“ Un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi.” François Mitterrand.
Le chemin a été long, sinueux et parsemé d’embûches mortels. En fin de compte, le peuple a pris son destin en main et élu son président. Un président qui incarne les espoirs d’un peuple meurtri par des dizaines d’années de brimades, de tourments et de carnages non-élucidées. Le travail à faire est herculéen puisque tout est à refaire et refondre en Guinée. Le nouveau pouvoir a besoin de l’apport non seulement de tous les Guinéens mais aussi de l’appui de la communauté internationale représentée par le groupe ONU/UA/CEDEAO.
Le rôle de l’ONU/UA/CEDEAO est primordial puisque ce sont elles qui ont facilité l’élection d’AC en 2010. Il va falloir qu’elles jouent les bons offices dans le processus d’alternance en facilitant un transfert pacifique du pouvoir de l’ancien au nouveau régime. Toutes les institutions établies par le pouvoir déchu ont perdu leur crédibilité et légitimité aux yeux de la majorité des Guinéens. Ces institutions sont à la solde de l’ancien pouvoir qui les a façonné pour servir ses desiderata. Aucune institution Guinéenne n’oserait contredire l’ancien président ou publier une décision qui le mettra en position de faiblesse même si cette décision était l’expression du choix de la majorité des Guinéens. Les exemples sont légions depuis 2010.
Le pouvoir d’Etat émane du peuple qui le transfert au représentent de son choix à travers des élections libres et transparentes dont les résultats ne sont pas tronqués pour faciliter la continuité d’un régime d’oppression. Vouloir s’accrocher au pouvoir par la force contre la volonté de ce peuple s’est commettre un coup d’Etat. Modifier les dispositions d’une loi fondamentale dans le seul but de se cramponner au pouvoir est une action extrêmement dangereuse et repréhensible qui aurait dû attirer une ferme réponse de l’ONU/UA/CEDEAO. Ces institutions n’auraient pas dû rester de marbre lorsque l’ancien président broyait du Guinéen pour faire passer de force son texte et son assemblée de caudataires.
Il a accédé au pouvoir par maraudage et s’y est maintenu par le même stratagème. Il a exercé un pouvoir sans partage au prix de centaines de vies sans parler de la gabegie financière qui a caractérisée sa gouvernance. Malgré l’existence d’un verrou constitutionnel qui limitait les mandats à deux pour tout président, il s’est obstiné à instaurer un texte falsifié et taillé sur mesure sous le fallacieux prétexte de panafricanisme, et d’aide à la jeunesse et aux femmes. Ce forcing lui a permis de se présenter aux élections du 18 Octobre 2020 qu’il a perdu devant tous. Pour pouvoir continuer sur sa lancée, il prétend s’en remettre à la CENI, un pantin qu’il utilise pour légitimer ses basses œuvres. Le peuple s’est prononcé sans équivoque en optant pour une alternance qui est déjà actée à l’encre indélébile dans les annales de l’histoire guinéenne.
L’ONU/UA/CEDEAO doivent se conformer à la volonté du peuple de Guinée et l’accompagner dans sa noble décision de doter la Guinée d’un nouveau pouvoir. Le président déchu a accédé au pouvoir par le truchement de ces institutions. Il appartient à ses institutions de faciliter un transfert pacifique du pouvoir. Ces institutions ont le devoir de faire comprendre à l’ancien président qu’il est temps de passer pacifiquement la main et permettre à une nouvelle génération de conduire les destinées de la Guinée. La crédibilité de l’ONU/UA/CEDEAO est fortement entachée du fait de la duplicité des actions de certains de leurs représentants et leurs accointances inappropriées avec ceux qui oppriment leurs populations. Cette période est une excellente opportunité pour ces institutions de se rapprocher des populations et prouver qu’elles assistent les peuples en lieu et place des tyrans.
Le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a été à la base de la création de ses instituions. Elles sont encouragées à traduire ce principe dans les faits et assister le peuple de Guinée à s’auto-déterminer. Auto-détermination qui s’est traduite par la brillante élection du Président Cellou Dalein Diallo le 18 Octobre 2020. Il est impératif que ses institutions soutiennent l’ouverture de négociations afin de trouver un point de chute au président du régime déchu. Elles pourraient l’assister à trouver une fonction quelque part au sein de L’ONU, l’UA ou de la CEDEAO. Mieux, il pourrait avoir une retraite dorée à Dubaï, en Guinée, au Burkina ou partout où il le voudra.
Il ne servira à rien de vouloir s’agripper à un pouvoir qu’il a déjà perdu et se croire suffisant contre la volonté de la majorité des Guinéens. Le président déchu et sa suite son appelés à tirer parti de cet enseignement du Saint Coran qui affirme ceci: “Ne sois pas d’un abord difficile, ne marche pas sur terre très content de toi-même, Allah n’aime certainement pas tout être plein de suffisance… ” [Chapitre 31 – verset 18]. La sagesse conseille qu’il se ressaisisse et accepte sa défaite afin d’entrer la tête haute dans l’histoire de notre patrie. L’ONU/UA/CEDEOA ont une occasion inespérée d’aider à instaurer et consolider la paix en Guinée en facilitant un transfert apaisé du pouvoir de l’ancien président au président élu, Cellou Dalein Diallo. Le président déchu a fait ses preuves, il a fait montre de ses exploits et ses limites. Il est temps qu’il cède le pouvoir à une nouvelle génération de Guinéens qui sont prêts et aptes à assurer la relève pour conduire la Guinée vers des lendemains débarrassés d’injustice et de violence d’Etat. Une Guinée où les Guinéennes et Guinéens ne sont pas catégorisés en fonction de leur région d’origine ou ethnie mais en fonction de leur savoir-faire ou leur mérite.
Pour finir, nous rappelons cette pensée de Malcolm Little qui disait “Le pouvoir aux côtés de la défense de la liberté est plus grand que celui aux côtés de la tyrannie et de l’oppression.” Le peuple Guinéen s’est exprimé dans sa majorité écrasante pour une alternance en portant son choix sur l’un de ses dignes fils à qui il incombe désormais le noble devoir de présider à ses destinées et défendre sa liberté. Nous osons espérer que, dans les jours à venir, le président déchu saura accepter, avec l’assistance de l’ONU/UA/CEDEOA, le transfert pacifique du pouvoir au nouveau président Cellou Dalein Diallo. Son acceptation facilitera le passage en douceur d’une présidence agitée à une retraite bien méritée. La Guinée a besoin de d’alternance apaisée, de paix, et de stabilité et elle compte sur l’assistance de ces institutions pour amorcer sa marche vers de meilleurs lendemains.
Was-Salam
Guilao, Adam, PhD, MBA.