Dieu dît à Adam : « (…) enseigne-le à tes enfants, que tous les hommes de partout doivent se repentir, sinon ils ne pourront en aucune façon hériter le royaume de Dieu, car rien d’impur ne peut y demeurer, ou demeurer en sa présence » (Moïse 6:57).
Je n’en peux plus de me coltiner ce fardeau de péchés qui me taraude sans relâche…
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Ce soir, quêtant l’absolution la larme à l’œil; et quitte à ce que ce soit le chant du cygne, le carcan de l’errance voire l’excommunication après avoir tombé le masque, je tiens à me défaire de mon boulet, tout avouer, faire mon mea culpa, me confesser… Et j’allais vous dire :
Mes pêches sont un exécrable tas d’immondices à même d’empuantir toute la face de la terre. Lupanar, turlupinade, coups de pied de l’âne, coups de Jarnac, fanfaronnades et boniments, ont longtemps servi de douillet refuge à ce faux derche que je me suis complu à être loin de tout soupçon. Usant et abusant du glauque, des zones d’ombre et aires interlopes, pour qui truander ou pour qui d’autre refourguer ma jactance de Judas et/ou donner le change de mes airs de Tartuffe
Je n’ai que peu ou prou éprouvé de remords dans la vie, quoique ma conscience (si j’en ai bien une un jour) ou ce qui me sert de telle, m’a flagellé bien des fois; mais aussitôt pour que l’oubli et mon penchant irréfréné pour la vilaine ravalent systématiquement ce sentiment de culpabilité et de désir de repentir au rang d’oubli.
Mes moult efforts à me défaire de mes infamies, de mes puantes affinités coupables et morbides, se sont avérés à chaque fois des peines perdues comparables à ceux de Sisyphe soulevant continument son rocher.
Mon être incessamment tiraillé entre l’éthos et le thanatos, m’évertuant à être Dr Hyde, mais immanquablement Mister Jeckil à tout bout de champ, j’ai souvent voulu être innocent, aspiré à l’ingénuité sans jamais y arriver.
Hédoniste et débauché, fugace et facétieux « flâneur des deux rives », j’ai cheminé en pécheur impénitent sur les bas sentiers du vice, flirtant avec les abimes de la perversion sans nulle autre considération que le mépris total pour la morale et la vertu, aux seules fins de mon plaisir égoïste…
Cabochard et prétentieux, j’ai eu un ego plus gros que le nez de Cléopâtre. Je n’ai guère été empathique, ne me préoccupant que de mes veaux, vaches et cochons.
J’ai couru plus que quiconque sur le sentier du vice, travaillé par le désir charnel, la picote et l’exécrable soif d’or et de gloire; n’entrevoyant le halo de lumière qu’au bord du précipice voire de l’autodestruction, sous le joug d’hallucinations psychédéliques par moments.
Assener de la gouaille assassine pour un oui ou pour un non, dédaigner du pire mépris mérite et faveurs du semblable, voilà les violons d’Ingres de ce badass de plumitif que j’incarne à perfection.
Et mon sadisme n’a eu d’égal que la dégaine fatale du diable. Bien des fois, l’indifférence et le nombrilisme m’ont caractérisé, sans que je ne sache pourquoi et comment m’en défaire. Sidéré, impuissant de constater que la passion et la bestialité l’emportent toujours sur ma raison.
Toutes ces ignominies n’effleurent pourtant qu’à peine une vie d’esquives, de tireur au flanc, de sicaire virtuel, d’incorrigible fripouille, dont les méfaits condamneraient à la potence. Je pourrais encore en dire long sur la litanie de défauts, de vices et de malfaisances introvertis qui tapissent mon for intérieur.
Mais, si je n’ai le plus souvent agi que pour satisfaire aux aspirations perverses et malsaines de mon âme-m’apparaissant jusqu’au bout comme d’instincts vitaux-, je ne puis imputer mes bassesses à ma naïveté, à un quelconque manque de discernement, ou me défausser une nième fois sur « la victime propitiatoire » morte sur la croix pour mes péchés. J’assume tout!
Espérant la salvation, j’accepte aujourd’hui d’offrir ma hideuse face de sorcière honnie sommée de recracher ses victimes, toute honte bue, sur la place publique. Qu’importe les conséquences…
Je désire à présent profondément me faire pardonner, extirper ce pathos de mon côté obscur, me laver de tous mes péchés, renaitre. Au prix des supplices du Tartare s’il le faut.
Je ne me doute tout de même que cette pénible quête d’innocence et de salut, impose au prime abord de sincères excuses aux victimes de mes vilénies, sans rechigner à payer par le sang, sil s’avèrerait nécessaire, les éventuels dommages et intérêts pour tout le mal que j’ai commis.
Ma profonde conviction en la capacité de l’homme à s’amender, fût-il le pire, m’incline à faire profil bas, ce soir, pour implorer ma rédemption devant Dieu et les hommes.
En faisant toutefois amende honorable, une question métaphysique me turlupine l’esprit : jusqu’où le désir nocif, mais « indispensable », voire vital, serait-il excusable à une âme pécheresse qui se repent sincèrement?
Cet article ainsi que plusieurs autres de mes écrits sont consultables sur ma page Facebook, L’amphigouri de Oury, au lien suivant : https://www.facebook.com/www.lamphigourideoury/
Oury Baldé