Question lancinante que les Guinéens se posent, silencieusement, sans pouvoir, ou sans oser la poser directement à leurs hommes politiques, et surtout à celui qui occupe la fonction suprême de leur pays. On indexe tantôt X, on soupçonne tantôt Y. Cependant, peu d’espoir d’avoir un jour une réponse satisfaisante à leur lancinante interrogation…
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Au demeurant, le pouvoir actuel, par la lenteur manifeste qu’il a déployée pour que ce « Dossier » avance le moins vite possible, n’autorise pas à espérer une issue heureuse pour des centaines de victimes abandonnées à leur triste sort. Et les dizaines de femmes violées, sont anéanties, peut-être à jamais.
Or dans le même temps, certains des acteurs majeurs de cet abominable crime, semblent bénéficier d’une étonnante bienveillance de la part du pouvoir, depuis Décembre 2010. IIs sont presque tous nommés à des postes juteux d’influence, souvent armée. La prodigalité illimitée du président Alpha CONDÉ à leur égard, intrigue plus d’un GUINEEN. Certains compatriotes, généralement bien informés, estiment que ce groupe, pourtant ultra-minoritaire, reçoit à lui seul, à peu près 25 à 30% du Budget annuel du pays. Etrange générosité gouvernementale !
Après une cavale de plus de six ans au Sénégal, l’exil apparemment « organisé » de capitaine Aboubacar DIAKITÉ dit TOUMBA, « responsable » supposé des crimes du 28 Septembre 2009 à CONAKRY, vient de prendre fin. Il a été interpelé, incarcéré et finalement extradé en Guinée, où il est arrivé il y a moins d’une semaine. C’est un bon début qu’il faut saluer, mais un début notoirement partiel qu’il est impératif et urgent de prolonger.
Notons que, le capitaine Toumba DIAKITÉ, médecin militaire de formation, n’était que l’aide de camp de capitaine Moussa Dadis CAMARA, Chef des putschistes et Président du C.N.D.D, et à ce titre « Président » de la République. A la date des viols et massacres dont il est question ici, le capitaine TOUMBA DIAKITÉ n’était pas en situation d’autorité, ni membre du gouvernement, ni même Conseiller d’un Ministre. Bien sûr, cela ne fait pas de lui un saint qui n’aurait rien à se reprocher. Mais il n’était qu’un simple subalterne, au service de ses Supérieurs directs qu’étaient Dadis CAMARA, et Sékouba KONATÉ à qui, étrangement on confiera la mission de « conduire » la transition.
Il y a donc matière à être perplexe, car voilà presque sept ans que le « Dossier du 28 Septembre », ne tourne quasi-exclusivement qu’autour du seul capitaine Toumba DIAKITÉ. Par ailleurs, tout le monde, ou à peu près, savait où il était, depuis six ou sept ans. Et tout d’un coup, il est extradé, exhibé à Conakry comme s’il s’agissait d’un trophée inaccessible qu’on tient enfin. Bizarre ! Pourtant le champ d’interrogation est vaste. Il peut et doit être étendu aux principaux Chefs de l’époque, dont la voix était décisive.
Première interrogation : L’un des principaux responsables des massacres, à l’époque « président » de la République, Chef de la Junte, le capitaine Moussa Dadis CAMARA est exilé au BURKINA. Il y est maintenu contre sa volonté. Il a, à plusieurs reprises, exprimé le désir de rentrer dans son pays, pour se mettre à la disposition de la justice, et ainsi contribuer à l’éclatement de la vérité concernant ce « Dossier », c’est-à-dire identifier le, ou les CERVEAUX, expliquer l’organisation et l’exécution matérielle de ce qui apparait comme une opération planifiée ailleurs, pour atteindre un OBJECTIF qui semblait s’éloigner de plus en plus, et qui soudain, devient une RÉALITÉ, après les abominations commises le 28 Septembre 2009 au stade du même nom, à CONAKRY.
Dadis est interdit de rentrer dans son propre pays. Le pouvoir prétend juger les acteurs de ce « Dossier « du 28 septembre 2010 », tout en s’abstenant de faire venir à Conakry celui qui en porte la principale responsabilité. Il ne la nie pas. Il l’assume. Il veut juste s’expliquer dans son pays, devant les magistrats de son pays, parce que, il était « Président » de la République, Chef des armées au moment des faits incriminés. Le pouvoir de Conakry s’y oppose obstinément, catégoriquement. Pourquoi ?
A s’enfermer dans le refus de laisser Moussa Dadis CAMARA rentrer dans son pays, le pouvoir lui-même donne consistance au soupçon que, le capitaine connaissant le vrai CERVEAU de ce drame, le désignerait au pays, s’il rentrait d’exil. Il faut donc l’y maintenir, aussi durablement que possible. Si c’était cela le calcul du pouvoir actuel de Conakry, alors il ferait contre lui-même un mauvais calcul. Par charité, admettons aussi, même très difficilement, que le pouvoir est peut-être plus maladroit que calculateur. Dans cette hypothèse, une maladresse se corrige, rapidement lorsqu’on en est informé.
Questions subsidiaires à la première : Le capitaine Moussa Dadis CAMARA vit luxueusement au BURKINA, depuis bientôt sept ans. Qui finance son train de vie ? Et pour quelles raisons ? Car le gouvernement Burkinabè ne peut en aucun cas se permettre de supporter des dépenses indues, sans susciter la colère légitime des Burkinabès.
Deuxième interrogation : le « général » Sékouba KONATÉ est l’un des acteurs principaux de cette abomination. En tant que Ministre des armées, il était avec Dadis la personnalité la plus décisive de la junte. Aucun militaire, n’était en mesure d’entreprendre une pareille expédition punitive, sans l’aval direct ou implicite de deux chefs « suprêmes » des armées. Impossible. Lui et ses « amis » ou son « ami » gagneraient à expliquer au pays, mais surtout aux nombreuses victimes en quoi le subalterne Toumba DIAKITÉ serait plus responsable que ses Supérieurs hiérarchiques, Sékouba KONATÉ, Dadis CAMARA et leur Premier Ministre d’alors. Ce mystère doit être impérativement levé, et de façon convaincante. Tâche herculéenne quasi-impossible.
Après une bagarre armée entre Dadis et TOUMBA DIAKITÉ, le premier grièvement blessé, quittera un pouvoir illégalement occupé. Son coéquipier pendant les massacres et viols, « général » Sékouba KONATÉ, recevra de façon tout à fait opaque la mission de « conduire » une transition. Il se fera assister par M. Tibou KAMARA, Conseiller de Dadis jusqu’à l’heure fatidique des abominations. Il occupe aujourd’hui les mêmes fonctions auprès du Président Alpha CONDÉ. Beaucoup de Guinéens seraient heureux de savoir par quels mystères, TOUMBA est en prison, tandis que M. Tibou KAMARA est assis à SEKHOUTOUREYA, dans des bureaux climatisés.
Le « Dossier du 28 Septembre 2009 » comporte trop de zones d’ombre, trop de « mystères ». Tout se passe comme si un CERVEAU, commanditaire caché des massacres voulait empêcher tout clarification dans cette Affaire.
Le capitaine Moussa Dadis CAMARA, dans ses rares moments de lucidité n’avait-il pas déclaré immédiatement après les massacres, que les « leaders » politiques qui étaient allés manifester ce jour du 28 Septembre 2009 au stade, étaient NAÏFS, et que lui-même s’était fait piéger.
Question : « piégé » par qui ? Y avait-il un leader politique si peu naïf au point d’approuver ce mouvement de protestation, tout en s’abstenant physiquement d’y participé précisément ce jour du 28 Septembre 2009 ?
Mamadou Billo SY SAVANÉ