L’écrivain guinéen Thierno Monenembo trouve que le débat politique guinéen est très mal engagé, et que l’Etat n’a jamais existé dans notre pays, où c’est un parti qui s’est substitué à l’Etat. Il l’a fait savoir dans un entretien qu’il a accordé à notre reporter, en marge du vernissage de son nouvel ouvrage intitulé « Les coqs cubains chantent à minuit. »
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Quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique guinéenne ?
Thierno Monenembo : La vie sociopolitique est confuse et depuis toujours. Vous avez une classe politique purement décevante. Nous avons plus de cinquante ans d’indépendance et pas de réalisations sérieuses. Toujours pas d’eau, pas d’électricité, aucun hôpital digne de ce nom, aucune école digne de ce nom, aucune entreprise concurrentielle, la jeunesse n’a pas été formée. Il n’y a pas de projets économiques sérieux. Le projet agricole est pratiquement inexistant. Nous avons un projet minier chaotique. On ne comprend rien.
Que pensez-vous du blocage politique actuel dû à un manque dee dialogue entre le pouvoir et l’opposition?
On tourne en rond. C’est décevant. Le débat politique guinéen est très mal engagé. Vous le savez très bien, c’est le seul pays en Afrique où tout arrive. Il n’y a même pas un semblant de logique. Quand vous prenez par exemple le cas du Sénégal, ou du Burkina, ce sont des Etats où il y a plus ou moins une certaine cohérence depuis l’indépendance. Au Sénégal à la différence des autres pays d’Afrique, il y a un semblant d’Etat. L’Etat sénégalais n’est pas parfait du tout mais le principe de l’Etat existe au Sénégal, le respect de l’institution existe au Sénégal. En Guinée il n’y a pas l’Etat, l’Etat n’a jamais existé. On a remplacé l’Etat par un parti, ça ce n’est pas possible. L’Etat c’est une administration. Une administration qui fonctionne relativement, qui prélève les impôts, qui règle la circulation routière, qui prélève les ordures. C’est le minimum mais un Etat qui ne peut même pas prélever les ordures à quoi ça sert ?
Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes affilié à un parti politique ?
Qu’ils fassent ce qu’ils veulent mais moi je n’appartiens à aucun parti politique. Mais chacun est libre, chacun est libre.
In L’Indépendant