 » est un processus judicaire en cours, un dossier ouvert. Il ne peut donc pas être célébré d’aucune manière en état, tant que ce processus est en cours.
Le 28 SEPTEMBRE 1958 est une date sacrée pour notre Peuple et doit être commémoré comme il se doit, dans l’esprit dont il est né : DIGNITE ET UNITE NATIONALE, il ne saurait être confondu à un autre 28 Septembre teinté de sang et d’hypocrisie politique.
Ceux qui ont passé toute leur vie à vouloir effacer la mémoire de notre Peuple et à falsifier notre Histoire, sont cela qui ont choisi la date du 28 Septembre 2009 pour tendre un piège à Dadis ; qu’ils assument les conséquences, mais qu’ils ne touchent pas à Notre Histoire.
La réconciliation concerne des crimes commis après l’Indépendance, donc après le 28 Septembre 1958. Ne ternissons pas cette date, symbole de LIBERTE. Elle est l’aboutissement d’une très longue lutte commencée par les résistants à la pénétration coloniale : Almamy Samory Toure, Latte Dior, Bocar Biro, Zébéla Togba, Dina salifou et des temps modernes par des intellectuels, poètes, écrivains, politiciens sur tous les continents et mouvements pour l’émancipation des noirs. …Combien sont-ils morts ou prit le chemin de l’exile pour cette LIBERTE, des Caraïbes en Afrique en passant par les Amériques continentales ? Pourrons-nous nous souvenir de tous ces grands hommes qui ont emboité le pas ou lutté concomitamment avec la classe politique guinéenne de l’époque ? Ouézzin Coulibaly, Bakary Djibo, Felix Roland Moumié, Victor Biaka, Modibo Keita, Réné Soukana, Um Yobe, Patrice Emerit Lumuba…Combien d’anonymes bastonnés, emprisonnés, tués parce qu’ils menaient campagne pour notre Indépendance ? Ces commerçants, acheteurs de produits qui dissimulaient au risque de leur vie, les cartes électorales dans des sacs de café, de cacao et palmistes pour aller sensibiliser les paysans en brousse ? Tous ceux qui ont dépensé leur temps, leur argent et leur corps sans jamais rien demander à l’Etat ni avant ni après l’indépendance, avec l’espoir de voir leurs enfants, vivre libres et indépendants.
Voulez-vous souiller leur Mémoire par un fait divers sanglant, planifié et murit par des politiciens en quête de Pouvoir et dont les enquêtes judicaires sont en cours ?
EVITEZ L’AMALGAME.
Le 28 SEPTEMBRE 1958 est une personnalité sacrée avec plusieurs Visages, un Corps, une Ame et un Acte de naissance en bonne et due forme.
Les visages de Sékou Touré, de Diallo Saifoulaye et du General de Gaule auxquels s’ajoutent d’autres non moins illustres, dans une symbiose que seule l’Histoire sait conférer aux événements et aux grands hommes; des visages coulés dans un antagonisme si solennel, que même les plumes les plus douées bégayent en décrivant le moment, l’instant où Sekou Toure sorti son discours et se tint devant le micro et …
« Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage », en ce jour du 25 Août 1958, en communion avec tout un Peuple qui réclamait sa Dignité à travers des chants populaires et des pas de dance, pacifiquement mais fermement ; le corps en mouvement avait retrouvé son Ame, L’UNITE NATIONALE !
Il venait de signer l’ACTE DE NAISSANCE du Referendum du 28 Septembre 1958, délivré plus tard par le General de Gaule dans un discours gravé dans les annales de l’Histoire.
Les dignes représentants du Peuple en lutte étaient assis couvert d’émotion, l’air grave, absorbant chaque instant de l’Histoire qu’ils étaient entrain d’écrire, alors que l’Afrique retenait son souffle. Ils s’appelaient: Barry Diawando, Barry3, Keita Fodeba, Mamady Sano, Felix Gna Matos, Damantang Camara, Madeira Keita, Louis Lansana Beavogui, Morlaye Soumah, Mafory Bangoura parmi tant d’autres, soutenus par une caste de volontaires syndicalistes déterminés, animateurs des sections PDG et courants indépendantistes des partis politiques frères, anonymes paysans, commerçants, ouvriers, ménagères, enseignants, des meneurs d’hommes qu’on appellera plus tard « COMPANONS DE L’INDEPENDANCE ».
Et combien sont d’entre eux sont morts avant cette date fatidique du 2 Octobre 1958?
Ce sont ces noms et ses grands hommes que voulez confondre aux histoires des assassins qui ont planifié les massacres de 2009, alors que Tumba défie toutes les occasions de se taire ? Voulez-vous museler la Justice et enterrer définitivement le processus judicaire ?
Pour une réconciliation nationale évitez l’amalgame.
Le 28 SEPTEMBRE 1958 est plus qu’une date, c’est l’aboutissement d’un processus de près d’un siècle de lutte de notre Peuple, pour la défense de ses Droits Humains. C’est un patrimoine historique dont les effets dépassent largement nos frontières et ne saurait être comparé ou confondu à aucun autre « 28 Septembre ». Son contexte et son contenu sont inaliénables et gravés en lettre d’or dans du marbre.
C’est est une JOURNÉE REPUPLICAINE qui ne se fête ni dans les Mosquées ni dans les Eglises, mais sur des places publiques ; la Guinée est une République laïque.
Nous célébrerons la « Réconciliation Nationale », le jour où les fils et petits fils des anciens bourreaux accepteront de diner ensemble à la table de l’avenir et du Développement durable. Le jour où l’on donnera de l’espoir à notre jeunesse pour un lendemain meilleur.
Evitez l’amalgame, cherchez-vous une autre date.
Ne touchez pas à mon Histoire !
Ben Daouda Toure