Un dirigeant qui passe son temps à maltraiter ses opposants doit s’attendre à un retour de bâton quand il ne sera pas aux affaires

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Depuis son départ du pouvoir et surtout la récente publication du rapport de la Cour des comptes sur sa gestion, le Président Macky Sall semble de plus en plus proche de poursuites judiciaires. De nombreuses voix s’élèvent y compris dans les milieux les plus officiels pour demander qu’il rende compte de sa gestion que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de catastrophique.

L’ancien président parle quant à lui d’une cabale politique. Mais quelles que soient les motivations qui sous-tendent cette menace de poursuites judiciaires, il y a au moins deux enseignements à en tirer.

Premièrement, lorsqu’un dirigeant passe le clair de son temps à maltraiter, à martyriser et à réduire au silence ses opposants pour des motifs politiques, il doit s’attendre à un retour de bâton quand il ne sera pas aux affaires.

Ce risque est encore plus grand lorsque ses successeurs sont justement ses opposants comme c’est le cas au Sénégal.

Dans nos pays et même ailleurs, la gestion des affaires publiques n’est presque jamais entièrement exempte de reproches. Dès lors, il est toujours possible de trouver des motifs, aussi minimes ou insignifiants soient-ils, pour inquiéter un ancien dirigeant, pour lui trouver la petite bête, comme on le dit.

Certains ont le don de trouver des poux même sur un crâne rasé. Et il est illusoire de croire qu’en se faisant succéder par un proche, l’impunité est assurée. En tout cas, n’est pas l’ancien président de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz ou la famille de l’ancien président José Édouardo Dos Santos qui diront le contraire. Le premier a pesé de tout son poids pour faire élire comme successeur en 2019 son ‘’homme’’. Il est aujourd’hui dans le collimateur de la justice pour sa gestion. Sa proximité réelle ou supposée avec l’actuel président, Mohamed Ould Ghazouani, ne lui a été d’aucune aide.

En 2017, c’est un membre du MPLA, parti du Président Dos Santos, qui a succédé à celui-ci, en l’occurrence João Lourenço. Cette élection que le clan Dos Santos pouvait percevoir comme un moyen de protection s’est traduite par une vraie descente aux enfers pour ses membres.

Deuxièmement, et c’est le côté pervers de la situation, un dirigeant qui craint d’avoir des ennuis pour lui-même ou pour sa famille, quand il quitte le pouvoir, a tendance à s’y accrocher par tous les moyens comme les révisions ou changements de constitution fantaisistes.

Ce n’est pas toujours le goût du pouvoir qui pousse les dirigeants à s’y cramponner. Il y a aussi la crainte de la découverte de cadavres dans les armoires et des risques d’ennuis qui peuvent en résulter. Et dans ce cas, il est à craindre très souvent qu’un putsch intervienne pour les déloger de leurs palais.

Moralité : Un dirigeant doit éviter d’utiliser la machine de l’État pour brimer, maltraiter ses adversaires pour des raisons politiques. Il faut diriger dans l’intérêt exclusif du pays, respecter, protéger les droits et libertés des citoyens et renforcer l’indépendance de la justice. En le faisant, il se protège lui-même et protège ses proches, car la roue tourne. Il viendra en effet un moment où il n’a pas les moyens de l’État à sa disposition et où les fidèles se comptent au bout des doigts. C’est bon d’y penser.

 

Mohamed TRAORE

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BAMCE
BAMCE
7 mars 2025 13:14

Un bon message au putschiste, criminel, dictateur et sanguinaire DOUMBOUYA