Un scandale d’une gravité sans précédent secoue la Guinée : la qualité du carburant distribué à la pompe est dangereusement compromise. Depuis plusieurs jours, les Guinéens dénoncent un carburant frelaté, noirâtre et toxique, ce qui indigne la nation et suscite la colère du président Mamadi Doumbouya. Celui-ci a ordonné l’audition du directeur national de la société publique des hydrocarbures par la gendarmerie.
Les responsabilités ne s’arrêtent pas aux frontières de la Guinée. Addax Energy, une société suisse fondée en 1986 et basée à Genève, est au cœur de cette crise. En charge de l’importation du carburant, elle traîne derrière elle un lourd passé de pratiques douteuses. En 2016 déjà, elle avait été accusée d’exporter vers l’Afrique des carburants de qualité inférieure et potentiellement toxiques, contenant des niveaux de soufre et d’autres substances nocives bien au-delà des normes réglementaires européennes. Addax Energy persiste à mettre en péril la santé publique africaine pour des profits honteux.
En Guinée, les effets désastreux de ce carburant empoisonné sont déjà palpables. Les moteurs des véhicules et des pirogues de pêcheurs tombent en panne, paralysant des secteurs entiers de l’économie. Les particules fines libérées par ce carburant augmentent le risque de maladies respiratoires et de cancers, mettant en danger la vie des citoyens ordinaires. Ce n’est pas seulement un scandale sanitaire, mais une attaque directe contre la santé publique.
À cette crise sanitaire s’ajoute un scandale financier d’une ampleur démesurée. Le contrat avec Addax Energy a été passé sans appel d’offres, avec des commissions faramineuses de 6 millions d’euros par mois versées aux autorités guinéennes. Ce contrat, orchestré par le président Mamadi Doumbouya, soulève des questions graves sur la transparence et l’intégrité de notre gouvernement. Pappa Fofana, émissaire du président, semble avoir joué un rôle clé dans la conclusion de cet accord douteux, trahissant la confiance du peuple guinéen pour des gains personnels.
Les répercussions économiques de cette corruption systémique sont dévastatrices. L’importation de carburant frelaté par Addax Energy paralyse des secteurs vitaux de l’économie. Les pêcheurs sont cloués à terre, les transporteurs immobilisés, et les activités commerciales considérablement ralenties. Ces dysfonctionnements menacent de provoquer une crise économique majeure, plongeant davantage notre nation dans la misère.
Néanmoins, il serait naïf de croire que ces dysfonctionnements sont le fruit du hasard ou de la seule responsabilité des sociétés étrangères. La SONAP, la société publique des hydrocarbures, dépend directement de la présidence de la République. C’est le président Doumbouya lui-même qui choisit les hommes à la tête de ces institutions cruciales. Le népotisme et la préférence pour des hommes de confiance plutôt que des experts compétents ne sont pas des solutions pour gouverner un pays. Le président Doumbouya doit comprendre que seul l’homme qu’il faut à la place qu’il faut peut garantir une gestion efficace et transparente des ressources de notre nation.
Face à ce scandale, la réaction du président Doumbouya n’a été qu’une manœuvre superficielle. Bien que des auditions de nombreux cadres de l’administration aient été ordonnées, les véritables responsables échappent aux sanctions. Addax Energy, malgré son historique controversé, continue ses opérations en toute impunité et envisage même de construire un nouveau dépôt de carburant en Guinée, après l’explosion du précédent en décembre dernier.
Ce scandale de carburant frelaté en Guinée dévoile les maux profonds de notre société : la corruption endémique et la mauvaise gestion exposent les citoyens ordinaires à des dangers mortels. Une enquête approfondie, indépendante et transparente est impérativement nécessaire. Des mesures correctives doivent être mises en place sans délai pour restaurer la confiance du public, protéger la santé des Guinéens et stabiliser notre économie nationale. Il est temps de mettre fin à l’impunité et d’exiger des comptes à ceux qui ont trahi notre nation. Le peuple guinéen mérite justice, et cette justice ne saurait attendre.
En cette période de transition cruciale pour notre nation bien-aimée, la Guinée, nous sommes confrontés à un choix existentiel. Est-ce un fleuve paisible, où les flots de la justice et de l’intégrité s’écoulent librement, ou bien un marécage sombre, où la trahison et l’avidité prospèrent sans vergogne ? Le moment est venu pour chaque Guinéen de se dresser avec fermeté et de choisir de quel côté de l’histoire il veut se tenir.
C’est un appel urgent à l’action, à la responsabilité individuelle et collective. Refusons de rester silencieux face à la corruption et à l’injustice qui minent notre société. Exigeons des comptes à ceux qui ont trahi notre nation et nos concitoyens. Seul un engagement inébranlable envers la vérité et la justice peut guider notre nation vers un avenir où la Guinée brille dans la lumière de la dignité et de la prospérité pour tous ses fils et filles.
Le chemin à parcourir sera difficile, mais nous devons rester résolus. En unissant nos forces, en défendant nos valeurs communes et en nous tenant mutuellement responsables, nous pouvons construire un avenir meilleur pour la Guinée. Le peuple guinéen mérite justice, et cette justice ne saurait être différée. Le moment est venu de transformer nos aspirations en actions concrètes, pour le bien de notre nation et de ses générations futures.
Ensemble, nous pouvons faire de notre amour pour la Guinée un phare de justice et d’intégrité, illuminant le chemin vers un avenir plus juste et plus équitable pour tous. Faisons le choix audacieux de la vérité, de la dignité et de la solidarité. Notre nation compte sur nous, et nous ne devons pas faillir à notre devoir envers elle.
Ousmane Boh KABA