Guinéennes et Guinéens,
Chers sœurs et frères
Voilà de nombreuses années que je vous renouvelle, au début de chaque an, des vœux de bonheur, de santé, de prospérité et de succès dans l’accomplissement de vos différentes activités.
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Pour 2015, mes vœux pour vous, pour nous tous ont encore une importante dimension plus profonde parce que je suis devenu observateur du quotidien de nos populations et l’un des animateurs, en partie.
En effet, pendant longtemps, très longtemps, j’ai cru à la réalité de l’existence d’une société guinéenne, mais mon retour au pays m’a fait changer d’avis et en même temps, il m’indique, aujourd’hui, le nouveau chemin à prendre dont je vous soumets à la réflexion en ce début de 2015. Ce retour, dis-je, me fournit des armes nouvelles pour le combat dont l’issue doit impérieusement permettre de retrouver la dignité perdue par les Guinéens. Dignité qui avait servi de boussole à la liberté arrachée, le 28 septembre 1958 et à la souveraineté conquise, le 2 octobre de la même année.
La société guinéenne n’existe pas, j’ai peur d’écrire qu’elle n’a jamais existé sinon que momentanément. Elle est à inventer ou réinventer. C’est ce combat que chaque Guinéenne, chaque Guinéen et ami de ce beau pays doivent mener avec conviction et réalisme en 2015 afin que le généreux et noble choix opéré en ces deux dates historiques précitées soit pleinement vécu par les populations guinéennes. Cela est possible ensemble !
Mais il y a des préalables.
Fréquemment, ceux qui veulent faire de la politique, surtout ceux se réclamant d’une certaine opposition, ont un langage lénifiant sur les faits non pas pour éclairer les citoyens, mais pour les enfumer par le brouillard que dégagent leurs mensonges. Ce faisant, les Guinéens ont peu ou pas du tout de vrais repères qui servent à construire un idéal, et un rêve d’abord pour eux-mêmes, ensuite pour le pays et enfin, par humanisme, pour le monde globalisé.
En lieu et place, certains opposants politiciens sont devenus semeurs de la contre-vérité historique et donc participent de la déchirure du tissu social tel qu’est désormais celui de la Guinée. Ils tiennent des procès ethniques et ethnicisant. Ils oublient que leurs discours communautaires et mensongers ont des conséquences sociétales.
Leurs adeptes pratiquent la terreur et la violence dans la rue. Ils imposent la pensée unique à leurs congénères qui ont ou veulent une autre option que la leur. Ils ne respectent pas la loi ou simplement, par ignorance, ils sont des dangers permanents au volant des épaves qui font office de transport en commun à Conakry. Ailleurs, ils opèrent des assassinats ciblés et accusent par la suite le pouvoir mis en place par la majorité des Guinéens parce que, c’est le résultat de leur vote exprimés dans les urnes. Ils ont réussi à exporter, dans leurs bagages et dans certains pays d’accueil ce comportement. Sur leurs passage et visite inamicale, ce sont la désolation et le deuil. De ce fait, des pays ne veulent d’eux sur leur territoire. Ils crient au loup dans la bergerie. Encore là, la faute est de Alpha Condé.
Certes, les fidèles de la politique de certains opposants applaudissent quand ils écoutent leurs incendiaires propos ! Cependant, leurs rapports avec les autres communautés se fragilisent, ici, se détruisent là. La racine de la méfiance, du doute, de la suspicion pousse et s’enfonce placidement, mais profondément dans le cœur de la cohabitation qui est le seul fait du Créateur, Dieu dont la volonté nous a enserrés sur cette portion de terre : la Guinée.
Pensent-ils, un seul instant, que ce qu’ils font aux autres, parce que détenteurs du pouvoir, aujourd’hui, pourra-t-il les être renvoyé, demain, si par malheur, ils accédaient au fauteuil de responsabilité ? Voilà la chaîne historique et politique qu’il faut éviter à notre pays ! Notre devoir est d’empêcher qu’elle n’enserre les générations futures, sinon le malheur et la misère séviront éternellement en Guinée. Les peuples ont une mémoire ! Méditons !
Le combat, qui a du sens, n’est pas celui irrigué par le réflexe de la revanche, du règlement de compte, du quitte-là que je m’assoie, de la primauté d’une ethnique par rapport aux autres. La Guinée n’est le choix de qui que ce soit à la naissance ! De cette vérité, chacun doit tirer la substance de son agir afin de favoriser le vivre ensemble, car personne n’est épargnée lorsque malheur la frappe.
La fièvre hémorragique à virus Ebola est expressive de cette vérité sinon elle doit tout au moins nous l’enseigner.
Mais l’inconscience, presque génétique, de certains compatriotes est devenue si réductrice de l’usage de l’intelligence, qui est synonyme d’ouverture de l’esprit, que c’est le Président élu des Guinéens qui en porte la faute. Quel discours ? Quelle ineptie ?
La société des Hommes est une longue et permanente stratification qui formate la culture et les civilisations lesquelles construisent la mentalisation de l’individu, être singulier et particulier, surtout être social.Autant dire et reconnaître que le procès accusant le pouvoir actuel de tous les maux en Guinée n’est rien d’autre que la marque déposée de celle d’une génération héritière de ce passé non encore lointain de notre histoire politique qui, malheureusement, refuse de passer parce que le récit des faits traverse les âges sans qu’il ne soit éclairé par la lumière de la vérité historique ; c’est-à-dire celle qui décrit la production de l’évolution guinéenne telle que ça s’est passé de vrai . Il est temps que cela cesse !
Chers compatriotes,
Je suis revenu au pays depuis un certain temps. Une décision historique à dimension sacrificielle pour la génération d’expatriés guinéens.
L’embrassade de la patrie fut un choc non émotionnel, mais culturel. Je découvris qu’à mon insu, je n’appartenais plus culturellement à ce pays auquel j’ai toujours attaché le sens de ma vie. Le monde marchait, pour moi, par la tête en Guinée, le désordre constituait l’ordre, tel que je l’avais écrit , il y a de cela quelques années, que le Guinéen n’était pas digne de dignité, que la vérité, qui est son expression, n’avait droit de cité dans ses gestes, que se développe un individualisme sauvage trompé par un engouement factuel pour le social, que l’administration guinéenne était un saupoudrage qui voile la médiocrité et surtout le vol à ciel ouvert de ceux qui occupent une certaine position permettant d’accéder aux ressources financières constituées par l’argent du contribuable guinéen. J’ai compris que la minorité qui s’agrippe aux délices du pouvoir autour du Président guinéen est opposée au changement voulu par la majorité.
J’ai compris, au fil des jours, que j’ai été naïf en croyant que le changement signifiait simplement de changer la tête de l’exécutif, qu’il fallait parler, dire, crier fort le mot démocratie, qu’il fallait des élections libres et démocratiques comme transparentes. Non et non !
Le mal guinéen, c’est le Guinéen de la Haute administration ! Le malheur de ce beau pays, ce sont les hommes politiques qui refusent de dire la vérité des faits. La misère en Guinée a pour origine l’encensement de la corruption par tous. J’ai compris que le changement est avant tout une démarche de déconstruction de la mentalité ambiante du Guinéen et la construction d’une nouvelle mentalisation qui donne la priorité au respect du bien commun. C’est alimenter son être de la fibre patriotique.. Le socle du changement doit se reposer sur le respect de la propriété individuelle et collective. Apprenons ces principes dès 2015, alors le changement naîtra en terre guinéenne !
Si chaque Guinéen opère cette chirurgie sur soi, alors nous réinventerons la Guinée prospère, généreuse, protectrice, égalitaire et pourvoyeuse de bonheur partagé par tous ses enfants.
Puisse alors que le Tout-Puissant Allah accorder à chaque Guinéen, l’humilité nécessaire pour se laisser envahir par le sentiment d’appartenance nationale que par le régionalisme forcené, l’ethnicisme tueur des valeurs humaines collectivement acceptées dans la construction d’une nation qui se veut grande, rayonnante et puissante !
Que 2015 soit l’année du remodelage de notre conception de la pratique politique !
Que la nouvelle année, dans cet élan souhaité, éloigne de notre pays Ebola et le spectre de la désintégration souhaité, recherché et rêvé par nos compatriotes fréquentés par le démon de la division !
Je prierai le long de 2015 pour le changement du cœur endurci des revanchards alimentés par des années de mensonges et par la maladive ambition à multiples opérettes stériles.
Pour 2015, je prierai pour la paix sociale en Guinée sans laquelle aucune construction de quelle que nature que ce soit n’est possible !
Je souhaite à chaque Guinéenne et à chaque Guinéen bonne et heureuse année 2015 !
Conakry, le 05 janvier 2015
Jacques KOUROUMA