Mborré ! Rien ne t’a échappé et rien ne t’échappe d’ailleurs dans cet imbroglio politique accentué dans le bled avec l’avènement de Goby Condé qui avait ratiboisé la présidentielle de 2010 et trône depuis au Palais Gokhi Fokhè de Cona-crimes. De notre côté, depuis l’on ne quitte pas internet pour ne rien perdre de vue. Et sur internet, on a crié, on a envoyé des scuds à l’autocrate du patelin pour décourager Cellou Dalein Diallo, le chef de l’opposition guinéenne, à le rencontrer.
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Mbaring ! On n’a pas l’esprit mal tourné mais l’on a vite compris qu’il ne servirait à rien politiquement parlant que Cellou se rende au palais Gokhi Fokhè pour s’embringuer dans un dialogue de sourd.
Ecoutez ! L’on voit Cellou danser gracieusement « Gorko soussaye » (entendez : l’homme se doit d’être courageux) de Lama Sidibé, extrait de son tout nouveau album.
Mais avec ce tête-à-tête mal embringué au palais Gokhi fokhè, Cellou passe carrément pour un bolos, c’est-à-dire quelqu’un que l’on peut facilement berner. L’on a vraiment mal de voir Cellou prendre une gamelle de cette manière là, de se planter comme ça. Hé ! Cellou ne sait pas à qui il a affaire. Pendant près d’une heure, il s’est harassé à parler sans fard, à dire ce qui ne va pas dans le pays, et de son côté le drôle d’ostrogoth du palais Gokhi Fokhè a écouté sans broncher. Bouillonnant de mépris dans l’âme, Gobykhamé marmonne qu’il a bien entendu les jérémiades sorties de la bouche même du chef de ses ennemis politiques et qu’il se réserve d’écouter aussi ceux et celles qui ferraillent pour son maintien au trône avant de décider de quoi que ce soit. Ouille ! C’est un revers.
Afacaya ! Cellou est sorti du palais Gokhi Fokhès tendu comme un string. Il s’est mépris sur la petitesse d’esprit de Gobykhamé et il en prend pour son grade dans les critiques de l’échec de son tête-à-tête avec l’autocrate du bled. Goby s’est tout simplement foutu de sa gueule sachant que cette (censuré) qui pilote la mouvance présidentielle est en parfaite communion avec l’appétence du pouvoir de Goby.
Mborré ! Je ne comprends pas. On ne comprend pas. Je ne comprends pas les opposants guinéens. Je ne les comprends pas. Tous. De A à Z. Si seulement c’est possible d’installer des lecteurs de pensées dans leur tête pour lire comment ils comprennent la politique. Je veux savoir et je ne suis pas seul. On veut vraiment savoir. Parce qu’ils nous donnent l’impression d’être des naïfs. Or il n’y a pas de place pour les naïfs en politique. On s’explique.
A ce jour, ils sont 64 manifestants de l’opposition massacrés par les forces répressives du régime dictatorial de Goby Condé. Des dizaines de prisonniers politiques croupissent dans les prisons du patelin. Depuis qu’il trône au palais Gokhi Fokhès, chaque fois qu’il ouvre la bouche, Goby lâche la bonde à sa haine contre les peuls qu’il considère comme des empêcheurs de tourner rond.
Et le samedi 9 mai dernier, cet impénitent boutefeu débarque au stade de Kankan, calle bien son dentier dans sa bouche et excite ses nervis par cet appel à s’en prendre aux peuls en Haute Guinée comme au deuxième tour de la présidentielle de 2010 : « Si vous avez accepté le gouverneur Nawa Damey, alors qu’il est forestier, c’est parce que la Guinée appartient aux malinkés, aux forestiers et aux soussous. » Punto.
Au jugé, les Kankanais n’accepteraient pas un gouverneur peul dans leur ville. Ah, bon Dieu ! Pourquoi permettre un tel esprit dévoyé prendre la Guinée en otage ? Pourquoi ? En cas d’élections mettant au prise le parti au pouvoir et l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Goby aiguillonne de façon machiavélique l’esprit de ses féaux qui pratiquent la physiognomonie à massacrer du peul à Kankan et dans le reste de la Haute Guinée. Ce propos irresponsable de Gobykhamé donne froid au dos et devait suffire pour dissuader Cellou à aller au palais Gokhi Fokhè.
Mais tension… Ce n’est pas une raison de grimper aux rideaux et de hululer sur tous les toits que Cellou a « trahi ». Hé ! Retirez moi ce mot sékoutouréen de votre bouche. Cellou a trahi qui ? Arrêtez ! Non, arrêtez vos exagérations politiques ! Le fait qu’il soit allé au palais Gokhi Fokhè n’est pas une trahison. C’est plutôt une faute politique. Une grave erreur dans cette démarche politique de l’opposition à affiner sa stratégie pour culbuter le régime absolutiste de Goby Condé. Cellou croit certainement bien connaître la politique. Il devait impérativement donner une conférence de presse à la première heure du lendemain de sa rencontre avec Goby pour expliquer que c’est ce dernier qui bloque le dialogue politique en Guinée. Ayant constaté l’échec de sa rencontre avec Goby, il devait sur-le-champ chercher à rebondir dans les heures qui ont suivi leur tête-à-tête au lieu d’attendre le retour Goby parti en safari à l’intérieur du pays.
Malheureusement dans ses actes et dires politiques, Cellou ne semble pas écouter Voltaire : « Nul ne doit croire qu’il en sait plus que les autres, et que la raison n’habite que dans sa tête. » Dans l’ensemble, c’est un grand défaut de nos leaders politiques. Ils occupent le devant de la scène, bombent la poitrine dans leur prurit de gloire face à la foule de militants et croient tout savoir. Ah, non ! On vous laisse occuper le devant de la scène mais écoutez nous quand même. Ecoutez ce qu’on vous dit. Ecoutez les critiques. Ecoutez ceux qui vous critiquent pour mieux vous positionner dans votre duel avec Goby. Et l’acrimonie de Mamadou Billo Sy Savané est presque fondée dans une certaine mesure : « Sidya et Cellou, je les trouve immatures, je dis bien ils sont immatures. Ayant été premiers ministres, ils croient voir tout et comprendre tout. Ils se trompent. La preuve est qu’Alpha n’a jamais été premier ministre, mais il les a coiffés au poteau. » On vous critique parce qu’on est persuadé que vous êtes meilleurs que Gobykhamé. Vous êtes capables, compétents. Dans tous les cas de figures on vous croit plus performant que Goby qui plombe actuellement le pays à tout point de vue. Il urge de se débarrasser de lui pour espérer remettre le pays sur les rails de l’unité nationale. En effet après cette incartade commise au stade de Kankan, le fouteur de merde attitré du palais Gokhi Fokhè s’épanche dans une interview réalisée presque au cordeau dans Jeune Afrique habitué à monnayer ses pages aux dictateurs du continent en mal de publicité.
A l’interrogation de savoir s’il faut se cantonner à un mandat renouvelable une seule fois, Goby trouve que « La question est complexe. Les pays asiatiques ont fait des progrès économiques et sociaux considérables avec des dictatures. Aux pays africains, on demande de réaliser la même chose, mais avec des démocraties exemplaires, si possibles parfaites. »
Vous n’avez pas besoin de vous racler les méninges pour comprendre Goby dans son désir tyrannique à faire sauter la limitation du mandat au trône et à crever dans les siècles à venir d’une belle mort sur un lit douillet dans son palais Gokhi Fokhè. Il ne lâchera pas le kibaniyi. Parce qu’il se croit fort de quelque chose : l’aboulie de l’opposition à faire le siège de son système politique en vue d’une présidentielle démocratique, transparente, inclusive de tous les candidats.
L’on ne comprend pas le silence des leaders de l’opposition guinéenne par rapport à ce propos dictatorial de Goby dans Jeune Afrique.
Ecoutez ! Si vous voulez vraiment vous installer au trône, vous devez absolument traquer le tyran, monter au créneau chaque fois qu’il commet des bourdes, vilipender ses abus de pouvoir. N’attendez pas qu’on le fasse à votre place sur internet et sur les ondes des radios privées. Ripostez du tac au tac. Pas avec vos sempiternelles déclarations de parti qui en définitive achalent. Ecrivez à longueur de tribune, fabriquez des papiers genres éditoriaux pour marquer la différence avec Goby qui en est incapable. Vous, vous êtes à la hauteur. Vous êtes capables. Vous avez la verve. Vous avez la plume. Les interviews, y en a marre ! Question-réponse. Question-réponse. C’est achalant surtout si ça apparaît comme le sport favori des hommes politiques nuls qui s’y complaisent.
Ne vous laissez pas damer le pion sur le terrain de la communication dans les journaux, sur internet et à la radio. Goby Condé est intellectuellement limité. Il s’exprime en français comme une vache espagnole et il écrit très mal la langue de Molière. Mais connaissant la valeur de la communication, il commandite des articles et des interviews dans lesquelles ses propos sont bien arrangés. Ce n’est pas votre cas. Doncou ! Je vous exhorte à la plume et à occuper l’espace de la communication qui semble être le tendon d’Achille de l’opposition. Il a fallu beaucoup de coups de fil pour amener Bah Guérrémassoy, le vice-président de l’UFDG, à tacler dans un article Joan Tilouine qui vilipendait l’UFDG et les peuls dans sa paperasse, « Avec les gangs de « l’axe », mercenaires politiques de Conakry », parue le 24 avril 2015 dans Le Monde. Personne d’autre dans l’opposition guinéenne pour prendre sa plume et porter la contradiction à Joan Tilouine. Et on dit qu’on fait de la politique. Il faut que ça bouge dans le sens « du changement de régime en 2015 » comme vient de le marteler Sidya Touré de l’UFR. En effet « La finalité, c’est l’alternance en 2015. Si au cours de ce dernier mois, nous n’en prenons pas le chemin, il est temps d’avoir une stratégie novatrice. » Tout autre simagrée politique qui ne privilégie pas ce changement de régime en 2015 en Guinée « n’a tout simplement aucun intérêt. » Seulement, Sidya ne précise pas sa pensée politique pour imprimer cette alternance en 2015. Comment y arriver ? Parce qu’une chose reste claire : Goby Condé est imbattable dans les urnes même si les opposants du monde entier votent contre son maintien au trône face à ses supporteurs coalisés qui ne font pas en vérité le nombre électoral. Goby les manipule. Il les intoxique d’idées claniques, ethnocentriques, régionalistes. Malagui Soumah rapporte dans son livre, « La démocratie sans le peuple », publié en 2006, ce propos imbécile de Goby Condé au temps fort du régime de Lansana Conté : « Tout Malinké qui est avec Lansana Conté est un bâtard. »
Et aujourd’hui dans Jeune Afrique, Goby se fait passer pour un panafricaniste, et accuse plutôt les peuls de clanisme : « le tribalisme ne fait pas partie de mon itinéraire. Contrairement à certains cadres de l'opposition, qui pensent que seuls les Peuls sont capables de diriger la Guinée, je ne me nourris pas de ce pain-là. » Quel menteur ! Quel manipulateur ! L’illustrissime autocrate de la Guinée voit la paille dans l’œil de son voisin, comme le dit Fernando Vallejo, et il ne voit pas la poutre dans le sien. C’est lui qui a exacerbé la division ethnique en Guinée. Amadou Sékou Touré, le premier dictateur du pays, est l’instigateur de l’ethnocentrisme dans le pays et Gobykhamé use à outrance de cette haine ethnique entre Peuls et Malinkés.
Et toujours dans son bavardage du 9 mai dernier, le muletier du palais Gokhi Fokhè scande ce grossier mensonge politique : « Quand je venais au pouvoir, les malinkés avaient leurs bouches dans le sac. Ils ne pouvaient pas parler le maninka à Conakry. » Non seulement c’est faux. Mais c’est quoi avoir « leurs bouches dans le sac » ? C’est ça le vrai parler de Goby qui prend les gens dans Cona-cris pour des chevaux. Goby affabule.
Dans les familles de mes oncles et de mes tantes, on parlait librement « le maninka » à Kipé, à Nongo, à Sig Madina, à Kaloum, partout dans Cona-cris. Dans les familles de Ousmane Kaba, de Marcel Cross, de Aboubacar Sakho, de Ibrahima Condé, de Abdoulaye Condé, de Issa Condé de la télé bidon, du capitaine Manou Cissé de la gendarmerie nationale, du citoyen lambda de l’ethnie « maninka », on papotait bel et bien en « maninka ». Aucun Malinké n’avait sa « bouche dans le sac » comme un cheval qui boulotte la gueule plongée dans un sac attaché à sa tête. C’est lui, Goby Condé, qui avait plutôt sa « bouche dans le sac » et que les Guinéens ont libéré.
Afakoudou ! Goby ne lâchera pas du lest. Il fera feu de tout bois pour rester scotché au trône. Pour ce faire, il use du mensonge, de l’affabulation, de l’intimidation, du crime. Il use aussi de propos sibyllins pour se faire passer de ce qu’il n’est pas : un oracle. « Ceux qui m’empêcheront de réussir ne sont pas encore nés. » Quelle fanfaronnade ! Quel babillage enfantin ! C’est quoi ça ? Comment un prétendu professeur de droit, un leader politique qu’on dit avoir côtoyé des hommes politiques en France, peut parler comme un vulgaire muletier ?
Nous sommes nés depuis un certain nombre d’années. Et notre combat c’est le développement des populations guinéennes et de la Guinée. Nous sommes un adversaire résolu de la dictature, de l’absolutisme, de l’autocratie. Nous t’empêcherons, Goby, de réussir à nous diviser. Ceux et celles qui naîtront après ta mort apprendront dans les manuels d’histoire la livrée de ton régime fondé sur le clanisme.
Voyez-vous ! L’on ne fait pas du plat à l’opposition parce qu’on ne veut pas qu’elle se comporte comme Goby quand elle accédera à la magistrature suprême. On doit sentir la rupture totale dès après les deux premières années de son élection au pouvoir. Pour cela, il faut qu’elle intègre toutes les critiques dans son disque dur, et savoir que son ambition est nationale : asseoir en priorité une justice libre et indépendante, lutter contre l’insécurité, prodiguer dans le pays un enseignement de qualité de l’école primaire à l’université, assurer des soins de santé à toutes et à tous, créer des emplois sur tout le territoire national, consacrer la liberté du Guinéen à choisir son camp politique sans être stigmatiser pour son appartenance ethnique, lutter contre les détournements de deniers publics et l’enrichissement illicite, rétribuer chaque Guinéen en fonction de sa capacité, bannir le clanisme et l’ethnocentrisme dans la sélection des compétences dans la fonction publique, goudronner les routes dans Cona-cris et dans le reste du pays, fournir vingt quatre heures sur vingt quatre l’eau et l’électricité aux populations guinéennes, rendre la parole libre aux journalistes des médias d’Etat, batailler résolument contre la pensée unique source de toutes les merdes dans le bled. Pour tout ça on combat Goby. Pour tout ça on critique l’opposition guinéenne pour l’aider à réussir.
Benn Pepito