Bah Oury dézingue Cellou Dalein à Paris !

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 Le lancement de l’Opposition Républicaine Extra-Parlementaire (OREP) a râtelé, le samedi 1 mars 2014 dans une mignonne salle à Paris, une bonne poignée de jeunes diaspos prêts à en découdre avec la dictature du régime de Gobykhamé, quelques diaspourris qui ne savent pas beaucoup où donner de la tête et peu de diasripoux qui cherchent toujours à vouloir tirer leur épingle du jeu dans tous les mamayas politiques. C’est encore Bah Oury, ce casse-pieds, qui pilote cette nouvelle machine. Ça a été une belle occasion pour lui de dézinguer le président de l’UFDG, son parti politique dont il est le principal créateur de bout en bout…

 

{jcomments on} D’ailleurs les représentants des sections de l’UFDG venus de partout en Europe ont tenu à signaler leur présence dans la salle du Centre Maurice Ravel 6 avenue Maurice Ravel 75012 Paris. Bah Oury leur a demandé de resserrer les boulons dans la lutte contre la dictature de Goby Condé en militant carrément dans l’OREP. Tout en qualifiant Gobykhamé d’un vrai Jean-foutre, Bah Oury a chanté pouilles à Cellou Dalein d’une voix irritée et pleine de reproches. Afakoudou ! ça cocotte entre eux ! Lisez cette interview que Bah Oury a accordée à votre scribouillard quelques minutes seulement après son défoulement politique devant ses fans. Vous allez râler en vous pinçant rageusement le nez…

 

 

– Vous voilà propulsé à Paris à la tête de l’OREP qui est visiblement en rupture d’idées avec l’opposition parlementaire à Conakry…

 

C’est vrai. Parce que j’ai considéré avec des amis qu’après la fin des élections législatives et notamment les accords du 3 juillet 2013 où l’opposition officielle a capitulé, à mes yeux, devant Alpha Condé en lui permettant sur le plan légal d’avoir un boulevard qui peut lui permettre de se considérer comme déjà élu pour 2015. J’ai estimé avec ces amis qu’on ne pouvait rester les bras croisés devant la situation de désespérance de la population et aussi le risque de voir la Guinée descendre davantage en enfer avec une mal-gouvernance qui est devenue endémique. Donc c’était une urgence pour réagir et pour se donner la main pour changer le cours de l’histoire de notre pays.

 

A la sortie du lancement de l’OREP, l’évidence crève l’entendement. C’est la rupture définitive, du point de vue idées en tout cas, entre vous et M.Cellou Dalein Diallo.

 

Nous n’avons pas la même stratégie et j’ai considéré dans le contexte actuel que l’opposition officielle a manqué de réactivité, de perspicacité dans la lutte contre la gouvernance d’Alpha Condé. Parce que si l’opposition avait été suffisamment bien aiguillonnée, elle aurait empêché certaines formes de dérives notamment la question des droits de l’homme, la question de la gouvernance sur le plan économique et la question de la gouvernance institutionnelle.

 

Au niveau des droits de l’homme, c’est un grave recul avec 500 personnes tuées en juillet 2013 à N’Zérékoré, sept (7) paysans massacrés à Zoghota sans compter les tueries du côté de Bambéto à Conakry avec les manifestations pacifiques récurrentes. C’est un désastre de ce point de vue.

 

Sur le plan de la gouvernance économique, la Guinée n’a pas autant collecté de devises en peu de temps : 700 millions de dollars avec RIO Tinto, 150 millions de dollars avec l’Angola, tant d’autres millions de dollars par-ci par-là que nous ne connaissons pas. Or la situation de la Guinée n’a fait que se détériorer. La population est en train de crever de misère. La famine est présente dans beaucoup de foyers guinéens.

 

Au niveau institutionnel : c’est le non respect des lois, non respect de la constitution, et c’est la violence systématique dans l’approche de la pratique du pouvoir. Ce qui fait que les institutions qu’on a sont devenues des institutions totalement domptées par Alpha Condé. Vu cet ensemble de dynamiques si on laisse faire, la Guinée suit le chemin d’une dictature encore beaucoup plus rétrograde que les anciennes. Et à terme ce sera l’implosion du pays. Et nous ne voulons pas en arriver là. C’est la raison pour laquelle l’Opposition Républicaine Extra-Parlementaire d’aujourd’hui.

 

– J’insiste toujours dans vos relations politiques avec Cellou Dalein Diallo : vous ne comprenez pas qu’il ait gardé le silence après la mort de tous ces manifestants pacifiques contre Waymark !

 

Au delà même qu’il ait gardé le silence, il a cautionné l’acceptation de Waymark. Jean-Marie Doré vient de donner récemment une interview où il dit que c’est Cellou Dalein, lui même, qui a dit, par rapport à Waymark, qu’il est d’accord. Alors que les autres responsables de l’opposition n’étaient pas d’accord. Donc il a engagé l’opposition et par ce biais là le désastre est encore beaucoup plus important. Parce que la plupart des personnes qui ont été tuées ce sont des militants de l’UFDG, de son propre parti. Donc de ce point de vue c’est une double trahison : d’abord Alpha Condé ordonne que les forces de l’ordre tirent sur les manifestants pacifiques et ensuite le président de l’UFDG contribue aussi à enfoncer le clou en acceptant Waymark. Alors que c’est eux qui ont demandé à la population de descendre dans la rue pour empêcher que l’opérateur sud-africain soit retenu pour le processus électoral. Donc ça veut dire que c’est une double trahison.

 

– Vous avez été aussi choqué qu’on vous combatte dans votre propre parti…

 

Ça c’est vrai. De plus en plus, je le dis avec netteté et clarté parce qu’auparavant le combat était souterrain. Aujourd’hui, le combat est devenu plus ouvert. Les gens voient. Ils font des déclarations, ils contrent ma personne, ils font des allusions directement contre ma personne. Je trouve que c’est abominable.

 

– Ecoutez ! Vous savez bien que l’Elysée ne juge pas encore les choses en Guinée assez dramatiques, assez catastrophiques comme en Syrie pour considérer des opposants guinéens vivant en France comme de bonnes pièces de rechange devant Alpha Condé et ses potiches qui galvaudent au pouvoir. Donc l’OREP risque de faire plouf…

 

Non, ça m’étonnerait ! Parce que je suis bien introduit dans certains milieux diplomatiques  français. Ils s’interrogent et ils s’inquiètent pour l’avenir de la Guinée. Mais malheureusement l’opposition qui est présente en Guinée ne montre pas de dynamique lui permettant d’être crédible. Ça c’est un élément essentiel. Vous souvenez vous qu’au mois de septembre Alpha Condé avait fait distribuer des torchons pour dire que la CIA et la Direction Générale de la Sécurité Extérieur (DGSE), le service de renseignement français, l’ont alerté sur la préparation d’un coup d’Etat et d’une invasion ? Il dit que la Compagnie Minière Benny Steinmetz Ressources Group (BSGR), Amadou Oury Diallo dit Diallo Sadakadji et moi, étions directement impliqués dans ce processus. Il y a deux semaines la DGSE, de la manière la plus officielle, a formulé un démenti cinglant contre Alpha Condé. Mais tout ça prouve que Alpha Condé gouverne par le mensonge. Le mensonge d’Etat est institutionnalisé. Maintenant pour aller à contre-courant de sa campagne de mensonge avec des moyens importants qu’il a je réplique. Sachant qu’il achète des pages dans les journaux comme dans Jeune Afrique. Il est aidé par l’américain George Soros, le français Bernard Kouchner et l’Anglais Tony Blair. Il y a une armada sur le plan institutionnel pour lui donner une image de respectabilité et de bonne gouvernance. Alors qu’en réalité les Guinéens savent que le pays est très mal gouverné. Et que la plupart des observateurs qui s’interrogent sur la question africaine savent que Alpha Condé n’est pas du tout à la place qu’il devrait être pour l’intérêt de la Guinée.   

 

– On cancanait pourtant que Alpha Condé grenouillait pour vous amnistier en vue de merdoyer la présidentielle de 2015…

 

Par rapport à ça je ne suis pas au courant. Parce que la question de l’amnistie, j’entends les gens l’évoquer mais je ne suis pas au courant si de ce point de vue Alpha Condé voulait aller dans ce sens. S’il va dans ce sens tant mieux pour ceux qui sont en prison aujourd’hui, qui souffrent et qui sont privés de leur liberté. Mais ça m’étonnerait qu’il aille dans ce sens. Sans pour autant rejeter cela. Mais ça m’étonnerait. Parce que je ne peux pas comprendre que l’armada de mensonge qu’il utilise contre ma personne. Notamment ce document qu’il a prêté à la DGSE, à la CIA m’incriminant. Je ne pense pas que ce dernier puisse aller dans un sens d’apaisement, d’ouverture. Non, je ne pense pas. 

 

– Est-ce que vous pensez comme le dit madame Dominique Voynet (vert) que « La vie politique est un sport de cannibales où il n’y a aucune règle » ?

 

Moi, je ne pense pas comme ça. J’aurais souhaité que dans mon pays les règles soient beaucoup démocratiques. J’accepte qu’il y ait des pluralités d’opinions mais que ça se fasse de la manière la plus fraternelle et conviviale. Que notre pays progresse, qu’il puisse aller de l’avant. Ce qui est beaucoup dramatique dans notre cas c’est que la plupart des gens qui gouvernent aujourd’hui étaient avec nous il y a quelques temps pour contester la gouvernance du général Lansana Conté. Si ceux qui contestaient le général Lansana Conté, certains d’entre eux viennent au pouvoir pour faire pire que ce dernier. Vous voyez que c’est désespérant pour la population guinéenne. C’est désespérant pour les démocrates qui se disent est-ce possible de parvenir à changer profondément la Guinée. Au fond de moi-même, j’ai espoir et j’ai confiance que la Guinée peut changer. C’est la raison pour laquelle je continue à me battre parce que je pense que ça en vaut vraiment la peine.

 

– Pensez-vous comme Ansoumane Doré que « Le marqueur infaillible de l’image d’un pays est le climat social » au regard des ras-le-bol des populations à Kankan, à Fria, à Conakry, en Guinée Forestière, au Fouta Djallon ?

 

Je suis d’accord avec Ansoumane Doré sur ça. Parce que la situation sociale n’est que révélatrice de ce que vivent les gens. La pauvreté, la misère, le manque d’espoir nécessairement ressortent dans les rapports sociaux par des contestations, des révoltes, des violences. Et notre pays est fortement marqué aujourd’hui par cette précarité qui fait que chaque situation peut être une situation qui peut déclencher une grave catastrophe. C’est la raison pour laquelle notre situation est très inquiétante.

 

– En conclusion, il faut oser dire la vérité : le lancement de l’OREP a été un succès.

 

Merci, merci. Je pense que c’est un devoir, une responsabilité, un acte qui doit permettre d’avancer et de faire émerger un programme alternatif  pour gouverner la Guinée. C’est qu’il faut voir c’est qu’au delà de la classe politique actuelle il y a des dynamiques dans notre société. Que s’il n’y a pas une alternative démocratique conséquente notre société va tout droit soit dans les bras des narcotrafiquants soit dans les bras des pseudo-djihadistes qui pullulent dans la région avec cette circulation des armes. On va vers une déstabilisation généralisée avec le mixage narcotrafiquants-criminalité-mouvements djihadistes-circulation des armes. C’est le cas de la Centre Afrique, c’est le cas du Mali. Et si la Guinée éclate, il va de soi que c’est l’Afrique de l’Ouest ou une bonne partie de l’Afrique de l’Ouest qui risque de sombrer. Notre combat va dans un sens pour empêcher la Guinée de sombrer et par conséquent l’Afrique de l’Ouest de sombrer.

 

Propos recueillis par

Benn Pepito            

 

 

     

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