Reprise en main du secteur minier en Guinée : un acte de souveraineté ou une manœuvre politique ?

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La récente décision du gouvernement guinéen de retirer les permis miniers à une centaine de sociétés, au nom de l’assainissement du cadastre, ne manque pas de faire réagir. Présentée comme une mesure de revalorisation du secteur et de reconquête de la souveraineté sur les ressources naturelles, cette action marque un tournant stratégique. Mais derrière les justifications officielles, une question persiste : s’agit-il réellement d’un sursaut institutionnel ou d’une manœuvre politique déguisée ?

À en croire le gouvernement, ces retraits de permis découlent d’un constat clair : de nombreuses entreprises minières n’ont pas respecté leurs engagements. Inactivité prolongée, non-paiement des redevances, cessions illégales… La liste des manquements évoqués par les autorités est longue et préoccupante. En cela, la décision semble légitime. Il est en effet inacceptable que des ressources aussi stratégiques que les minerais — bauxite, or, fer — restent entre les mains de sociétés qui les exploitent peu ou pas, privant ainsi le pays de retombées économiques cruciales.

Il faut reconnaître qu’un cadastre minier clair, cohérent et crédible est une condition sine qua non pour attirer des investisseurs sérieux, compétents, et respectueux des normes environnementales et sociales. Dans ce sens, l’État affiche sa volonté de reprendre le contrôle, de sortir du laisser-faire et de mettre fin aux spéculations autour des permis.

Mais au-delà de ces intentions louables, plusieurs observateurs pointent le risque d’une recentralisation excessive du pouvoir minier entre les mains de l’État, sans véritables garde-fous. Transformer ces zones en « réserve stratégique » n’est pas anodin : cela donne à l’État le pouvoir exclusif de gérer ces zones, de les redistribuer, ou de les exploiter lui-même. Si cela peut être un levier de souveraineté économique, cela peut aussi ouvrir la porte à des pratiques opaques, voire clientélistes, dans l’attribution future des titres.

Sans un mécanisme indépendant de suivi, le risque est grand que cette « revalorisation » ne se transforme en une nouvelle phase d’accaparement de ressources par des acteurs proches du pouvoir, au détriment de l’intérêt général que le gouvernement prétend défendre.

À suivre…

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BAMCE
BAMCE
29 mai 2025 16:45

« Heureusement que les futurs putchistes feront saisir tous les biens mal acquis et a portee de main pour les revendre et … se remplir les poches a leur tour. Et la roue de l’histoire continuera de tourner. » @TAG

Bien dit, c’est effectivement ça…

Kaou Labe
Kaou Labe
29 mai 2025 11:41

Sacré Tag !
Bien vu .
On ne peut avoir meilleure
 » Big Picture  » !
Pauvre Guinée !

Tag
Tag
29 mai 2025 00:07

Acte de souverainete ? Vous voulez rire, j’espere. Ils font juste ce qu’ils ont fait en politique, c’est a dire faire le vide et prendre la place de ceux qui etaient la. Comme il a ete dit ici, les deux secteurs les plus rentables en Guinee, ce sont la politique et les mines. Ils ont la main-mise sur la sphere politique, a eux les mines maintenant. Heureusement que les futurs putchistes feront saisir tous les biens mal acquis et a portee de main pour les revendre et … se remplir les poches a leur tour. Et la roue de l’histoire… Lire la suite