Alors qu’il avait tout intérêt à se faire oublier et passer le reste de sa vie dans les mosquées, les églises ou les temples pour se faire pardonner d’avoir traumatisé les Guinéens pendant son heureusement court « règne », Moussa Dadis Camara, l’ex-putschiste qui a fait régner la terreur dans son pays, se croit de nouveau investi d’une mission. Celle de refaire de la Guinée, la risée de l’Afrique. Le monde civilisé permettra-t-il à ce soldat sorti des ténèbres de se refaire une virginité alors qu’il a tout son être, de la tête aux pieds, souillé par le sang d’innocentes victimes abattues dans un stade clos comme du gibier ?
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Il ne faut jamais pardonner au lieutenant Toumba Diakité. Jamais. Un militaire d’élite de sa trempe a commis une erreur fatale ce 3 décembre 2009 qui mérite…le peloton d’exécution. Tirer sur un sanguinaire à bout portant et « rater » sa cible pour éliminer un simple garde-du-corps obligé de se jeter sur le corps de Dadis Camara pour lui sauver la vie est impardonnable. Pour cette maladresse-là, si Toumba Diakité a permis à la Guinée de mettre hors d’état de nuire (un temps) un soldat iconoclaste récidiviste (qui n’a jamais respecté sa hiérarchie), elle n’a apparemment pas totalement résolu le problème. Puisque sauvé in extrémis, soigné, logé et nourri comme un roi pendant cinq ans, (contrairement à ses victimes et leurs familles) voilà l’homme de Koulé qui refait surface pour oser se présenter à l’élection présidentielle prévue en fin d’année ; il a le droit dit-on. Gravissime sacrilège pour ce pays où finalement n’importe qui, vraiment n’importe qui se croit investi du pouvoir d’insulter l’intelligence des Guinéens en prétendant leur apporter le bonheur.
Ce n’est qu’en Guinée hélas, qu’un homme comme Dadis Camara, à travers le plus grave accident de l’Histoire du pays, peut s’emparer du pouvoir suprême pour étaler à la face du monde, sa mégalomanie, ses crises d’hystérie, sa piètre formation, ses nombreuses tares physiques et intellectuelles. Sorti des cuves des hydrocarbures de l’armée, Moussa Dadis Camara qui a gagné ses galons à coût…de bons de carburant volés et distribués des années durant à ses chefs et à ses subordonnés alors que ses « frères » d’armes combattaient les rebellions pour sauver le genre humain, a plongé la Guinée dans une déchéance totale en l’espace d’une seule année de pouvoir couronnée par les tragiques événements du stade du 28 septembre. Événement pour lesquels, (eux seuls) la justice a rattrapé cet homme excentrique au comportement rustre.
Le plus dramatique dans cette histoire démentielle, c’est l’amnésie totale qui semble frapper d’un coup de massue, de nombreux Guinéens par rapport à ces viols collectifs de femmes (parmi lesquelles certaines ont attrapé le sida),ces répressions sauvages orchestrés volontairement en plein jour, pour réduire au silence à jamais (Cellou Dalein Diallo fût ainsi obligé de faire le mort…pour rester en vie sur la pelouse ensanglantée du stade) l’ensemble des leaders politiques guinéens.
C’est d’ailleurs une autre tragédie aux conséquences incalculables de voir le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée, cet homme élégant, cultivé et courtois, intelligent et rationnel, brillant intellectuel et technocrate, s’allier à un diable (le mot n’est pas de trop) avec qui il n’a rien, strictement rien en commun, sinon la volonté de prendre sa revanche sur Alpha Condé aux prochaines élections. Stratégie risquée. Car, entre Cellou et Dadis, scandaient les militants de l’UFDG, c’est comme le jour et la nuit, « le premier est clair comme l’éclat du soleil, le second est noir comme les fins fonds de l’enfer » entendait-on dans des chansons improvisées des jeunes de Bambéto. Oublier ! Mais question : ce que Sidya Touré n’a pas pu « offrir » à Cellou Dalein en 2010, c’est Dadis qui pourra le faire en 2015 ? Laissons le temps au temps, prophétise cet ancien ministre, ami du leader de l’UFDG. Pas de quoi…
Bien évidemment en attendant l’issue des élections, il faut le souligner avec force pour paraphraser Jean-Marie Doré, la Forêt mérite mieux que Dadis. « Les Forestiers, ce valeureux peuple digne et fier, travailleur et honnête devant l’Eternel, cherchait depuis longtemps un chef. Un énergumène sort du trou, sans réfléchir, on lui met la couronne sur la tête ». Heureusement pas tard pour la lui ôter. Avec son inculpation, Moussa Dadis doit absolument répondre de ses odieux crimes (pour lui comme pour d’autres criminels de sa trempe, la présomption d’innocence peut être bannie sans enfreindre les dispositions de la loi) et retrouver sa place en prison en attendant que Dieu ne crée pour lui un enfer taillé sur mesure car ce petit capitaine ne mérite même pas l’enfer tel que décrit dans les Livres révélés.
Et il faut désormais faire vite, non pas pour tenir compte d’un quelconque calendrier électoral, mais parce que les 150 morts du stade du 28 septembre et les nombreux autres enfouis dans des fosses communes attendent justice depuis de longues années. Ni pour la stabilité du pays, ni pour faire plaisir à un électorat à conquérir, le soldat Dadis ne doit être sauvé cette fois-ci. Ce que Toumba n’a pas su faire avec professionnalisme le 3 décembre 2009, la justice va s’en charger pour que plus jamais, les crimes de masse du stade du 28 septembre ne se reproduisent en Guinée.
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