2014 restera longtemps dans la mémoire des guinéens comme une année particulièrement terrible. La Guinée a connu une période similaire en 1975, communément appelée « Cheytane 75 ». Cette dernière, toutefois de moindre intensité était une conséquence directe de la suppression administrative du commerce privé par le parti-État le PDG. Ce qu'endurent actuellement les Guinéens est multidimensionnel , une longue série de mauvaise gouvernance , une dérive dictatoriale brutale et une crise sanitaire sans précédent.
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Ces fléaux ravageurs et meurtriers relèguent l'immense majorité des guinéens dans la peur et la stigmatisation. En effet le sort ne s'est jamais autant acharné contre la population guinéenne.
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La fièvre à virus hémorragique Ebola , véritable peste des temps modernes décime des milliers de nos compatriotes . Des familles entières sont mortes et des milliers d'orphelins se retrouvent seuls et sans soutiens . Le corps médical est lourdement affecté avec plusieurs centaines de morts. Le système sanitaire est désarticulé . La propagation de l'épidémie est si vaste que nous craignons qu'elle se transforme en une véritable pandémie, qui mettrait notre pays isolé du reste du monde pour longtemps. Oui, le risque qui nous guette est l'isolement avec une perte certaine de notre souveraineté et de notre dignité. Ainsi tout doit être fait pour éviter ce scénario catastrophe, car il s'agit d'un devoir collectif et d'une responsabilité individuelle.
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Cette crise sanitaire de par son ampleur est consécutive à un affairisme triomphant qui gouverne la Guinée. Sur une longue durée, la mauvaise gouvernance engendre la pauvreté et la frustration. En 2007, 53 % de la population nationale vivait au dessous du seuil de pauvreté absolue. De nos jours trois guinéens sur cinq n'arrivent pas à faire face à leurs besoins sociaux vitaux comme manger, se loger, se déplacer ,s'habiller et s'éduquer. Les jeunes , les femmes et les enfants sont les plus affectés par ce « darwinisme social » où les faibles et les démunis sont abandonnés à leur triste sort. Est-ce une fatalité devant laquelle nous sommes impuissants ? Non, car le pays recèle des ressources naturelles considérables et les compétences nationales excellent à l'étranger. Notre drame est la corruption et les détournements des deniers publics ! Aussi la Guinée occupe le 164e rang sur 182 pays, dans l’Indice de perception de la corruption publié par Transparency International (TI). Elle est par ailleurs classé 178e sur 187 pays, dans l’Indice de développement humain (IDH) publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) . L'affairisme au sommet de l’État est ainsi la principale explication qui justifie le sort injuste dans lequel croupit la majorité de la population.
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Cet état de fait, n'est possible qu'avec un système politique anachronique et profondément injuste et antidémocratique. Pour se maintenir au pouvoir alors que sa base sociale s'est rétrécie , le régime d'Alpha CONDE use et abuse du mensonge et de la violence pour étouffer la volonté de changement et de renouveau. Pour cela, domestiquer les institutions républicaines, diviser la population selon des critères ethniques , et piétiner allègrement les droits des citoyens en tuant, en emprisonnement et en terrorisant, deviennent des méthodes courantes d'une gouvernance dangereuse à bout de souffle.
BAH Oury