Dans sa livraison N°601 du Lundi, 24 Février 2014, pages 4 et 5, le quotidien guinéen « la République » publie une longue interview de Jean Marie DORE, Président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (U.P.G.). Il s’en prend, dans une colère inhabituelle chez lui, à son collègue Cellou Dalein, Président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
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DORE confirme ses propos dans une autre interview, encore plus longue, accordée à la Radio « Lynx FM », et diffusée dans le journal « Le Lynx » Nos1143 et 1144 de Mars 2014. Il y dénonce, avec la sincérité brutale qu’on lui connaît, ce qu’il décrit comme étant les louvoiements, les tergiversations, le double jeu, l’égoïsme, l’absence d’esprit d’équipe, et l’inclination naïve de Cellou à se laisser influencer facilement par certaines personnalités de la Communauté Africaine et Internationale. Et ce au mépris des intérêts supérieurs de la cause collective de l’opposition.
Ainsi, pour le Président de l’UPG, le jeu tortueux et ambigu de Cellou entre les différents camps en présence pendant le « Dialogue National » de Juin- Juillet 2013 a nettement favorisé la reconduction, à la surprise générale, de l’Opérateur Waymark, la pièce maîtresse du dispositif de la bataille électorale du Rassemblement du Peuple de Guinée ( RPG), et la bête noire de l’opposition guinéenne.
C’est le même comportement qui a fait perdre le perchoir à celle –ci quand Cellou, à la dernière minute, et à l’insu de ses pairs, a désisté en faveur d’un second couteau de son Parti lors de l’élection pour le poste de Président de l’Assemblée Nationale. Même Sidiya TOURE, Président de l’Union des Forces Républicaines (UFR), l’allié fidèle, pondéré et respectueux de la parole donnée, s’est vu obligé, sous la pression des médias, d’avouer sa grande surprise quant au changement inopiné du choix du candidat de l’UFDG pour le perchoir.
Cet autre échec de l’UFDG est de l’opposition républicaine imputable à Cellou rappelle, de triste mémoire, la défaite cuisante qu’il a fait subir à son propre camp lors du deuxième tour de la dernière élection présidentielle, et ce, malgré son score fleuve du Premier Tour .Lui et ses inconditionnels ont alors accusé, à tort Alpha Condé, Bernard Kouchner, « les manigances » du RPG, la corruption d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) aux ordres d’un Pouvoir de Transition acquis à un ethnocentrisme virulent. A une certaine époque de la lutte pour le Pouvoir, Alpha Condé enseignait autour de lui : (citation) « la Politique a toujours été, est, et sera encore une question de rapport de forces » (fin de citation). En effet, dans une joute électorale, il est de bonne guerre pour tout candidat de chercher à mettre de son côté ou à se créer les meilleurs atouts pour remporter la victoire. Le Parti politique n’est pas une religion, avec des dogmes immuables. Tout ce qu’on exige de l’homme politique de chez nous, c’est l’honnêteté, le respect de la parole donnée, l’expérience et la compétence. Qui a interdit à Cellou Dalein de bâtir, avec ses cadres, une vision cohérente pour son Parti, de se doter d’un entourage solide, courageux, sincère, fidèle, désintéressé, déterminé, composé de visionnaires rompus à la lutte politique. Pourtant, dans la Guinée d’aujourd’hui, il peut se vanter d’être à la tête d’un Parti qui dispose en son sein des meilleures ressources humaines de qualité dans tous les domaines, et dans toutes les ethnies. Malheureusement, Cellou perd son temps, ses moyens, son énergie dans de petites querelles de génération, de clan, d’ethnie, avec des complices très gourmand. Les petits copains opportunistes, sans envergure, de véritables sangsues, ont pris le Parti en otage.
Jean Marie Doré, sans langue de bois, ce dinosaure de l’espace politique guinéen, tire la leçon fondamentale de son commerce avec son collègue de l’UFDG : (citation) « Cellou a fait un grand tort à l’opposition… Il est le maillon faible de la chaine. Cellou n’a jamais fait de la Politique ». (fin de citation).
A son départ du Gouvernement, Cellou, préoccupé par son avenir a eu la sagesse de consulter dans tous les milieux. Beaucoup l’ont incité à s’orienter en politique, surtout qu’il avait confié, haut et fort, son unique ambition désormais c’est d’être Président de la République. Ses amis pensaient sincèrement qu’il avait les moyens et la stratégie pour satisfaire ses prétentions absolument normales. Cependant quelques-uns de ses proches lui ont demandé de tenir compte plutôt de son passé professionnel de technocrate compétent, et de son carnet d’adresses bien fourni qui peuvent lui permettre de décrocher facilement un poste d’Expert International. Ils l’ont mis en garde contre la politique qu’il n’a jamais réellement pratiquée, en dehors d’un passage éclair au Parti de l’Unité et du Progrès (P.U.P) pour aider le Général Lansana CONTE en difficulté au Fouta contre son opposition d’alors. Ces proches ont attiré l’attention de Cellou sur le fait que le marigot politique guinéen était déjà plein de crocodiles redoutables comme le doyen Bâ Mamadou, Alpha Condé, Jean Marie Doré, Bah Oury, Sidiya Touré, etc…..Quelques semaines après toutes les tractations, le monde a appris, avec étonnement , la conquête de la Direction Nationale d’un Parti aussi aguerri que l’UFDG , par un novice en politique comme Cellou Dalein . Bah Oury, le fondateur de ce Parti et des bastions du fameux « Axe de la Démocratie », porte l’entière responsabilité des avatars que son héritier lui fait subir aujourd’hui après cette opération opaque au sommet de l’UFDG.
Depuis son accession à la tête de ce Parti, Cellou court d’échec en échec. Pour lui, la faute est imputable à Alpha Condé, et à Bah Oury, au lieu de s’en prendre à lui –même. Le recours abusif au « bouc émissaire » pour camoufler ses propres carences est toujours cousu de fil blanc, et peut se révéler à la longue contre-productif.
Le leader, au sein de son Parti, consulte, gère les contradictions par des débats, fédère les courants, mais n’exclut jamais.
Cellou vient d’ajouter sur sa liste noire d’ennemis l’Opposition Républicaine Extra-Parlementaire (OREP) à cause de Bah Oury, l’un des animateurs de ce mouvement. Faute politique, tactique et stratégique qui l’affaiblit à coup sûr face à son ambition pour 2015. Son partenaire Sidiya TOURE, mieux avisé politiquement, considère plutôt l’OREP comme un atout qui renforce davantage toute l’opposition. En France, les leaders de courants idéologiques divergents, en l’occurrence Michel Rocard, Jean Pierre Chevènement, etc….. à l’époque de François Mitterrand, n’ont jamais été inquiétés, à plus forte raison exclus par le Parti Socialiste en raison de leurs prises de position politiques contraires à celles affichées par leur leader.
A l’UFDG, c’est la fuite en avant. Il n’y a guère de concertation. Les Commissions d’investiture mises en place pour proposer des candidats en vue d’échéances électorales sont fictives. C’est le Prince qui choisit les candidats, et nomme tout seul à tous les postes de responsabilité. Un Parti qu’on dit grand, vu de l’extérieur, manque de structure pour les femmes et pour les jeunes. La Présidente des Femmes, élue depuis la fondation de l’UFDG, et le Premier Responsable de la Jeunesse n’ont pas été autorisés par Cellou à faire acte de candidature aux élections législatives. Ce sont, dit-on, des pro Bah Oury. Il a préféré aligner aux trente premiers postes de la liste officielle, des candidats non titulaires de la carte de Membres du Parti, ou de vieux amis du temps du PUP, ou d’anciens collègues et complices des Départements Ministériels que Cellou a dirigés , ou encore ses copains d’école et de jeunesse. Il semble même qu’à l’UDFG des postes de Députes aient été vendus à l’avance. C’est-à-dire tout un monde qui n’a rien à voir avec ceux qui ont tout abandonné, tout sacrifié, ont fait confiance à Cellou pour l’accompagner au mépris de leurs intérêts personnels en vue de l’imposer à l’UFDG qui ne connaissait pas du tout. En un mot, il a écarté, avec des prétextes faciles, ce qui ont fait sa gloire et celle de l’UFDG dans les rues, les quartiers, les villes de Guinée et l’extérieur. Demandons à Cellou quelle est l’instance du Parti a fixé l’âge comme critère de choix des candidats aux consultations électorales ?
Actuellement sous la houlette de Cellou, l’absence de démocratie a transformé l’UFDG en un bateau ivre, sans repère, sans Commandant de bord. Il navigue à vue. Les instances délibérantes du Parti ne fonctionnent plus. Quand on convoque un Congrès, c’est uniquement pour confirmer Cellou comme seul candidat du Parti à l’élection Présidentielle. C’est le règne de la pensée unique. Toute contradiction fait basculer automatiquement l’auteur dans le camp du diable méchant Bah Oury dont Cellou aperçoit désormais l’ombre terrible à tous les coins de rue. Même le très populaire Opérateur Economique Guinéen, Diallo Sadakaadyi, qui fut, naguère, l’un des puissants bailleurs de fonds de Cellou, se déclare aujourd’hui, publiquement, dans l’obligation de s’orienter ailleurs en politique. La déception est évidente et totale.
Ceux qui soutiennent mordicus Cellou Dalein se résoudront un jour à reconnaitre que le maintien de l’Opérateur Waymark , l’échec de la candidate de l’UFDG à l’élection pour le perchoir de l’Assemblée Nationale, l’avénement sur la scène politique guinéenne de DIALLO Sadakaadyi et de l’Opposition Républicaine Extra- Parlementaire mettent sérieusement en doute sa capacité réelle à assumer la fonction très contraignante de « Chef de file de l’opposition » dont il se réclame à tout moment.
Peut-être que Cellou Dalein et ses fans sont encore en mesure de méditer avec calme et lucidité cet enseignement de Jack Lang, ancien Ministre Français, dans son ouvrage consacré à Nelson Mandela : (citation) « la politique ne se conjugue pas nécessairement avec les bassesses, les calculs ordinaires et la petite tactique des trahisons.
« La Politique, c’est d’abord des visions, des idées, une ouverture d’esprit. » (fin de citation).