La Guinée à l’ère de l’incohérence et de toutes les contradictions possibles. Le 4 septembre dernier le chef de l’Etat dans une adresse à la nation instruisait son Premier ministre de conduire une consultation nationale sur « tous les sujets d’intérêt national », entre guillet parce que l’expression aura tout son sens dans cette réflexion.
Depuis la fin de ces fameuses consultations qui auront mobilisé au moins un mois, beaucoup d’eau ont coulé sur le pont, et jusqu’ici aucune décision du destinataire à l’origine de cet encartage politique. Cependant, des faits politiques il y en a eu depuis et qui ont changé le cours des évènements. Entre la convocation du corps électoral pour les élections législatives du 16 février prochain et le début des recensements y afférant, les incohérences de la classe politique se dévoilent au jour le jour tel un trou béant au milieu du désert.
L’incohérence de la stratégie politique du président de la république
En demandant au Premier ministre d’instruire les consultations nationales inclusives le 4 septembre, le Président de la république avait fait preuve d’une grande ouverture politique à travers l’exercice d’un instrument éminent politique en démocratie qu’est la consultation inclusive. Et de quelle manière, en fixant au préalable qu’aucun sujet ne sera tabou, ce qui implique que les acteurs socio-politiques pouvaient exprimer à Kassory Fofana tout ce qu’ils avaient sur la patate.
Depuis la fin de ces consultations et la transmission par le Premier ministre d’un rapport synthèse ou plutôt d’une transcription des propos tenus par les uns et les autres, il y a silence radio du côté de la présidence. Ce silence est d’autant lourd qu’il donne l’impression à l’opinion d’un enterrement des conclusions de ladite consultation.
Pour en rajouter à la confusion, on apprenait hier l’ouverture du cadre de dialogue politique inter-guinéens, piloté sous la supervision du même Premier ministre à moins qu’on ait changé de Premier ministre entretemps. On est à même aujourd’hui de se demander que veut au final le Président de la république ? cette attitude est d’autant plus malheureuse qu’elle donne l’impression d’une majorité présidentielle à deux visions totalement opposées. La réprobation du communiqué de la présidence de la république le soir du 14 octobre par le parti au pouvoir, la mise à l’écart de ce dialogue de Amadou Damaro Camara patron de la majorité, en sont les illustrations de ce cafouillage si elles étaient à apporter.
On nous explique que ce dialogue politique aura pour cadre les élections passées (le parachèvement des communales) et futures (les conditions d’organisation des élections législatives). Pourtant, les consultations menées par le Premier ministre avait justement pour objet l’organisation des élections et l’opportunité ou non d’un changement de constitution, les ‘’sujets d’intérêt national’’ dira le chef de l’Etat. Les principaux opposants au régime ont non seulement boycotté ces consultations mais ils ont également mis en doute la légitimité du Premier ministre à conduire de telles consultations après avoir lui-même donné son avis dans le débat sur la constitution en engageant l’ensemble de son gouvernement. Les mêmes qui boycottaient hier le même Premier ministre lui trouvent aujourd’hui très beau et reviennent lui faire des bisous. L’amour quand tu nous tiens !
Dès lors, nous pouvons aujourd’hui considérer que les consultations de Kassory Fofana ont été inutiles. Elles ont été une perte de temps et un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Un mois pour rien sinon que pour blablater ou se faire des selfies devant les caméras. Ces consultations n’ont d’autant plus servi à rien que le Président de la république lui-même est descendu dans l’arène politique pour promouvoir sa nouvelle constitution dans un relent de campagne à peine voilé au travers de meetings géants à l’intérieur du pays.Ces contradictions sont aussi concomitantes à d’autres au sein de l’opposition et sa nouvelle trouvaille du FNDC.
Au FNDC, une contradiction qui pourrait sonner le ‘’la’’ du mouvement
La contradiction n’est pas seulement que du côté du pouvoir, elle existe aussi chez le FNDC. Comme rappeler depuis le début, les consultations avaient été initiées pour discuter de tous ‘’les sujets’’ y compris celui de la constitution, le FNDC avait refusé de s’y rendre pour des raisons, dit-il de cohérence. Mais aujourd’hui, avec le lancement de ce dialogue inter-guinéen sous l’égide du même Premier ministre, une partie importante du FNDC celle politique dit trouver l’opportunité d’aller dire ses 4V au gouvernement comme si elle ne pouvait pas le faire lors des désormais « consultations inutiles nationales ». Pour souligner qu’on peut dire non hier et dire oui aujourd’hui, l’amour est sans doute éternel au sien de la classe politique.
L’on se souvient des critiques acerbes de cette même opposition contre uns des leurs en l’occurrence le leader du parti UGDD Bah Oury, le traitant de tous les péchés d’Israël pour avoir tout simplement essayé d’être constructif dans un nuage épais de nombrilisme politique. Celui qui était considéré hier comme le parrain du tripatouillage constitutionnel en Guinée devient comme par enchantement le vénérable Premier ministre fréquentable. Pour se justifier auprès de leurs militants d’une telle incongruence politique, le chef de file de l’opposition dira que le « dialogue n’a pas à son ordre du jour, la question de la constitution » de qui se moque-t-on là ?
Cependant le risque pour le FNDC est existentiel. Il l’est d’autant plus que le mouvement peut en sortir complètement déchausser de ses forces. Ainsi, ce dialogue politique, les élections législatives vont sans doute mettre fin aux illusions presqu’idéalisées, de ceux-là qui pensent que le FNDC est le grand manitou qui va mettre au pas les fossoyeurs, comme ils les appellent. L’implosion de cette structure promotrice de la pensée unique est programmée, et le coup de grâce sera donné par ses propres membres.
Les raisons de cette implosion annoncée résident d’une part, dans la nature même du FNDC qui est une organisation informelle. De ce point de vue, elle ne peut pas prétendre à de subventions publiques outre que les cotisations de ses membres. Avec les élections législatives qui arrivent, le puit va se tarir car les bailleurs du FNDC auront des chats à arroser pour ne pas dire à financer. Et le mouvement finira comme il a commencé, c’est-à-dire la fabrication de communiqués grandiloquents au contenu intellectuellement vide qui frisent parfois le ridicule.
D’autre part, le FNDC ne tient que par la bénédiction de sa tendance politique. Sa force de mobilisation reposant sur le poids des formations politiques à l’image de l’UFDG même si on se refuse bien de l’admettre, avec les élections qui pointent à l’horizon, les énergies seront mobilisées pour la campagne électorale, et le FNDC sera cette pacotille, jolie de l’extérieur mais vide de l’intérieur.
Si le dialogue politique est utile dans un pays et qu’il faut le privilégie aux postures belliqueuses et aux discours outranciers, avoir une orientation claire, une stratégie de conduite cohérente au service de la loi est toujours mieux.
Par Alexandre Naïny BERETE, diplôme de Sciences politiques, étudiant en master 2 de droit social, Gestion des ressources humaines, France
Concours de presse Yaguine et Fodé 2019 : Les noms des vainqueurs dévoilés
Les noms des gagnants du concours de presse organisé par l’association des femmes journalistes de Guinée (A FJ G), portant sur le phénomène de la migration, ont été dévoilés mardi à la maison de la presse.
Quatre meilleures productions journalistiques sur ce phénomène ont été primés. Pour la catégorie télé c’est Algassimou Bah, de la télévision Espace TV qui a raflé le prix. Ibrahime Kindi Bah de Bonheur Fm gagne dans la catégorie radio, alors que Maïmouna Bangoura du site laguinéenne.info et Aboubacar M’Mah Soumah du journal Horoya remportent respectivement dans les catégories presse en ligne et presse écrite.
«L’objectif de ce concours était d’améliorer la couverture médiatique des questions migratoires, de faire participer les médias dans la sensibilisation des jeunes et des femmes sur les risques liés à la migration et renforcer l’accès de l’opinion publique notamment les jeunes et les femmes à l’information sur les questions migratoires par la production de contenues de qualité sur la migration», a indiquée Kadiatou Yaya Sall, coordinatrice du projet.
Ce concours est organisé aussi pour rendre hommage aux deux adolescents guinéens (yaguine et Fodé) qui, pour la recherche du bien-être ont péri dans le train d’atterrissage d’un avion en partance de l’Europe.
Alpha Amadou Diallo