GBK Le cabinet présidentiel a été formellement remanié mardi 4 février. Si ce remaniement a reconduit sans surprise tous les anciens cadres de la Présidence, il reste cependant révélateur d’un fait qui ne manque pas de faire jaser aujourd’hui moult commentateurs. C’est la reprise d’anciens ministres du gouvernement précédent dont certains sont originaires de la préfecture de Siguiri.
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Ce constat, s’il peut s’avérer comme une pure coïncidence pour certains, il constitue pour d’autres le signe irréfragable de la machine arrière faite par le président de la République suite à la menace et à la colère sourdes qui ne cessaient de monter dans la communauté des ressortissants de Siguiri au lendemain de l’éviction du gouvernement sortant des ministres qui étaient originaires de cette localité.
Dans une République normale, le bon fonctionnement de l’Administration publique doit être assuré par des hommes et des femmes dont le choix doit être fondé, plus que sur n’importe quelle autre considération subjective, sur le principe du mérite et de la compétence intrinsèque. Ce principe sacro-saint semble aujourd’hui foutre le camp en Guinée au profit d’autres considérations abjectes comme l’appartenance régionale et maintenant préfectorale.
Cette perception sectaire de la gouvernance du pays qui est à la fois malheureuse et particulièrement pernicieuse pour la démocratie et à la cohésion nationale, est en passe de s’installer dans la conscience collective du peuple et de nos dirigeants actuels comme une vertu républicaine.
Avec la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale et le discours qu’il a tenu à N’Zérékoré à la faveur de la fête nationale de l’indépendance et qui annonçait la ‘’mise à mort’’ des fameuses coordinations régionales, beaucoup croyaient, d’ailleurs à tort, le président Alpha Condé affranchi de l’énorme pression de ces puissants lobbys sectaires de Guinée.
En tout cas le dernier décret de remaniement du cabinet présidentiel qui a connu le retour des ministres issus de Siguiri, vient raviver à nouveau le doute et pessimisme des Guinéens qui souhaitent prévaloir le mérite et la compétence d’un cadre par rapport à son appartenance régionale ou préfectorale.
Avec le limogeage d’Elhadj Tidiane Traoré, du docteur Naman Kéïta dans l’ancien gouvernement ainsi que celui de Madikaba Camara qui sont tous de Siguiri, de nombreuses tracts et rumeurs attribués à une association fantôme des ressortissants de Conakry, n’avaient pas manqué de dénoncer l’absence des fils de cette préfecture au sein de la nouvelle équipe gouvernementale.
Cette cynique intention qui avait largement fait son lit dans la cité, n’a pas tardé à être démentie officiellement par un groupe de jeunes ressortissants de Siguiri qu’on a montrés à la télévision nationale. Si cette sortie médiatique ainsi que d’autres manœuvres souterraines qui ont suivi, ont laissé entendre qu’il n’en est rien absolument.
Le dernier décret du chef de l’Etat qui vient de reprendre ces cadres limogés à l’exclusion de Dr Naman Kéita, réconforter ceux qui soutiennent mordicus qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un rétropédalage de sa part.
En plus de l’arrivée de ces ministres débarqués de Siguiri dans le sérail du palais Sékhoutoureya, d’autres cadres de cette localité ont été gardés à leur poste, même si ce maintien relève du seul pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat. C’est le cas de Kabinè Sylla, de Dr Ballo Mamadou ou de Dr Maramany Cissé.
Fondée ou non, cette propension à nommer les cadres en fonction de son appartenance régionale qui relève d’un sectarisme préjudiciable à la bonne marche de l’administration, doit être aujourd’hui combattue par tous les républicains en tête desquels le président de la République qui est le seul et l’unique comptable de sa gestion devant le peuple et devant l’histoire.
Aujourd’hui c’est Siguiri, demain pour une raison ou pour une autre ce serait d’autres régions ou d’autres préfectures et l’on tombe irrésistiblement dans un engrenage infernal de ‘’c’est nous d’abord ou c’est notre tour…’’.
Guineenews, partenaire de Gbassikolo.com