Actions pour la baisse du prix du carburant
Selon Koureissy Condé « l‘ultimatum lancé par l’opposition guinéenne jusqu’au 20 Mars au pouvoir, lui demandant de baisser le prix du carburant et de diminuer son train de vie, s’apparente plutôt aux revendications du mouvement social ». En effet, selon lui « lorsque cette opposition porte sa revendication sur le prix du carburant, elle va sur le terrain syndical… Donc, s’approprier d’une thématique déjà préparée et initiée par un autre courant de la société civile c’est un peu de la récupération, je ne partage pas ça ».
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Faut-il rappeler à Koureissy Condé, que le syndicat est habilité à traiter des litiges et/ou conflits potentiels entre des salariés et leur employeur !!! ce que ne constitue pas le problème du prix du carburant… sauf à considérer que la population de Guinée est à la remorque du seul employeur de Guinée, l’État, que d’aucuns assimilent à Alpha Condé.
Sur le fond, il est nécessaire de rappeler que lors de la campagne électorale, le gouvernement affirmait que la Guinée était un pays souverain, capable d’organiser les élections sans aide extérieure. C’est ce même gouvernement qui affirme aujourd’hui (à peine 4 mois après), que c’est le FMI et/ou la Banque Mondiale qui décident de ne pas diminuer le prix du carburant. Nos dirigeants n’ont même pas honte d’affirmer tout et son contraire.
Encore une fois, serrer la ceinture n’est pas un objectif, juste un moyen, mais on ne peut l’entendre que si tout le monde joue le jeu. Si le gouvernement réduit lui-même son train de vie et fait des sacrifices, alors peut-être la population pourra en faire autant.
À titre personnel, je ne suis pas pour des manifestations, qui ne font qu’aguerrir et donc renforcer dans l’immédiat le pouvoir, sans parvenir à obtenir quoi que ce soit pour l’opposition, qui se décrédibilise parfois dans son inaction, montrant par là ses nombreuses limites (j’y reviendrai dans un texte à part).
Depuis ses échecs en 2010, 2013 et 2015, l’UFDG doit repenser globalement sa stratégie. L’appel à des journées ville-morte – au lieu des manifestations – ne sera efficace, que si elles sont suivies par la population (cela se prépare) et s’il y a continuité dans cette lutte légitime, qui peut intéresser beaucoup de monde. Cela suppose éventuellement de poursuivre ensuite l’action au moins un jour par semaine jusqu’à ce que le gouvernement cède.
Il n’y a aucun état d’âme à avoir, même et surtout si le pouvoir a essayé de convaincre que toute diminution du prix du carburant serait une catastrophe pour le pays. En réalité, ce gouvernement ne défend que ses intérêts propres. En dehors de son clan et de ses soutiens (fonctionnaires et armée), qu’a fait ce pouvoir pour la population si l’on excepte Kaleta ? Quel intérêt avons-nous à défendre le pouvoir d’achat de ce régime, car toute diminution de ses recettes constitue une baisse de ses revenus ? Le prix du carburant concerne pourtant tout le monde, et cela soulagerait le panier de la ménagère. Pourquoi ce régime qui ne s’est pas posé de questions en dépensant sans compter à l’occasion de la campagne électorale (mais pour son propre compte) demande t-il à la population de faire preuve de rigueur, rigueur dont lui se soustrait ?
Après l’IPPTE, la dette de la Guinée était descendue à 1 milliard de $. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avec environ 300 millions de $ d’investissements (Kaleta), la dette extérieure est officiellement de 1,8 milliard de $ à ce jour. En réalité qui ne dit qu’elle n’est pas revenue à son point d’origine (3 milliards de $ ?) en cumulant avec une dette intérieure (marchés de gré à gré de plus d’un milliard de $ garantis par la BCRG) ?
Alpha Condé est là depuis plus de 5 ans, jusqu’à quand va t-il mettre ses insuffisances et ses échecs sur le dos de ses prédécesseurs, car ceux-ci n’y sont évidemment pour rien ?
Jugement des militaires retraités
Quatre 4 officiers1 sont poursuivis pour des faits d’attroupement illégal sur la voie publique suite à leur marche avortée, alors qu’ils n’ont pas eu connaissance d’un courrier interdisant leur marche de protestation. Voulant protester contre l’arrestation illégale de leur collègue Jean Dougou Guilavogui le 19 Septembre 2015, ils ont eux-mêmes été arrêtés les 4 et 5 Octobre dernier.
Rappel des faits selon l’avocat de la partie civile (Joachim Bilimou) : « courant 2011, des militaires ont été mis à la retraite par le gouvernement guinéen, et des mesures d’accompagnement ont été prévues pour la circonstance… Mais ces militaires retraités ont estimé que leurs conditions de mise à la retraite n’ont pas été réalisées, et ils ont eu plusieurs entretiens avec les autorités compétentes… Comme leurs revendications n’ont pas été satisfaites, ils ont décidé de faire des déclarations dans la presse, contre le PRG et les membres du gouvernement ».
Si mes souvenirs sont exacts, ce qu’Alpha Condé reproche à ce dernier, c’est d’une part d’avoir réussi à faire en sorte que l’ensemble des anciens combattants et veuves – il représente a priori les 4000 militaires retraités en 2011 – se soient ralliés à la cause de Sidya Touré, candidat de l’UFR à la présidentielle prochaine et, d’autre part, d’avoir accusé les autorités, au cours d’une conférence de presse du 22 Août 2015, de n’avoir pas payé leurs indemnités d’une valeur de 15 503$ par retraité, soit plus de 118 millions de GNF.
Le procureur de la République (Aly Touré), dira que « ces retraités ont affirmé devant la presse, que le PRG est à la base de leur mauvaise fin de carrière, chose qui ne devait pas être dite ».
Finalement le 24 Mars, ces 5 syndicalistes ont été condamnés par le tribunal de première instance (TPI) de Mafanco, à 6 mois de prison ferme pour « délit d’attroupement, outrage et diffamation du chef de l’État et des membres du gouvernement ». Le verdict ne nous étonne pas, eu égard à la dépendance d’une justice servile.
A priori, ces 5 personnes devraient être libérées entre le 25 Mars et le 5 Avril, puisque la date de leur jugement coïncide avec la fin de leurs 6 mois de détention provisoire. Reste à savoir une fois de plus, si le droit sera appliqué. Qu’en pense Cheick Sako ?
Réforme de la CENI
En ce qui concerne la réforme de la Ceni et l’organisation des élections communales et locales avant le 30 Juin, Koureissy Condé en revanche, partage entièrement les exigences de l’opposition, la Ceni n’ayant pas pu selon lui, prouver son indépendance. Pourquoi on ne réforme pas la Ceni en une semaine, sachant que c’est une question de volonté politique.
Comme le suggère l’Union européenne, le système le plus crédible et transparent consisterait en la tenue d’un état-civil systématique, de sorte que dès l’âge de 18 ans, l’inscription sur le fichier électoral serait quasiment automatique et ne dépendrait pas de l’honnêteté de militants politiques. Accessoirement cela éviterait les décaissements insensés d’argent pour 25 commissaires malhonnêtes.
Les 100 jours
La session ordinaire de l’Assemblée Nationale devant débuter le 5 Avril prochain, on espère que Mamadi Youla présentera son programme, puisque selon l’article 57 de la Constitution : « après sa nomination, le Premier Ministre fait une déclaration de politique générale suivie de débat sans vote devant l’Assemblée nationale » -, prouvant ainsi qu’il en a un, et alors qu’il n’a fait aucune annonce dans la presse. En outre, à une dizaine de jours près, cela correspondra aux 100 jours. Sa seule trouvaille pour le moment : augmenter les impôts, ce que n’importe qui sait faire. Pourtant les nouveaux ministres étaient conseillers et travaillaient dans l’ombre. On suppose donc qu’ils ont eu largement le temps d’y réfléchir.
Enfin est-il besoin de rappeler que le nouveau Premier ministre et ses collègues n’ont pas déposé leurs déclarations de biens, pérennisant ainsi les méthodes archaïques de leurs aînés. Si c’est cela l’image de la nouvelle jeunesse, elle peut aller se rhabiller.
Gandhi, citoyen guinéen
« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).
1Le lieutenant colonel Jean Bangoura, les colonels Sékou Kourouma et Souleymane Diallo, et le commandant Sékou Kouyaté.