Crise du civisme et ruine de l’État (par Moussa Bella BARRY)

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IncivismeL’académicien français Louis, Comte de Bonald disait: «dans les crises politiques, le plus difficile pour un honnête Homme n’est pas de faire son devoir, mais de le reconnaître»…

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Le mot crise est employé ici pour désigner une période de difficultés. De l’expression lexicale du mot ruine peut signifier désagrégation, destruction progressive de quelque chose, qui aboutit à sa disparition, à sa perte. Par exemple la ruine d’un État.

Le civisme est l’un des piliers de toutes les sociétés, mais il est en guinéen, comme d’ailleurs l’État, en crise. Il est à déplorer que l’école ne joue plus actuellement son rôle d’instructeur civique, et, la famille n’enseigne pas non plus aux enfants la politesse et la courtoisie, le respect des autres.

L’État de droit, traduit de l’Allemand du mot «Rechtsstaat», donne l’idée d’auto-limitation par l’État.Toute chose ne prend forme que par des limites. Un pouvoir qui n’est pas maître de soi n’est qu’une puissance de réaction paranoïaque. Les valeurs  démocratiques dictent que seule la loi règne et l’autorité de la loi empêche de tout oser faire. L’État de droit au 21.siècle est synonyme aux droits de l’homme.

C’est ainsi qu’on dira il n’y a un État de droit que lorsque le droit est appliqué. Et pourtant, on tend à ignorer que l’État dans son rôle régalien se doit de protéger la population. En d‘autres termes le rôle régalien ne peut être joué que si les autorités administratives et les forces de défense et de sécurité sont présentes, si les lois et les mécanismes pour les appliquer existent pour éviter la raison du plus fort et l’arbitraire. Le devoir éducatif de la famille, de l’école, des leaders d’opinion est d’instruire des habitudes civiques qui permettent aux populations de savoir ce qu’il faut faire légalement, et les faire sans une présence pour contrôler.

Faire de la politique est une nécessité absolue dans toute société. Mais on ne comprend pas les choses politiques telles qu’elles sont, si on ne prend pas au sérieux leur prétention, explicite ou implicite, à être jugées en termes de bien et de mal, de justice ou d’injustice , c’est à dire si on ne les mesure pas à un critère normatif quelconque par rapport au bien ou à la justice.

Face à la destruction de l’ordre moral et social qui touche toutes les couches de la populations, un pacte civique semble être indispensable pour répondre à la crise. Une fois que le guinéen aura compris que l’indépendance et la liberté, le respect et la justice c’est la responsabilité, la démolition de son comportement civique finira .

Chez nous, tous les corps de l’ordre établi  sont touchés par l’effondrement de l’État qui perdure. Les immondices et l’insalubrité, la perversion des mœurs voir même la pornographie, la corruption galopante, la surfacturation, le vol, la médisance, la calomnie, le laxisme, l’impunité tous ces maux qui corrompent un système, se sont donnés rendez-vous pour la destruction de la société et de l’État. La corruption du système a conduit à la désagrégation de la gouvernance, à la destruction progressive du système éducatif et de la famille.

L’obligation majeur de la compétence sociale d’un homme est lorsqu’il se met au dessus des contingences partisanes ou familiales. Ce préalable est fondamental pour pouvoir sélectionner les hommes en fonction de leurs valeurs intrinsèques afin d’imposer les changements attendus par tous. Nous disons et répétons que faire campagne toute l’année en faisant des promesses mirobolantes est différent de savoir gérer la chose publique; nous réitérons par contre que l’éducation et la discipline se forgent au sein de la société, dans la famille et à l‘école.

Nous constatons avec amertume que les autorités laissent libre cours aux forces de l’ordre et à leur violence, légitime et malheureusement meurtrière…ces morts injustifiés pèseront plus lourds sur le bilan des mandats d’Alpha. Aussi long temps que l’arbitraire, les crimes et délits ne sont pas sanctionnés, l’orgie meurtrière et la dilapidation de ressources vont continuer. L’hypocrisie politique et la compromission  des citoyens ont fini par délégitimer nos princes et discréditer même la société toute entière.

La grève des étudiants et élèves a pointé du doigt la profondeur de la crise dans notre société. Les mouvements étudiants et élèves sont par essence le réservoir d’idées politiques; cette donne est pareille partout dans le monde, ceci est d’ailleurs de bon sens pour un pays, car la démocratie ne peut fonctionner qu’avec des citoyens libres, formés et éduqués, c’est eux qui choisiront en votant la structure de la société.

Par rapport aux perspectives, le guinéen doit compter sur sa propre force, sa vision et ses propres moyens. Il faut que nos petits princes soient plus lucides et plus compétents pour nouer des relations, asseoir une équipe compétente pour développer une stratégie développement efficace. La clairvoyance est le savoir-faire du pauvre!

A la place du dialogue et de la conciliation la guinée ressemble malheureusement aujourd’hui à un champ de ruines où chacun fait comme bon lui semble, la finalité étant le désordre et l’impunité. Dans cette cacophonie généralisée, le sentiment d’absence d’arbitre se fait de plus en plus net en dépit de la gravité de l’inventaire.

La société civile, dernier rempart d’un peuple désabusé par des politiciens de tout acabit, qui pouvait mettre fin à ce désordre en rappelant les uns et les autres à leurs devoirs, se refuse obstinément à combattre ce théâtre de mauvais goût.

Moussa Bella Barry

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