Alpha Condé a-t-il été repêché au premier tour des présidentielles de 2010 au détriment de Sidya Touré ? Les dernières revelations deTibou Kamara…

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Près de 5 ans après la tenue du premier tour de la présidentielle de 2010, l'histoire commence à livrer ses secrets sur les résultats du vote, largement dominé par Cellou Dalein Diallo, suivi d’Alpha Condé puis de Sidya Touré.

L'on se souvient, qu’à l'époque, de nombreuses voix dont celles des responsables de l’Union des forces républicaines (UFR) avaient crié à la fraude, arguant que les autorités de la transition, à leur tête, le général Konaté, avait organisé des fraudes pour permettre à Alpha Condé du RPG de se qualifier au deuxième tour avec Cellou Dalein Diallo au détriment du candidat de l'UFR, Sidya Touré.

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Aujourd'hui, nous en savons un peu plus sur ce qui s'est véritablement passé entre le général Konaté, ancien président de la Transition, l'ancien président de la CENI, feu Ben Sékou Sylla, et l'ancien « tout-puissant » ministre d'Etat secrétaire général à la Présidence.

 

Acteur clé de la transition de 2010, Tibou Kamara a tenu à faire la lumière sur cet épisode de leur règne. Selon lui, au premier tour de la présidentielle de 2010, Alpha Condé n'a jamais été favorisé au détriment de Sidya Touré.

 

Explications : « Il n’y a jamais eu de modifications de résultats au premier tour au détriment de monsieur Sidya Touré. Je voudrais, d'abord, rappeler que Ben Sékou Sylla, paix à son âme, issu de la société civile, soupçonné et accusé souvent d'être un proche de Sidya Touré, était, à l'époque, le président de la CENI.

 

Je voudrais qu'on revienne un peu sur ces faits. Et qu'on décrive le profil du président de la CENI et le contexte de l'époque pour bien comprendre qu'on ne pouvait pas se rendre coupable d'une fraude au détriment de Sidya Touré.

 

Au premier tour, Ben Sékou Sylla est venu avec les résultats du premier tour pour en informer le général Sékouba Konaté en sa qualité de président de la transition, avant la publication officielle des résultats.

 

Information. Pas modification, pas arbitrage. L'informer, lui donner la primeur des résultats du premier tour avant leur publication officielle. Il n'était pas question de lui demander un avis, il n'était pas question de recourir à son arbitrage. Il s'agissait tout simplement de l'informer selon une courtoisie républicaine et une tradition de collaboration franche et loyale entre les institutions de la transition.

 

Donc, Ben Sékou est venu avec les résultats tels que sortis des urnes: Cellou (candidat de l’UFDG, ndlr) de loin en tête, suivi d’Alpha Condé (candidat du RPG, ndlr), et troisième, Sidya Touré (candidat de l'UFR, ndlr).

 

Dans les explications qu'il (Ben Sékou, ndlr) a données, il a fait comprendre qu'il y a un article du code électoral qui, d'ailleurs, a été supprimé lors des sessions de dialogue qui ont suivi l'avènement d’Alpha Condé au pouvoir, il (Ben Sékou, ndlr) a invoqué donc un article du code électoral pour dire qu'il y a la possibilité d'annuler les élections là où il estime que l'échelle et l'ampleur des fraudes en affectent la sincérité.

 

Donc, Ben Sékou a expliqué au général Sékouba Konaté, qu'à l'issue de son arbitrage discrétionnaire, sur la base de cet article du code électoral, il avait entrepris d'annuler les élections dans les circonscriptions favorables à Alpha Condé, donc de modifier l'ordre d'arriver au premier tour.

 

Au lieu donc qu’Alpha vienne après Cellou, qui est premier de loin, que ce soit Sidya Touré après modification des résultats, suite à l'annulation des élections dans les circonscriptions favorables à Alpha Condé. Et ainsi, Alpha Condé tombe à la troisième place.

 

On lui a demandé après de bien nous expliquer parce qu'il s'agissait quand même, vous en conviendrez avec moi, d'une décision très grave qui engageait le destin d'un homme qui était à sa dernière chance et qui aurait pu affecter la paix sociale dans le pays.

 

Donc, on ne peut pas dire que, par un coup de baguette magique, j'annule les résultats de telle circonscription et l'ordre du classement changement. Il y en a un qui était éliminé, qui est qualifié, et il y en a un qui était qualifié, qui est maintenant éliminé.

 

Il fallait donc beaucoup d'explications convaincantes pour aboutir, quand même, à ce changement qui est spectaculaire. Quand Ben a donné les explications, j'étais là, j'ai écouté ‒ on était que trois ; le général Konaté, Ben Sékou et moi-même, Dieu nous en était témoin ‒, il n’y avait pas une autre personne que nous trois.

 

Quand Ben a expliqué que Sidya allait remonter à la deuxième place et qu’Alpha, à la suite de son arbitrage, était éliminé pour le deuxième tour, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt Le général n'intervenait pas dans le débat, et après, j'ai pris la parole pour lui dire : "Mais Ben, tu annules les élections dans les circonscriptions d’Alpha Condé parce que tu estimes que l'ampleur des fraudes est telle que la sincérité des résultats en souffre. Mais, je te ferai remarquer que, d'ailleurs, la Cour suprême confirmera cette opinion après, que dans la plupart des circonscriptions, compte tenu de l'impréparation de l'élection, et la précipitation à aller au premier tour alors que les conditions d'une élection rigoureuse n'étaient pas réunies, il y a eu des irrégularités dans toutes les circonscriptions, il y a eu des fraudes partout et d'ailleurs, il y a un article du code électoral qui stipule que tous les bulletins qui n'étaient pas dans des enveloppes étaient nuls et non avenus. Sur toute l'étendue du territoire national, on a voté sans enveloppes. C'est une cause de nullité à l'ensemble du scrutin conformément à un dispositif du code électoral. Donc, on ne peut pas faire deux poids, deux mesures. Ou on fait un arbitrage qui concerne l'ensemble des circonscriptions ou alors on laisse les résultats en l'état et on les transmet à la Cour suprême qui est une institution habilitée à annuler une partie, la totalité des résultats ou à les valider tels qu'il lui a été soumis.

 

La Cour suprême a cette autorité, cette compétence et bénéficie d'un préjugé beaucoup plus favorable que nous. J'ai même donné l'exemple. J'ai dit qu'en communication, comme dans les pays développés, la perception compte beaucoup plus que la réalité. Toi (Ben Sékou ndlr), caricaturalement, tu es supposé être proche de Sidya, Moi, Tibou, je suis rangé proche de Cellou Dalein Diallo. Tant que nous, l'un et l'autre, ne faisons pas un arbitrage de celui qu'on croit qu'on est proche, on ne peut nous reprocher de rien. Mais, moi, même un arbitrage bien-fondé que je rendrai en faveur de. T. Cellou ne serait pas crédible. Parce que dans l'esprit, dans la conscience de tous les Guinéens, je suis un ami et un proche de Cellou. De même, dans l'esprit et la conscience de beaucoup de Guinéens, tu roules pour Sidya.

 

Si, donc, tu élimines Alpha par le fait de ton arbitrage discrétionnaire, pour favoriser Sidya, ça ne passera pas dans l'opinion. Moi, ce que j'ai soutenu, je l'assume pleinement, nous laissons les résultats tels que sortis des urnes, tes remarques et tes observations, tu (Ben Sékou, ndlr) les consignes dans un rapport qui accompagne les résultats au niveau de la Cour suprême qui va statuer sur la régularité des élections et décide de qui est qualifié, qui est éliminé pour le second tour.

 

Mais, pour les résultats, je le maintiens, tels que sortis des urnes, tels que voulus par les électeurs  Cellou, premier, Alpha, deuxième et Sidya troisième."

 

Après ces explications tout à fait libres avec Ben Sékou, qui a quand même reconnu la pertinence de mes arguments, on a décidé à trois (Konaté, Tibou et Ben Sékou, ndlr) de laisser les résultats en l'état et de maintenir l'ordre initial tel que sorti des urnes. (…) », s'est défendu l'ancien bras droit du général Konaté.

 

Très en verve, Tibou Kamara a tenu à mettre le doigt là où ça fait mal. L'ancien journaliste a dit haut ce que tout le monde pense bas, à savoir que le vote est purement et simplement « ethnique » en Guinée.

 

Pour cet ancien haut responsable de la transition version Konaté, tant que le vote sera en Guinée ce qu'il est aujourd'hui, le leader de l’UFR n'aura aucune chance de battre ni Alpha Condé, encore moins Cellou Dalein Diallo.

 

« Le vote en Guinée, tout le monde le sait, c'est un vote ethnique. C'est dommage. Mais, il faut dire les choses telles qu'elles sont. Pour l'instant, le vote en Guinée est un vote ethnique. Les deux grandes communautés en Guinée, ce sont les Malinkés et les Peuls.

 

Et, jusqu'à preuve du contraire, Dalein fait le pleins de voix au Fouta, Alpha Condé fait le plein de voix en Haute Guinée qu'il ne partage pratiquement avec personne.

 

Comment Sidya, qui a l'essentiel de son électorat en Basse Côte, avec le pourcentage à l'échelle nationale qu'on reconnait à la Basse Côte, peut arriver avant Alpha Condé pour se qualifier avec Cellou ? La preuve de ce que je dis est très simple. Parce qu'on peut le lire à travers les résultats qui ont suivi après notre départ ‒ je n'étais pas là, le général Konaté n'était pas là, aucun acteur de la transition n'était en place ‒. Mais tant que la réalité des clivages ethniques va demeurer, autant de fois qu'on fera des élections, ce sera toujours entre Alpha et Cellou, l'un premier, l'autre deuxième dans l'ordre que les électeurs décideront en attendant qu'il y ait une conscience électorale pour changer la dimension ethnique des élections.

 

Comment pouvez-vous imaginer que Sidya soit avant Alpha Condé dans un vote ethnique avec les deux communautés qui se livrent à une lutte d'hégémonie ethnique ?

 

La preuve, les élections législatives qui ont suivi, trois ans après que nous ne soyons plus en place, Alpha Condé est monté premier en tant que président en exercice, Cellou est revenu à la deuxième place et Sidya est toujours à sa troisième place.

 

Si la conscience électorale n'évolue pas, si les électeurs restent dans la dimension ethnique, les premières et deuxièmes places, comme en 2010, ce sera toujours, malheureusement, entre Alpha et Cellou, et Sidya se maintient à la troisième place, parce que dans l'esprit des électeurs, l'ethnie passe avant le programme, avant les idées des candidats.

 

C'est pourquoi, d'ailleurs, Sidya se bat pour la transversalité avec la possibilité d'avoir des électeurs dans toutes les régions. C'est un idéal vers lequel il tend. Mais, pour l'instant, ce n'est pas la réalité électorale de la Guinée.

 

Et, aujourd'hui, les Peuls et les Malinkés vont continuer à dominer les élections dans notre pays. C'est aussi simple que ça », a soutenu Tibou Kamara.

 

De nombreux responsables et militants de l’UFR croient dur comme fer que leur champion, Sidya Touré, avait été disqualifié, en 2010, du deuxième tour de la présidentielle au profit du candidat du RPG, Alpha Condé.

 

L'ancien ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence vient de prouver le contraire, insistant, persistant et signant que l’UFR est, à la limite, la troisième force politique du pays.

Source : Nouvelles de Guinée

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