« Quand l’imposture règne la simple vérité est séditieuse »
Je ne dirai jamais assez que tout le drame que connaît la Guinée depuis 1958 vient de la mal-gouvernance qui y sévit depuis l’indépendance ! Depuis cette époque le pays a pratiquement toujours été dans une situation de « ni guerre, ni paix».Il n’a connu que division, injustices, violences, misère !
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Aujourd’hui, à mon avis la Guinée est dans un tel imbroglio politique et social, que seule une Conférence Nationale nous permettrait d’y voir un peu plus clair.
Mais avant de lancer ce Débat je souhaite ardemment que les compatriotes m’aident à répondre à une question qui hante mon esprit depuis plus de vingt ans :
Pourquoi la classe politique en particulier le Pouvoir exécutif ne veut pas d’une conférence nationale ?
Je me demande quels sont les inconvénients ou les risques pour le pays d’un tel Débat, d’autant plus : que le pays a connu deux coups d’Etat militaires, suivis de deux élections présidentielles multipartites qui n’ont rien changé à la condition de misère des populations ! Et comme l’a si bien écrit le Pr A.I.S.
« Dans la situation actuelle de la Guinée aucun redressement n’est possible si les populations elles- mêmes ne se sentent pas impliquées; c’est – à -dire motivées, concernées, associées comme parties prenantes aux réflexions et aux débats qui engagent leur vie quotidienne e l’avenir de leur pays et de leurs enfants…. »
Je voudrais préciser que ce concept de conférence nationale peut être remplacé par des termes comme Débat National, Dialogue National Forum National, Colloque National, Congrès National Concertations Nationales, Assises Nationales.
Peu importe les termes que l’on choisira, le plus important étant l’esprit. Cet esprit ne peut et ne doit pas être celui de règlement de comptes et de revanche; le seul et ultime but visé est et demeure la reconstitution d’un lien qui a été rompu dans notre société pour une saine et sincère Réconciliation nationale.
Je sais que le terme de conférence nationale fait peur à beaucoup de personnes! Mais dans le cas de notre pays elle doit être un Dialogue National qui n’exclut aucune composante de notre pays, afin que nous nous expliquions, pour nous comprendre et nous Pardonner après avoir établi la Vérité et la Justice. C’est pour cette raison qu’il m’arrive souvent de mettre Assises Nationales ou Débat National ou Dialogue à la place de conférence nationale.
Dans une de ses interviews le 30 juin 2013 feu JM Doré disait :
« Alpha Condé a dit qu’il a trouvé un pays, mais pas un État. Aujourd’hui, il n’y a ni pays, ni État »
Cette formule, résume la situation exacte de la Guinée actuelle ou les institutions sont bloquées. Mr Sidibé Moise dans son article du 30 Avril 2016 de guinéenews intitulé :
Les pannes institutionnelles dans la grande pétaudière a écrit : Je cite
« L’incivisme a atteint un seuil inégalé en Guinée. Les prochaines générations naissent et grandissent dans une atmosphère méphitique et délétère. La responsabilité est partagée entre ceux qui veulent à tout prix garder le Pouvoir et ceux qui veulent à tout prix le prendre. Il ressort de ce tiraillement une mauvaise leçon : Plus ceux du Pouvoir veulent se sucrer, plus les autres voudronty parvenir par tous les moyens. Le peuple laissé pour compte et instrumentalisé réagit. L’unité et la quiétude sociale ne tiennent qu’à un fil …. L’hydre de l’anarchie commence à se développer dans le landerneau. Dans ces conditions, il ne sert à rien d’imposer les dirigeants auxquels les populations n’obéiront pas de plein gré, et en cas de forcing, l’insurrection est leur recours »
En effet l’immense majorité des guinéennes et guinéens sont désormais d’accord que notre pays vit dans une situation de blocage politique et socio-économique. Et personne ne peut sérieusement prétendre qu’une sortie de crise sera possible par des élections. En effet aucune transparente, apaisée, équitable, acceptée de tous ne pourra se faire dans ce système opaque!
Aujourd’hui l’Etat reste introuvable et le pays est éclaté en communautés rivales, en clans d’intérêts. La contestation est générale dans le pays. Pendant ce temps les populations sont abandonnées à leur tragique sort de pauvreté et de misère. La confusion est totale ; un véritable scénario de catastrophe se profile à l’horizon et le coup KO électoral est en train de se transformer en peu de temps en chaos social.
La pagaille atteint tous les domaines de la vie publique ; même la Fédération guinéenne de football est en grande crise à telle enseigne que : la FIFA a décidé de nommer un « comité de normalisation » qui va gérer les affaires courantes de la Feguifoot !
C’est devant une telle crise quasi insurmontable, qu’une Conférence Nationale est incontournable pour notre pays. Cela sera l’objet de futures publications. Et un compatriote a parfaitement résumé cette idée, dans ces phrases ci-après !
« Il n’y qu’une seule solution : le débat national, public et contradictoire organisé courageusement par nous et dirigé par nous, peut-être avec l’aide réduite de ceux qui ont pu résoudre de tels conflits. Nous avons perdu du temps et il y a eu, entre temps, accumulation de contentieux essentiellement politiques. Mais ce qui est grave, c’est que des acteurs et témoins essentiels de ces contentieux disparaissent petit à petit. Or, seul le débat national contradictoire amènera définitivement la paix en Guinée. Que ceux qui prétendent aimer la Guinée l’aident à se sortir de ses contentieux devenus de véritables facteurs de notre non-développement ; qu’ils contribuent donc financièrement à l’organisation de tels débats et cessent de nous abreuver de rencontres, de rapports qui ne profitent qu’à très peu de personnes, presque les mêmes, la multiplication des résultats n’étant même pas assurée. Nous avons besoin d’un débat de fond, civilisé et productif, organisé et dirigé par des Guinéens en tentant d’éviter autant que possible toute ingérence étrangère qui ne fera que compliquer la situation »
Vive la Paix
Vive la Guinée
Dr. B. Diakité