GBK L'ex-Premier ministre guinéen et président de l'Ufr Sidya Touré a accordé un entretien à "Bonheur fm", à son domicile privé de la Minière. L’augmentation du prix du carburant à la pompe, le rôle des parlementaires, le dernier remaniement ministériel, la déclaration du président Alpha Condé à l’Union Africaine, le déblocage du 10ème FED, les élections communales de 2014 et la présidentielle de 2015, tout a été abordé par l'opposant guinéen.
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Nous sommes un pays en voix de paupérisation. La Guinée est en train de s’appauvrir. Un pays qui s’appauvrit n’améliore pas ses recettes. Il ne peut pas faire des infrastructures parce qu’il n’a pas de revenu et ne peut pas créer d’empois pour les jeunes. Nous sommes dans cette situation difficile et le gouvernement a eu une indication très claire à ce que cette politique ne change pas.
Deuxièmement, s’il y a une mission assignée à ce gouvernement à mon sens, c’est une mission pour les élections, c’est une mission de fraude. On a repris des gens en les indiquant très bien ce qu’ils auront à faire dans leurs régions. L’objectif, ce sont les élections communales de 2014 et la présidentielle de 2015 ».
L’effectif du gouvernement…
« Je ne fais pas débat sur le nombre de ministres, parce que ça ne veut rien dire. L’essentiel, c’est quels sont les objectifs qu’ils se sont fixés. Est-ce qu’on s’est donné les moyens pour les atteindre, je ne crois pas. Nous avons un budget en régression par rapport à tout ce qu’on peut imaginer. Nous avons un budget 2013 où nous avons perdu 1400 milliards GNF au compte des recettes. Nous avons une croissance économique qui est extrêmement molle de moins de 2%. Nous devons faire en sorte que les perspectives pour 2014 et 2015 soient meilleures ».
La publication des audits
« Cette menace permanente de publier les audits qu’on ne voit jamais, à mon sens, n’est qu’un écran de fumée. C’est une manière pour le pouvoir de cacher ses échecs ces trois dernières années. La publication des audits, c’est le problème du gouvernement. Je crois qu’un jour, ils le feront. C’est un moyen pour eux de relancer le débat ailleurs.
Depuis que nous avons arrêté les manifestations de rue au mois de Mai, ce gouvernement n’a plus d’arguments pour justifier pourquoi les résultats sont aussi médiocres, pourquoi on arrive à des taux de croissance les plus bas, pourquoi les investissements ne redémarrent pas, pourquoi l’emploi ne se crée pas…
J’aimerai bien qu’on publie les audits de l’administration guinéenne. Depuis l’arrivée de ce gouvernement, je n’ai jamais entendu autant de sommes, de montants, de centaines de millions de dollars en jeu, dont on ne connaît pas les affectations, ni la finalité. Je suis pour les audits, je suis pour que nous soyons audités, je suis pour que ce gouvernement soit audité ».
Rumeur de 25 millions fg de salaire pour les députés
« Je n’ai pas été informé de cela. Je crois qu’il y a une commission qui travaille sur cela. Une fois la question en plénière, j’aurai mon mot à dire la dessus. Et je demanderai avec quel Budget on va financer tout cela.
Il n’est écrit nulle part que des députés vont avoir 25 millions GNF, c’est juste des rumeurs ».
Le Budget de la Présidence de la République
« En ce qui concerne le budget de la Présidence, le montant qu’on vous a indiqué n’est pas correct. Ce budget cache énormément de choses. Beaucoup d’argents relatifs au fonctionnement de la Présidence de la République sont cachés dans les Budgets des différents Ministères. 365 milliards GNF, je crois qu’il faut penser à trois fois ce montant pour ce qui a été placé au niveau de la Présidence en Guinée. Ça se situe dans les mille milliards GNF.
Fiez vous simplement aux locations d’avions que fait la Présidence tous les jours et dites ce que cela représente au cours d’une année. Les dépenses d’une Présidence de la République sont en rapport avec le revenu du pays, avec le PIB. Nous sommes dans un pays qui est en train de s’appauvrir. Si la Présidence s’enrichit de jour en jour alors que le pays s’appauvrit de jour en jour, je crois que les Gguinéens doivent se poser des questions ».
Les résultats économiques
« Les résultats économiques dépendront de la gestion du pays. Ceux qui sont les responsables de l’Exécutif, qu’ils nous expliquent quelles sont les perspectives. Je vais donner quelques chiffres. Aujourd’hui, nous avons un pays dont le taux de croissance est extrêmement bas. Nous avons une population qui s’accroît de plus de 3 % chaque année. Nous avons une inflation à deux chiffres, qui va être relancée avec ces dernières augmentations du carburant. Nous sommes dans un pays où l’investissement ne permet pas d’avoir les infrastructures nécessaires pour appuyer le secteur privé notamment l’eau, l’électricité, les routes et autres. Nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Là où nous faisons moins de 2% de croissance dans l’année, la Guinée a besoin, d’après le FMI, d’une croissance de 7 et demi % pendant 8 à 20 ans pour que nous puissions sortir de cette crise.
Les institutions ne valent que ce que valent leurs hommes. Et pour le moment, ce que je perçois du fonctionnent du gouvernent guinéen, c’est cette administration qui est politisée, complètement inopérante et qui est corrompue en plus. Je ne vois pas avec ce gouvernement comment on pourra avoir de meilleures conditions de vie ».
Le déblocage des 140 millions au compte du 10ème FED
« Nous répétons les mêmes chiffres tous les jours. Nous avons perdus pratiquement des dizaines de milliers d’euros sur la dotation initiale de la Guinée dans le cadre du 10ème FED. Ce qu’on vient d’annoncer, c’est le reliquat de ce qui reste. Si non, nous avions plus de 250 millions d’euros. Mais comme nous n’arrivons pas à le consommer, petit-à-petit, c’est affecté à d’autres pays. Ces 140 millions d’euros sont déjà contenus dans les chiffres qu’on vous a annoncés à Abu Dhabi. On recycle exactement le même chiffre sous d’autres dénominations. Cela ne change en rien.
L’UE a, à la disposition de la Guinée, depuis trois ans des montants qui diminuent chaque année parce que la Guinée ne les consomme pas. Peut-être que nous aurons la capacité d’absorption nécessaire pour que ces 140 millions euros soient consommés. J’ai des doutes à ce niveau. Parce que je viens de vous dire quel est l’état de l’impéritie de l’administration guinéenne à l’état actuel.
Il n’y a pas que ce montant, la Banque Mondiale, la Banque Islamique de Développement, la Banque Africaine Développement, toutes ces institutions ont de l’argent disponible pour la Guinée. Le seul problème qu’on a, c’est qu’on n’a pas la capacité de décaisser ces montants et de les mettre au compte de notre économie pour la faire décoller et pour permettre aux gens d’avoir de l’emploi ».
Source: ufrguinee