Première partie : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » Winston Churchill…
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La violence d’Etat et les crimes de sang du Parti-Etat P.D.G-R.D.A de l a Première république et ceux des différents régimes qui ont suivi jusqu’aujourd’hui hanteront continuellement la conscience collective des guinéens tant que nous ne les aurons pas exorcisés par une Conférence Nationale Vérité-Justice-Réconciliation, car le Système politique guinéen de parti-Etat qui a cours, est toujours dans le déni de son Histoire !
Sinon comment expliquer que depuis la fin de la dictature de la première république, « avec tant d’années de pouvoir autoritaire, d’anomalies meurtrières et manquements graves à la dignité de la personne humaine et au droit des gens »(cela fait maintenant 32 ans ), il n’y a jamais eu de véritable remise en question de ce système de parti-Etat ?
Ainsi le pays tourne indéfiniment et inlassablement en rond dans un climat de violences, d’injustice, où les divisions, les antagonismes, la corruption, l’insécurité, l’impunité, le népotisme et le clanisme sont désormais endémiques.
Ce Système de mal-gouvernance, de parti-Etat en place, refuse de reconnaître son passé. Certains guinéens ne veulent pas entendre parler des crimes de sang de notre macabre histoire politique dans ce qu’elle a de réel et de vrai.
La dernière sortie de Monsieur MadingDiané ex-ministre de sécurité, thuriféraire du P.D.G-R.D.A. est un éloquent exemple de ces guinéens. Ils veulent occulter, voire faire oublier aux jeunes générations notre douloureuse histoire postcoloniale dans sa réalité et dans sa vérité. Et cette volonté de faire oublier notre passé nous condamne à le vivre sempiternellement !
C’est un interminable recommencement de crises, de blocages et d’échecs sur un fond de mal-gouvernance depuis près de soixante ans ! ET la raison principale de cette situation vient du fait que les pouvoirs successifs refusent de tourner ces funestes pages de son histoire, c’est -à-dire refusent d’accepter et d’assumer le passé pour pouvoir ensuite le solder à travers un Débat National Inclusif. Lequel Débat permettra à l’ensemble de la Guinée d’établir la Vérité historique, rendre Justice en réhabilitant la mémoire de nos victimes, c’est le gage d’une vraie et sincère Réconciliation !
« Seul un tel Débat National nous donnera l’occasion de nous débarrasser d’un passé de haines et d’humiliations pour remettre le pays sur la voie du changement, de l’Unité véritable. » Pr Alfa. Ibrahima .Sow( paix à son âme)
« Un peuple qui oublie son passé, son histoire, ses racines, n’a pas d’avenir. La mémoire, reposant fermement sur la justice, éloignée de sentiments de vengeance et de haine, transforme le passé en source d’inspiration pour construire un avenir de convivialité et d’harmonie, en nous rendant conscients de la tragédie et l’absurdité de la violence. » Le pape François
Personnellement deux questions m’obsèdent et me tourmentent, depuis longtemps.
Premièrement :
Pourquoi les patriotes guinéens honnêtes et sincères qui cherchent à connaître et faire connaître la vérité sur notre pays ne se mettent pas ensemble pour demander au pouvoir en place des Assises Nationales ?
Il importe très peu le nom que l’on donnera à ces Assises Nationales, l’essentiel est qu’elles soient représentatives de l’ensemble du peuple guinéen dans toutes ses composantes. Nous pourrons appeler des Assises comme nous voulons : Concertation nationale, Congrès national, Colloque national, Forum national, Rencontre nationale.
Au lieu de nous battre pour organiser ce Vrai Débat National Inclusif, la plupart du temps nous sommes dans les invectives et les polémiques, à coups d’arguments et contre-arguments. Ces démarches ne nous donneront pas la vérité sur les crimes des différends régimes ; chacun ayant sa vérité sur chaque époque et chaque régime.
Deuxièmement
Pourquoi la classe politique dans son ensemble : Pouvoir et Opposition confondus ne veulent pas d’un Vrai Débat National inclusif ?
Lequel Débat inclurait toutes les composantes de la nation : Le chef de l’Etat, Les partis politiques Le gouvernement, l’Assemblée nationale, l’Armée ; Les coordinations régionales, La ligue Islamique, Les représentants des Eglises catholique et protestante, Les syndicats, Les associations de la société civile Les organisations humanitaires. Les associations de jeunesse et d’étudiants Les associations de femmes.
Tous se sont enfermés dans l’électoralisme, sachant très bien qu’aucune élection transparente ne pourra se faire avec le pouvoir actuel ? Le dialogue inter-guinéen s’est réduit à de simples accords électoralistes, c’est-à-dire à un partage de gâteau ! Toute la classe politique est enlisée dans des chamailleries subalternes qui ne sont pas à la hauteur des enjeux actuels !
Il faut rappeler que c’est le Système de parti-Etat qui a encore cours dans notre pays et la violence lui est consubstantielle.
Toutes nos élections ont été source de violences pour la simple raison que :
« Pour la plupart des candidats, la compétition électorale est une question de vie ou de mort ; de sorte qu’aucune élection, aujourd’hui, ne peut s’organiser dans la sérénité requise, sans violences et sans dangers pour l’unité nationale » Pr Alfa .I.Sow.
Voici ce que dit Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique de HumanRights Watch.
« Tant que la vérité n’aura pas été faite et que justice n’aura pas été rendue, les violences électorales se poursuivront en Guinée. L’ouverture d’enquêtes sur ces crimes représentera une grande avancée en vue de mettre un terme au cycle de la violence et de l’impunité qui mine de longue date le respect des droits en Guinée »
Le pouvoir a organisé les états généraux de l’éducation, de la pêche, le président Alpha Condé ne fait que rencontrer les différentes catégories socio-professionnelles : les imams, les opérateurs économiques, les paysans, les syndicats….Malgré toutes ces tentatives, au final le fonctionnement de l’Etat reste désespérément bloqué pour la simple raison que c’est tout le Système du pari-Etat qui sévit toujours en Guinée avec son cortège d’injustice, d’insécurité, et d’impunité . Il est plus que temps pour le pays d’organiser les états généraux de la Bonne Gouvernance, pour définitivement mettre fin au Système en place !
C’est ce Système qu’il faut liquider, car il est compatible avec la vérité, la justice, la paix sociale et le développement socio-économique.
Le président Alpha Condé vient de le reconnaître et de dire lui-même
‘’Des solutions internes existent en Guinée. Malheureusement, avec la faiblesse de l’organisation de l’administration, on n’a pas pu les intégrer. Il ne s’agit pas de dire qu’on va punir tel ou tel, c’est un système. Il faut changer complètement le système’’. Président Alpha Condé.
C’est l’occasion de rappeler ce que le Professeur Alfa Ibrahima Sow a écrit à ce propos :
« Il faut à ce pays des explications crédibles sur son passé récent ; et un engagement solennel des principaux acteurs et animateurs de la vie politique, économique, sociale, et culturelle aussi bien devant notre peuple que devant le monde à renoncer définitivement à nos mauvaises habitudes…
« Quel le guinéen responsable et honnête qui pourrait sérieusement prétendre que la Guinée dans sa situation actuelle n’appelle pas de ses vœux une Conférence Vérité-Justice-Réconciliation ? Car jamais, dans la confusion actuelle son peuple n’acceptera de retourner au travail, à la discipline et aux sacrifices que requiert le nouveau cours des choses. » Pr A.I.S.
Vive laPaix
Vive la Guinée
Docteur Bakary Diakité