On reste focus sur Brutus Doumbouya, qui a manqué à sa parole en candidatant à la farce présidentielle du 28 décembre 2025.
Aux lendemains de son coup perfide qui avait déboulonné Néron Condé, le chauffard du tacot à trois roues et demi du palais Gokhi Fokhè, Brutus Doumbouya avait juré la main sur le palpitant que ni lui ni aucun de ses comparses ne s’enivrera au champagne présidentiel.
Après plus de quatre ans au pouvoir, Brutus se dédit non pas sans appréhension.
Pour déposer sa candidature de façade à la cour suprême, le colosse aux pieds d’argile s’est entouré d’une nuée de gardes du corps et d’une horde de bérets rouges armés jusqu’aux dents comme s’ils allaient en guerre.
Tous les leaders de l’opposition, hérissés d’une assise nationale, d’une promesse de vote des diaspourris, diasripoux et diaspos aux dents longues, qui, seuls capables de remettre le Parrain aux deux palais à sa place, sont purement et simplement mis à l’écart de la compétition.
Hey ko ann Mbaring ! En Afrique, on prend le pouvoir, on ne le rend pas. Brutus Doumbouya le confisque. Et de ce fait, le 28 décembre 2025, il sera tout simplement question, pour lui, de jeter du sable dans les yeux de la communauté internationale en entourant cette confiscation du pouvoir d’un halo de légalité, de légitimité.
Pour ce faire, Le Parrain aux deux palais avait bien besoin d’un fidèle serviteur, genre pantin, genre obséquieux à la primature. Et le 27 février 2024, c’est le nom de Bah Guérémassoye qui est sorti de la boîte de pandore : « Je mettrai tout en œuvre pour préserver l’intérêt supérieur du CNRD, de son président et du peuple de Guinée. Je ferai montre de dévouement inconditionnel dans l’exercice de mes fonctions et prérogatives. »
A la niche, mon toutou ! à la niche !… Aucun enjôleur dans le bled ne pouvait phosphorer, rupiner aisément tel mieux que Bah Guérémassoye pour montrer sa disponibilité à affermir l’autorité militaire au pouvoir dans l’asservissement et l’obséquiosité des populations. Il est arrivé à capter l’œil de l’hégémon qui lui reconnaît sa grande virtuosité dans la politicaillerie et à se faire copter comme son directeur de campagne. Maintenant, lui seul a le droit de passer sous les feux de la rampe pour politicailler et maquignonner par une légitimation de façade cette appropriation du pouvoir par l’hégémon.
Bah Guérémassoye est un homme jaloux, il ne peut pas souffrir d’impertinents flatteurs lui voler la vedette, même s’ils sont du même côté de la barricade. Didon ! c’est lui qui a été sacré directeur de campagne alors c’est à lui de faire le job pour qu’à la fin des fins il continue à garder le poste de premier ministre. C’est en quelque sorte du « passez-moi la rhubarbe et je vous passerai le séné. »
Sur ce, Bah Guérémassoye est prêt à se saigner aux quatre veines, à exercer tout son « art consommé de la dissimulation et du mensonge » pour embéguiner la canaille, les aigrefins, les margoulins, les fripons, les brigandeaux, les bondieusards improbes et tous les perfides ostrogoths dans le bled, qui tournent comme une girouette, à entrer dans la danse.
Faisant de la réclame pour Brutus, Bah Guérémassoye le fait passer pour un thaumaturge qui va développer le bled dans les prochaines années et il fait du fla-fla sur l’exploitation du gisement de fer de Simandou en Guinée Forestière. A l’en croire, dans les toutes prochaines années, la Guinée-Conakry deviendra un endroit paradisiaque !… Le propagandiste de la primature le jure la main gauche sur le crâne. C’est de la poudre de perlimpinpin. En effet, les Guinéens ne verront pas la couleur de l’argent qui sera tiré de l’exploitation de Simandou. Ça va être exactement comme l’exploitation de la bauxite qu’on voit chaque jour que Dieu fait quitter le port de Cona-cris en tonne incalculable à destination de la Chine et de la Russie ; et « En attendant Godot » les populaces se laissent emberlificoter par des promesses politiques et continuent à s’empiffrer de fatalisme religieux au nom de la paix sociale et de la concorde nationale.
La Guinée a été dès longtemps deuxième producteur mondial de la bauxite. Et depuis le 28 septembre 1958 jusques aujourd’hui, la Guinée-Conakry se clochardise en dépit de l’exploitation à outrance de ses ressources minières. Dans cette exploitation nébuleuse de la bauxite du pays, c’est les gouvernants qui ont toujours tiré les marrons du feu.
Comme dans un tour de magie, les prestidigitateurs, qui environnent l’exploitation du gisement de fer de Simandou, font encore miroiter aux Guinéens un développement beaucoup plus mirobolant. En dehors de tout regard critique !… La junte tient la presse privée indépendante au respect.
Après avoir fermé des radios privées jugées trop critiques, le pouvoir militaire, au mépris de toute justice, n’hésite pas à décréter tout journaliste récalcitrant de prise de corps en arguant la paix sociale. Beaucoup de journalistes craignent à ce moment-là pour leur sécurité, et ils réfléchissent à deux fois avant de critiquer tout ce qui est critiquable dans le pays. L’hégémon ne tolère pas les opinions diverses, la critique sur son pouvoir. Tolérance zéro. Les journalistes critiques et fouineurs sont kidnappés ; et on est sans nouvelle de Habib Marouane Camara enlevé depuis le 03 décembre 2024 à Cona-crimes par des agents encagoulés.
Ce qui contriste dans tout cela, c’est l’attitude de Bah Guérémassoye qui, aujourd’hui, nourrit des préventions contre la presse privée indépendante. Il n’a cesse de lui planter des banderilles et de la rendre responsable de sa mauvaise passe. Le plus cocasse c’est qu’il se pique, maintenant qu’il est du côté du manche, de la décrasser, de dégrossir les réfractaires dans la profession. Alors on le voit donner vertement des leçons de déontologie qu’il accote sur un changement qui serait entrain de s’opérer dans le bled ; et que par conséquent ça appelle un changement des journalistes qui auraient obligation de s’adapter à la nouvelle donne. Comprenez bien que quand le politicard parle d’adaptation c’est demander à la presse d’arrêter de lever le lièvre et de chanter pouilles aux fonctionnaires et gouvernants véreux. Au nom de la paix social, la presse doit arrêter de fourrer son nez partout avec l’avènement de ce pouvoir thaumaturge !
C’est au tour d’une grosse magouille emperlée de mensonge que le commandement aulique, dans la découverte des 8 millions de dollars retrouvés chez le général Cassius Camara, ministre secrétaire général de la présidence, a fait fissa d’étouffer l’affaire.
Malgré toutes les machinations et toues les intimidations proférées pour étouffer dans l’œuf ce scandale, il s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. On ne sait par quel bavardage de salon ou par quelle fanfaronnade entre amis, par quel racontar tombé sourdement dans l’oreille des murs et épilogué dans les cafés de commerce de Cona-cris jusqu’à retenir l’attention de la presse et devenir par conséquent le sujet de conversation de tout le monde ?
Devant tout le monde, on joue le chevalier blanc, on se fait passer pour un probe combattant contre la corruption, la magouille, le traficotage ; et en sous-main on planque des millions en devises. Mais, en gros et grand, habillé avec faste, on balance : circulez y’a rien à voir !…
En effet pour les artisans de la perpétuation de Brutus Doumbouya au pouvoir, les choses changent à franc étrier dans le bled. Ils vantent l’échangeur à Bambeto dans Cona-cris, inauguré avec pompe la semaine dernière, comme indicateur de ce changement. Au point que le général Sékouba Konaté, en exil et alors décavé, compare dans ses délires Cona-cris, la souillon, à « petit Paris ».
Mais sous les yeux des improbateurs, ce qui reste infrangible, immuable, invariable depuis le 1er octobre 1958, c’est les montagnes d’immondices, c’est les mauvaises odeurs à cause de la saleté, c’est la pauvreté, c’est la décrépitude des populations, c’est la clochardisation des plus pauvres, c’est le manque de routes carrossables, c’est le manque d’eau potable, c’est le manque d’électricité, c’est l’absence de canalisation pour les eaux usées, c’est la gabegie, c’est la concussion, c’est la corruption, c’est les détournements de deniers publics, c’est les extorsions de fonds, c’est les rackets, c’est l’insécurité, c’est les assassinats des adversaires politiques, c’est la disparition et la liquidation des personnes gênantes, c’est les abus de pouvoir.
C’est tout ça et l’on ne va pas se défiler face à cette réalité immuable du pays.
Le mercredi 10 novembre 2025, le Pr Hassane Bah, chef de service de médecine légale à Ignace Deen et président du Conseil de l’ordre des médecins de Guinée, lance ce cri d’alarme sur le manque criard de moyens dans les hôpitaux guinéens :
« On meurt en Guinée de morts évitables, tout simplement parce que nos hôpitaux sont sous-équipés. Vous arrivez avec un malade qui est dans le coma en salle de réanimation, il faut que lui-même paie l’oxygène. S’il n’y a pas d’oxygène, il meurt. Ce qui explique un taux de mortalité élevé dans les hôpitaux. »
Allah Akbar !
Pendant que les hôpitaux se meurent, Brutus Doumbouya distribue des 4X4 à des personnes fourbes pour qu’elles chantent son nom, entonnent ses louanges. Il engouffre des millions de dollars pour la rénovation de la « Villa Sily » en souvenir de Sékou Touré et de sa révolution loufoque, responsable de la mort de plus 50.000 Guinéens. Ce qui interroge c’est la provenance de cet argent. Quelle est la source de la puissance financière de Brutus Doumbouya qui n’a jamais voulu faire une déclaration de ses biens financiers et immobiliers ? Du reste, personne dans son gouvernement n’a fait une déclaration de sa situation patrimoniale. Ça laisse ainsi la porte ouverte aux gouvernants de s’en mettre plein les fouilles pour ne pas qu’on les considère comme des maudits !
Facinet Sylla, ministre du budget, ne se défile pas : « Nous parlons beaucoup de simandou 2040. Le monde entier nous regarde. Tout le monde dit que ça bouge en Guinée, mais si vous venez dans nos hôpitaux, à Ignace Deen et vous trouvez la situation qui est décrite ici, vous allez dire qu’il y a supercherie, de quelle Guinée on nous parle ? »
Et Dansa Kourouma, qui pilote le Conseil national de la transition, admet le diagnostique fait à « l’hôpital Ignace Deen où on note une absence totale de scanner, des installations d’animation défaillantes, une morgue non équipée. »
Il faut tout simplement prier de ne jamais tomber malade en Guinée-Conakry. Sinon… c’est la « mort évitable » assurée pour ceux et celles qui n’auront pas la possibilité financière d’avoir une évacuation sanitaire en Tunisie, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en France.
Et ce n’est pas seulement dans les hôpitaux guinéens où l’on s’avise qu’il y a supercherie.
Même un Dansa Kourouma admet qu’aujourd’hui, en Guinée-Conakry, des « écoles demeurent dans un état de vétusté et, au pire, des enfants étudient encore sous des hangars qui servent de salles de classes. »
Hé Wotan ! Aliou Bah, le président du MoDeL (Mouvement Démocratique Libéral) ne disait pas autre chose que cela. Dans ses interventions, il mettait au jour cette supercherie ; et c’est tout son crime devant la justice aux ordres qui l’a condamné à une peine de prison ferme de deux ans.
Face à cette dictature, les partisans de Aliou Bah ont baissé l’échine, ne se risquant pas à descendre dans la rue pour réclamer sa libération.
Et la France de Emmanuel Macron et l’Union européenne et les Etats-Unis de Donald Trump détournent les yeux sur cette dérive autoritaire de Brutus Doumbouya qui s’est taillé une constitution sur mesure en vue de la légitimation de sa confiscation du pouvoir ad vitam aeternam.
Ainsi le 28 décembre prochain est la date de confirmation de cette confiscation du trône ; et personne dans l’entour de Brutus n’essaie de lui mettre du plomb dans la tête. Tous ceux qui gravitent autour de lui l’encouragent plutôt à y aller.
Des politicards de l’UFDG, de l’UFR, du RPG et de l’UFC de l’inconstant Aboubacar Sylla qui passaient pour des exemples de probité et d’intégrité ont changé de camp par intérêt. Ils se détestaient les uns les autres. Aujourd’hui, ils sont du même côté de la barricade ; et aux mépris des idéaux des droits de l’homme et de la démocratie, ils se mobilisent en battant campagne pour la confiscation du pouvoir par Brutus Doumbouya.
C’est renversant ! C’est folklorique ! A la limite c’est désopilant de voir sur scène un Bah Guérémassoye se payer de mots en illusionnant que « la Guinée a brisé le plafond de verre » avec ce démarrage en pompe de l’exploitation des minerais de fer de Simandou. Dans son instinct de survie politique, il dit ça pour se garantir la place à la primature. C’est minable.
Bah Guérémassoye dit que le « candidat Mamadi Doumbouya a besoin de concurrents qui soient dynamiques, percutants, pour nous pousser nous aussi à être davantage percutants afin d’obtenir un niveau de résultats supérieur. C’est ça le progrès. »
Mais de qui se moque Bah Guérémassoye ?
Mborré ! Il se gausse de ta naïveté. Il te prend pour une bébête, une andouille.
Vous avez vraiment besoin de concurrents dynamiques, percutants ?
Sortez Aliou Bah de prison, et admettez qu’il candidate à la farce présidentielle du 28 décembre 2025.
En une semaine de campagne, Aliou Bah serait capable de renverser la vapeur et de coiffer au poteau Brutus Doumbouya.
Sortez Aliou Bah de prison si vous êtes garçon !… L’on ne parle même pas des cas de La Petite Cellule Diallo de l’UFDG ou du Sid de l’UFR dans une compétition électorale face à un Brutus Doumbouya.
Doncou ! les moqueries politiques c’est bon de les faire en off, loin des oreilles indiscrètes.
L’appropriation du pouvoir par Brutus n’augure pas des lendemains meilleurs pour la Guinée et pour les Guinéens.
Il faut faire montre de patriotisme et boycotter la farce électorale du 28 décembre 2025. Ce serait la seule façon de montrer son attachement aux respects des droits de l’homme et de la démocratie dans le pays. Ce serait la seule manière de prouver à cette junte au pouvoir que la première ressource de la Guinée, c’est avant tout l’homme, l’être humain.
Suivant les mots de Spinoza « A l’homme, rien de plus utile que l’homme. »
On ne doit pas participer à une élection présidentielle spécieuse pendant que Aliou Bah croupit par abus de pouvoir en prison, et que Foniké Menguè, Billo Bah et Marouane Camara sont gardés dans des lieux secrets par leurs kidnappeurs.
Il faut boycotter cette confiscation du pouvoir par Brutus au nom de la liberté de la presse. « La liberté de la presse consolide les libertés légitimes ; et si elle ruine les réputations usurpés, où donc est le mal ? » s’interroge Talleyrand.
La place de Marouane n’est donc pas en prison. Sa place, c’est dans une radio, derrière un micro.
Boycottez le 28 décembre 2025 si vous aimez la Guinée ! Ne faites pas des hosannas et ne participez pas à des tartufferies d’imams dans des mosquées à faire des bénédictions pour Brutus Doumbouya qui a fait massacrer des centaines de jeunes guinéens sur l’axe à Cona-crimes et a marché sur des cadavres pour s’emparer du pouvoir. Ce n’est écrit nulle part dans le Saint Coran qu’il faut plier l’échine devant un tyran. L’exemple du Pharaon d’Egypte face à Moïse est un exemple édifiant. Boycotter ces bénédictions dans ces mosquées ou plutôt marmonnez pendant ce temps là des bénédictions pour le repos de l’âme des victimes des régimes de Sékou Touré, du Général Lansana Conté, du capitaine Moussa Dadis Camara, du général Sékouba Konaté, de Néron Condé et de Brutus Doumbouya. Parce que Dieu, seul, connaît le contenu des cœurs. Aucun imam ne saura ce que vous aurez marmonné entre vos dents.
Deux enfants, âgés de 14 et 16 ans, un neveu et un frère du musicien Elie Kamano, qui est en bisbille avec le pouvoir de Brutus Doumbouya, ont été enlevés, le 16 novembre dernier, à son domicile, à une heure indue, par des hommes cagoulés. Elie Kamano accuse Brutus Doumbouya d’être le commanditaire de l’enlèvement des membres de sa famille et exige leur libération.
Dites à Brutus de faire libérer les membres de famille de Elie Kamano !… La justice médiévale est révolue. Les enfants ne sont pas responsables de ce que le pouvoir militaire reprocherait à Elie Kamano.
Pour protester justement contre l’insécurité galopante et les kidnappings des enfants dans le pays, boycottez cette élection présidentielle captieuse.
Dans la Guinée de Brutus Doumbouya, les enfants sont ballotés entre les kidnappings et les balles assassines des forces de sécurités.
Le mardi 11 novembre 2025, aux environs de quatorze heures, les forces de l’ordre tirent à balles réelles sur des manifestants. Alpha Ousmane Diallo, un garçon de 11 ans, qui revenait alors de l’école coranique, est atteint d’une balle tirée par les forces de l’ordre. Il s’écroule et meurt sur place. « Nous demandons justice pour notre fils. Ceux qui sont censés assurer notre sécurité ne peuvent pas ôter la vie à des enfants innocents. Il faut que cela s’arrête », lance la mère éplorée à l’adresse de la junte au pouvoir.
Il faut vraiment avoir un cœur de bronze pour détourner les yeux sur le sort des enfants dans le pays.
Boycottez yooooo ! Boycottez !…
Il ne faut pas se fouler à voter parce que ce scrutin n’est pas inclusif, sincère, démocratique. Brutus Doumbouya est le triomphateur de cette bataille sans combat. Suivant le mot de Michel Beaulieu « Nul combat ne vaut l’effort si la victoire n’est acquise à l’avance. »
D’ailleurs ce qui préoccupe depuis ce matin du dimanche 23 novembre c’est la détresse et la hantise des populations de Matoto (Cona-cris) où le pouvoir est en train de casser des maisons…
Benn Pepito
