Lorsque l’on observe le paysage politique guinéen de manière simpliste, nous pourrons dire de manière hâtive que le rêve d’une alternative générationnelle est permis en Guinée, du moment où de nos jours la quasi-totalité de la jeunesse guinéenne pense que seul la politique constitue la clé de la réussite et chacun s’y mette sans pour autant être conscient des responsabilités politiques que l’on doit avoir.
Tantôt activistes, tantôt communicateurs de partis politiques, tantôt syndicalistes bref tout le monde aspire aujourd’hui à faire de la politique dans mon pays la Guinée. Et pourtant la jeunesse politique guinéenne à l’image de leurs dirigeants politiques pèche le plus souvent dans leurs discours, un discours violent fait dans l’invective que dans l’argumentaire et le raisonnement. Beaucoup d’entre eux pensent que jeunesse politique doit rimer avec insolence, insanité, ethnocentrisme, démagogie, oisiveté. Ce pendant le discours politique des jeunes ne doit pas être de caniveau, de va-t-en-guerre, de rivalité politique.
A mon avis un discours politique doit être celui de la construction, de rappel de ce qui nous lie et des engagements que nous prenons vis-à-vis des populations que nous sommes censés défendre; un discours articulé autour de valeurs et principes, dans une approche bien guinéenne, c’est-à-dire imbu de nos valeurs qui vont de pair avec notre éducation familiale.
En effet cette situation alarmante devrait être les soucis majeurs de toutes les formations et acteurs politiques guinéens soucieux d’avoir une relève digne d’une société épanouie et démocratique. Car la jeunesse politique guinéenne est le plus souvent la proie facile des hommes politiques, qui les utilisent comme leurs boucliers pendant les campagnes électorales, ou tout simplement comme des «caisses de résonance» pour répondre ou s’attaquer à des adversaires politiques. Mais relever ce défi s’avère être pour ces formations politiques peu important, qui d’ailleurs n’ont aucune structure ou un centre de formation voué à la formation des jeunes au leadership, en terme de responsabilisation, en terme de mécanismes de préparation au leadership. C’est comme s’ils étaient foncièrement contre l’alternative générationnelle.
Tantôt réclamée, tantôt proclamée par les jeunes générations d’hommes et de femmes en Guinée, l’alternative générationnelle aura du mal à prospérer dans une telle situation. Et l’espoir d’une alternative générationnelle n’est possible que lorsqu’il y’a une alternance mentale afin d’empêcher la nouvelle génération de reproduire les mauvaises pratiques de leurs prédécesseurs. Et à quoi sert une alternative générationnelle si le même mode de gestion et de fonctionnement est reproduit avec les mêmes erreurs. Elle n’aura à mon avis aucun sens, elle ne sera juste qu’un slogan. Ce qui est encore plus alarmant c’est le soutien d’une partie de la jeunesse politique issue de la diaspora à un tel système juste pour avoir de la place sous le soleil, au lieu de travailler pour empêcher la reproduction des systèmes politiques et les tars qui jusque là freine le développement socio-économique de notre pays. Avec cette attitude la diaspora est aussi comptable du passif politique au même titre que les anciens et actuels tenants du pouvoir.
Pour finir vouloir une alternative générationnelle sans alternance mentale, c’est vouloir une chose et son contraire. Donc jeunesse politique guinéenne il est temps d’apprendre à réadapter votre discours pour qu’enfin le peuple de Guinée puisse jouir pleinement et équitablement des ressources de ce pays.
Bon week-end
Aissatou Cherif Baldé, Politologue
Hambourg
Alternance mentale! LOL. Un slogan noyé dans des platitudes et des affirmations gratuites.. Peut-être pour faire oublier les valeurs intemporelles de la justice pour tous comme seul moyen de gercer les conflits inhérents a toute société.
On a vu quelque chose de similaire.. l’HOMME NOUVEAU.
K. Ba