Y’a-t-il eu un projet gouvernemental dit « Mandendjalon » destiné à « émanciper les Roundés » au Fouta pour destabiliser le fièf de son principal opposant Cellou Dalein Diallo ? Mohamed Lamine Kaba, président de la Force des intègres pour la démocratie et de la liberté(FIDEL), ancien proche du président Alpha Condé revient sur ce plan qualifié par ses adversaires de « machiavélique » du regime d’Alpha Condé. Des révélation sur la faillite de la Badam, l’existence d’une les milices du RPG….ont été également au menu de l’entretien que M. Kaba a accordé ce mercredi à notre confrère l’Indépendant…Lisez plutôt!…
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Bonjour Monsieur Kaba. L’actualité est marquée par le discours prononcé le 28 mai dernier par le président de la république. A votre Avis, persévérer dans des discours à relent ethnique, est-il une bonne chose pour un président ?
Mohamed Lamine Kaba : Le discours diffamatoire, plein de haine qui a été tenu par le président de la République, le professeur Alpha Condé est aberrant et contraire au bon sens. Nous avons pensé que lorsqu’on est président de la République, le premier devoir c’est d’unifier, c’est de tenir un discours dans lequel le peuple se retrouve. C’est de tenir un discours national et non pas ethnique et non pas communautaire. Mais malheureusement, nous avons à faire à un président de la République qui ne s’est jamais amélioré parce que ce n’est pas la première fois, souvenez-vous que c’est le président Alpha que nous avons accusé d’avoir instrumentalisé, d’avoir si vous voulez institutionnalisé l’ethnocentrisme en Guinée. Il disait que je mettrais un Soussou à la Primature et qu’il mettra un Forestier à la tête de l’assemblée. Lui, supposé être malinké à l’exécutif. Ce qui insinue par-là qu’il donne l’opposition au peulh. Nous avons observé malheureusement encore lorsqu’il avait été à Kankan, il a dit que la Guinée appartient à trois communautés : La communauté malinké, la communauté forestière, et la communauté soussou. Ce qui suppose que les peulhs ne sont pas des Guinéens, et encore malheureusement quand le président a effectué une visite après le crash de l’avion militaire le chef d’état-major qui était décédé, il est venu dire que c’est un soussou qui était là. Donc c’est un soussou que je mettrais à sa place. On se souvient encore le problème des roundés. Un document satanique qui avait été élaboré par le RPG arc-en-ciel. J’ai la copie du document. C’est bien écrit la stratégie de conquête du Fouta par le RPG. Un document qui a coûté au contribuable guinéen malheureusement 3 milliards de nos francs. J’ai le document avec moi. Les noms de ceux qui ont élaboré le document, les bénéficiaires, leurs numéros de téléphones, leurs villages etc… ça ne se discute pas. C’était satanique, alors ce projet a fait qu’il ya eu un affrontement entre les Roundés et les Foulassos. Ce qui a fait qu’il ya eu beaucoup de villages qui ont été brulés. Malheureusement le président que nous avons élu, que nous avons imaginé capable d’apporter le changement, de poser des actes qui n’étaient pas posés ou de poser des actes qui étaient mal posés, le président Alpha est en train de faire pire que ses prédécesseurs.
Mais le discours d’Alpha qu’il a tenu à l’égard de ses propres géniteurs politiques, c’est-à-dire les malinkés est encore une fois choquant, tout comme nous l’avons dénoncé par le passé. C’est la même chose que nous continuons à dénoncer non !
Pas pour défendre l’ethnie à laquelle j’appartiens mais défendre une frange partie de la population. Ce que le président Alpha a fait est une déception totale. Mais moi personnellement, je ne suis pas surpris. Nous avons rencontré le président Alpha Condé. J’étais là parce que j’ai été un responsable de ce parti. J’ai été son directeur de campagne au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie, au Cap-Vert. J’ai financé avec mes propres moyens. J’étais étudiant déjà, je travaillais. J’ai implanté le parti dans les quatre pays, pas une section par pays hein ! En Mauritanie par exemple, vous avez Nouakchott, Nouadhibou. En Gambie, vous avez Serré Kounda, Latri Kounda et Banjul. Au Sénégal dans toutes ses préfectures. Partout j’ai implanté le RPG. Si vous voulez mon témoignage, c’est le député actuel de Kissidougou, Sinkoun Camara député uninominal qui était le coordinateur si vous voulez au Sénégal. Il sait, il peut témoigner sur tout ce que je viens de dire, si c’est vrai. Et voilà si nous avons abandonné le président Alpha. D’abord nous avions cru qu’il était capable et on a cru qu’il était capable de mettre fin à l’impunité.
Mais quand il est venu au pouvoir, les valeurs pour lesquelles on s’est battu sont foulées au sol. Les pratiques que nous avions combattues sont érigées en simple gouvernance. On ne retrouve pas où on est quitté. Le discours qu’il a tenu, nous sommes surpris quand on a été, il y a une coordination qu’on appelle la coordination de la section du RPG de l’étranger que le président a invité. J’étais à l’époque le chargé de communication et quand nous sommes venus, il dit mais vous là, vous venez comme ça gonflés. Vous croyez que c’est les Malinkés qui m’ont mis au pouvoir, ce n’est pas les malinkés qui m’ont mis au pouvoir, la preuve en est que je n’étais élu qu’au deuxième tour. Si c’était les Malinkés, on allait m’éliminer dès le premier tour. Quand il a dit ça, un de nous qui est le secrétaire politique du PRG en Allemagne, Mamadou Guéssou Condé, ce dernier a posé la question, en disant mais « Monsieur le président, que faites-vous alors des 20 ans de combat des Malinkés, 20 ans de bastonnade, 20 ans d’humiliation, 20 ans de tueries, 20 ans de mutations forcées, 20 ans d’injustice à l’égard de ceux-là. Que faites-vous de ceux-là monsieur le président, si vous avez été élus au deuxième tour, mais que faites-vous de l’effort que ceux-là ont consentis», a-t-il demandé.
Il n’a pas eu de réponse à cette question. Et là moi cela m’a permis de tirer des leçons. La première leçon, j’ai su que le président Alpha, l’homme pour qui on sait battu avec bec et ongle, pour qu’il soit au pouvoir ne peut promouvoir désormais qu’une politique communautariste. C’était en 2011, deux ans ou trois ans au début de l’année. J’ai tiré une deuxième leçon comme quoi le président Alpha à une ingratitude agressive et malheureusement c’est ce que nous sommes en train de constater aujourd’hui.
Mais je n’ai pas voulu en parler à cette époque, vous savez pourquoi ? Parce que la perception politique, c’est la perception, voir ce que pensent les autres. Vouloir tenir ce discours-là, les gens allaient me classer. J’allais être classé comme un communautariste. C’est pourquoi j’ai parlé. Mais comme Alpha a fait montre des mêmes pratiques, pour dire aux gens que ce n’est pas une erreur commise, ça vient du fond du cœur. Ce qu’il a toujours été et là, c’est dommage. Voilà son discours, le plus choquant, c’est quand il dit que « Les malinkés m’ont poussé à faire le sacrifice humain», il est allé jusqu’à dire le nom du premier coordinateur de l’Union Mandingue qui est décédé, feu Moriba Magassouba, un vieux sage. Il a attribué tout ça à celui-là pour prouver que les Malinkés sont des criminels. Alors que par le passé, le RPG avait mis en place ce qu’on appelle la milice. Une forte milice était dans toutes les préfectures. Ces milices-là malmenaient les gens du PUP surtout à Kouroussa, parce que celui de Kouroussa était le plus dynamique. Chaque soir, il était dit qu’il faut frapper les responsables de PUP. Ils le faisaient, ils les malmenaient tout le temps. Mais quand ça eu une grande répercussion dans cette préfecture, c’est le commissaire Djoumessi qui a mis fin à ça. Parce que les rumeurs ont couru comme quoi c’est le commissaire Djoumessi qui est en train de malmener les gens à Kouroussa. Finalement quand la maman de celui-ci a su cela, elle a appelé Monsieur Djoumessi qui est ancien commissaire de police, membre fondateur du RPG, il est allé dire non, il a même mené des investigations. Il a trouvé que oui ce qui se passe n’est pas normal, il les a mis en garde de ne plus refaire ça. Sinon, il va les dévoiler.
Donc c’est lui qui a mis fin à ça, et depuis lors cela s’est arrêté. Mais ça été implanté partout.
Lors d’une intervention dans une radio privée de la place, vous avez parlé du livre que le professeur Alpha Condé avait écrit et que dans ce livre, il a parlé des malinkés. Dites-nous ce qui est dit dans ce livre?
Le président Alpha qui a une origine étrangère, qui avant d’accéder au pouvoir avait écrit un livre qu’on appelle « La Guinée, l’Albanie d’Afrique néo-colonie ou nouvelle colonie Américaine.»
Le livre là existe, dedans il s’est acharné contre les Malinkés, en ce moment il n’était pas Malinké. Il avait dit : « Il faut détruire les prospérités économiques des Malinkés.» Le livre existe bel et bien. Il est disponible même s’ils ont tout fait pour le rachat de ce livre-là. Mais ça existe encore. Nous nous avons ce livre. Dès son arrivée au pouvoir, vous n’êtes pas sans savoir que celui qui a fait la promotion de la Badam. Qui parle de l’économie, parle de la Banque. Il a dit à tous ses militants qui sont majoritairement malinkés, mettez votre argent à la Badam. Les gens ont mis leur argent et quand l’argent était là. Je vous ai dit dans cette émission dont vous venez de me rappeler moi-même personnellement, je suis une des victimes. La coordination de la section du RPG a mis en place une entreprise qui s’appelle synergie holding. Ce sont des hommes d’affaires du RPG de l’étranger qui ont créé cette entreprise. Pour l’ouverture des comptes, on a mis 10 millions de fg. Donc voilà, on a ouvert ce compte et la conséquence comme vous savez déjà la Badam est tombée. La Badam, il y a eu une affaire de 30 milliards de francs guinéens, quand la banque est tombée en faillite, le premier responsable Monsieur Kéita a été arrêté, traduit en justice condamné, c’est le président Alpha qui l’a libéré. Je tiens à vous dire que les 99 pour cent des travailleurs de cette banque étaient malinkés. Les acteurs de cette banque étaient malinkés, les clients 99 pour cent étaient malinkés. C’était une banque communautariste en réalité, et quand cela a été fait, le président Alpha a refusé de payer l’argent des gens. Ça prouve à suffisance ce qu’il a écrit dans son livre. La badam est une parfaite illustration du fameux projet portant sur : ‘’la destruction des prospérités des malinkés’’. Il ne peut pas nous dire qu’il n’a pas d’argent, au même moment, il y a le déguerpissement de Coyah, qu’il fallait rembourser, qui coûtait à l’Etat 60 milliards de fg. Il a payé ça, mais les 30 milliards des clients de la Badam, particulièrement les malinkés, il refuse de les payer.
Souvenez-vous, il y avait une banque ici qu’on appelait BIAG qui était en faillite, cette Bank ravitaillait les commerçants en devise, quand cette banque est tombée en faillite, le général Lansana Conté a investi des milliards pour permettre à la banque de travailler et les commerçants de vaquer à leurs préoccupations commerciales.
C’est la Banque Centrale qui garantit les banques primaires. Cette banque tombe en faillite, le président sait que exclusivement les clients, les travailleurs, les actionnaires sont tous des militants, appartiennent tous à la même ethnie contre lesquels il a écrit ce livre-là. Je veux dire qu’il est en train de réaliser petit à petit son vieux rêve.
Parlons à présent de justice. On a l’impression que la justice ne s’applique qu’aux pauvres en Guinée. Pour preuve, au niveau du CNP Guinée, malgré l’annulation du congrès organisé par Mamadou Sylla par le TPI de Kaloum, Ansoumane Kaba « Guiter », élu à l’issue de ce fameux congrès, refuse de se plier….
Vous savez, on a des sérieux problèmes depuis l’arrivée du président Alpha aux affaires. Encore une fois toutes les structures de propositions ou d’opposition ont des difficultés sérieuses lorsque vous constaterez que la société civile était unifiée malgré la diversité qu’on connait d’elle. Mais aujourd’hui, il y a un sérieux problème à ce niveau. Ils ne reconnaissent pas les différentes structures depuis l’arrivée d’Alpha. Depuis l’arrivée du président Alpha, nous constatons aussi que les syndicats qui étaient très unifiés, que nous avons connus en 2007, dévoués pour la cause commune, aujourd’hui cette structure est très malmenée par une division en son sein.
Vous avez aussi les syndicats de lutte qui sont du côté du patronat. Avant l’arrivée du président Alpha, toutes les structures de proposition et les partis politiques qui étaient unifiés aussi au sein d’une structure qu’on appelait les forces vives, sont aujourd’hui malmenées. Je donne parfaitement raison au président Kouyaté qui dit que le président Alpha est « le plus grand diviseur commun de ce pays ». Ce que je peux dire à mes frères syndicalistes ou au niveau du patronat, nous avons besoin d’améliorer les conditions de vie des Guinéens. Ça ne se fait pas seulement au niveau de l’exécutif mais aussi au niveau du commerce. Et lorsque les commerçants ne sont pas unis, ils ne peuvent pas bénéficier de certains avantages à l’étranger. Parce que lorsqu’on sait qu’ils sont divisés, ce sont les autres pays limitrophes qui vont bénéficier des avantages du Bureau International du Travail (BIT). Ces structures-là qui assistent beaucoup les structures nationales, celles-ci ne peuvent bénéficier que lorsque le pays est unifié, lorsqu’il n’y a pas de contradictions majeures. Je crois qu’ils doivent abandonner leur égo, se donner la main pour voir comment dénouer cette crise.
Monsieur Kaba en tant que président du parti FIDEL, quel appel avez-vous à lancer à vos militants et au peuple de Guinée, pour finir?
L’appel que nous avons à faire, je viens de vous dire que nous avons été des responsables, responsables du RPG. Les militants du RPG nous ont vu à l’œuvre pour dire très clairement que nous lançons un appel à tous les Guinéens, de coordonner une action de soutien au sein de notre parti, mais principalement aux militants du RPG qui se retrouvent aujourd’hui orphelins politiques parce que le président Alpha a décidé de détruire ce parti. Mais les valeurs que nous, nous avons défendu dans le RPG, ce sont les mêmes valeurs que nous défendons au sein du parti FIDEL. Les pratiques que nous avons combattues quand on était dans l’opposition, au RPG ce sont les mêmes valeurs que nous continuons à combattre au sein du parti. S’ils ne se reconnaissent plus dans cette structure, de venir massivement avec nous. La porte du parti FIDEL est grandement ouverte, qu’ils viennent pour qu’on puisse travailler ensemble, conquérir le pouvoir et orienter les actions politiques vers la justice sociale, la prospérité économique et l’épanouissement culturel de notre pays. Je lancerai encore un appel fraternel à ceux qui ont été exclus à commencer par Docteur Ousmane Kabba en passant par le ministre Makanéra, et tant d’autres personnes qui ne reconnaissent plus le parti au pouvoir, de venir avec nous. Voilà le message que je veux transmettre, je vous remercie.
In L’Indépendant