Culture d’ananas : la Guinée à la conquête du marché mondial

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Évaluation de l'article

Culture d’ananas : la Guinée à la conquête du marché mondial 

Mangadakha est un district relevant de la commune rurale de Friguiagbé. Ici, est développée la culture agro écologique d’ananas sur une superficie de 6 hectares. Cette technique est pratiquée non pas pour mettre définitivement fin à l’utilisation des engrais chimiques, mais pour les utiliser de façon rationnelle.

Au pied des plants d’ananas, sont posés des films plastiques qui, en plus d’être biodégradables, permettent au planteur de réduire drastiquement les charges liées notamment à l’irrigation et à l’entretien (désherbage).

Selon le Coordinateur de la Fédération des planteurs de la filière Fruits de la Basse Guinée, ces films plastiques augmentent le rendement. A en croire Mohamed Soumah, un ananas planté au sol nu, peut procurer 45 à 50 tonnes, alors que si on fait recours aux films plastiques, il peut produire 70 tonnes par hectare.

 » En termes économiques, si vous voulez faire un hectare d’ananas avec une végétation jolie comme ça, pour avoir 70 tonnes, il vous faut l’intervalle de 70 à 100 millions GNF pour obtenir plus de 400.000.000 GNF au bout de 14 à 18 mois. Ça, c’est la première année », explique le jeune planteur.

« La deuxième campagne, poursuit Mohamed Soumah, chaque plant permettra au moins, d’obtenir quatre pieds supplémentaires. Et si vous étiez sur un hectare, lors de la deuxième campagne, vous serez sur quatre. »

Sociologue de formation, ‘’le Coordinateur de la Fédération des planteurs de la filière Fruits de la Basse Guinée dit avoir décidé de rester en Guinée, parce qu’il croit fermement aux potentialités de ce pays.

Et comme pour asseoir sa conviction sur des arguments économiques vérifiables, M. Soumah nous explique que lorsqu’on fait un hectare d’ananas, la première année, [ce qui va prendre un peu de temps], à la deuxième campagne, tous les deux mois, l’on peut récolter au-delà de 100.000.000 GNF.

« En plus, ça crée de l’emploi. Par exemple, sur ces 6 hectares, il y a plus de 30 personnes qui travaillent de façon directe. Et de façon indirecte, il faut compter plus de 50 », confie-t-il.

Association de cultures

À Kindia, la Fédération des planteurs a encouragé l’association des cultures sur une même superficie. C’est pourquoi on peut remarquer à l’intérieur de cette plantation, que des manguiers sont plantés. Et par endroits, l’ananas est associé à la papaye, au piment ou à l’aubergine.

Pourquoi cela ? 

Aux dires du Coordinateur de la Fédération des planteurs de la filière Fruits de la Basse Guinée, la culture de l’ananas, c’est l’intervalle de 14 à 18 mois.

« Faut-il attendre tout ce temps pour récupérer son argent ? Non ! D’où la diversification des sources de recettes, puisqu’à partir de huit mois déjà, on commence à faire la récolte de la papaye. Et chaque mois, cela fait gagner entre 5 et 10 millions GNF », explique-t-il.

Depuis les bancs de l’Université, Mohamed Soumah soutenait toujours la thèse selon laquelle, le chômage n’existe pas en Guinée. Selon lui, ses amis opposaient toujours leur désaccord à l’énoncé de cette idée.

Un jour, se souvient-il, « le Doyen de la faculté m’a demandé d’expliquer sur quoi se fondait mon idée que je défendais si promptement. J’ai répondu que si l’État ne me donne pas de l’emploi, moi, personnellement, je vais en créer, pour moi-même et pour les amis. Et c’est ce qui est arrivé aujourd’hui. J’ai commencé avec 2000 m². Aujourd’hui, je suis sur 3 hectares. Mon objectif, c’était de faire sortir mes parents de la location, me marier, soutenir ma femme jusqu’à ce qu’elle termine l’université [et elle a fini cette année]. Également, accomplir le devoir religieux en amenant mes parents à la Marque et moi personnellement à l’âge jeune. Aujourd’hui, j’ai pu le faire. Et si moi, je dois être en Europe, ce sera dans le cadre du renforcement des capacités, pas pour y résider. C’est ce message que je voudrais passer aux jeunes. Aujourd’hui, un seul client demande 3.000 tonnes d’ananas par mois. Où va-t-on les trouver ? Une première opportunité à saisir », dresse le jeune planteur.

« Deuxièmement, l’ananas de la Guinée est unique en son genre, dans le monde entier. Au mois de février passé, nos doyens ont participé aux foires de Berlin et de Madrid. Sur plus de 200 pays participants, l’ananas et la mangue de Guinée ont été classés premiers. On doit profiter de cette opportunité à saisir », poursuit-il.

Difficultés

L’un des véritables problèmes auxquels font face les planteurs, c’est la certification. Puisque de l’avis de Mohamed Soumah, même si on a un produit de qualité, si ce n’est pas certifié, ça va réduire les chances de l’exporter pour sa vente.

« En plus, aujourd’hui, nombre de jeunes veulent s’intéresser à cette culture, mais l’autre problème, c’est l’obtention de la matière végétale : les rejets. Lançons-nous dans la production des rejets. Il y a des commandes. Aujourd’hui, nous avons besoin de plus de 50 millions de rejets pour satisfaire le besoin de ceux qui nous lancent la commande. Ça, c’est seulement à Berlin ».

« À Madrid, il y a des clients qui demandent plus de 5 conteneurs par mois. Même si on réunissait toute la production de la Guinée, on ne pourra pas satisfaire ce besoin. Donc, nous lançons un appel à l’endroit des partenaires et des autorités pour nous aider à combler ce gap », émet M. Soumah.

Toutefois, il se félicite de l’accompagnement du gouvernement qui a mis à la disposition de la Fédération plus de 100 hectares de domaine cultivable d’ananas à Daboya, où le partenaire Enabel a procédé à l’aménagement.

Si hier les questions foncières représentaient un énorme souci pour les jeunes, aujourd’hui, priorité est donnée à ces jeunes et aux femmes de venir s’installer là où on ne parlera pas de feu de brousse ou de vol.

Spécificité de l’ananas « la Baronne »

Pour sa part, le Président de Fédération des planteurs de la filière de la filière de la Basse Guinée présente la variété « la Baronne » comme le meilleur fruit d’ananas au monde, approuvé par des experts français, allemands, espagnols et marocains.

« C’est pourquoi ce produit est en train d’être protégé par l’Organisation africaine pour la propriété intellectuelle (Oapi) pour qu’il soit reconnu comme une propriété exclusive de la Guinée. D’où l’invite de la Fédération à l’endroit des jeunes à l’effet de s’orienter vers l’agriculture », lance-t-il.

« Notre objectif, c’est reconquérir la place que la Guinée occupait dans la production fruitière de l’ananas. Nous étions le premier pays producteur et exportateur d’ananas en Afrique, avec 50.000 tonnes d’ananas exportées », rappelle-t-il en concluant.

Selon ces planteurs, pour la certification, plusieurs structures entrent en jeu, notamment l’Institut guinéen de normalisation et l’Aguipex.

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Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
7 novembre 2023 18:19

«  il existe malheureusement pour ces bras cassés, des recettes minières qui tombent, sans avoir à faire quoi que ce soit. » Gandhi.

C’est le noeud du probleme Mr Barry. Macron est oblige de delivrer des resultats parceque sans les taxes payees par les travailleurs francais, il ne peut pas faire fonctionner l’Etat alors que les presidents Guineens ou Congolais peuvent le faire avec une poignee d’hommes qui gerent l’industrie miniere.

Ce qui veut dire que si nous voulons une democratie chez nous, il faudra retirer la gestion des mines de l’executif a Conakry.

Gandhi
Gandhi
7 novembre 2023 00:35

Il y a effectivement en Guinée des gens qui bossent, mais il y en a beaucoup d’autres qui occupent la fonction publique pour ne pas bosser, tout en rackettant les premiers. Comme ceux-ci peuvent néanmoins se prémunir, il existe malheureusement pour ces bras cassés, des recettes minières qui tombent, sans avoir à faire quoi que ce soit.
Bref la vie est belle pour certains, qui n’ont montré aucune compétence, et qui nous empoisonnent l’existence depuis plus de 60 ans maintenant…

Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
6 novembre 2023 13:48

Youssouf , Je vous rappelle que le Ghana a fait la même chose avec le cacao et c’est après que la Côte d’Ivoire l’a surclassé . L’Etat achetait le cacao à un prix bas et le revendait à un prix élevé . Ça constituait une taxe indirecte et les agriculteurs se sont rendus compte qu’en ex filtrant leur production vers la Côte d’Ivoire , ils pouvaient gagner beaucoup plus . La même chose s’est passée en Guinée . Une fois que les agriculteurs réalisent qu’ils ne vendent pas au prix du marché , ils se découragent ou essayent de vendre… Lire la suite

Kaou Labe
Kaou Labe
6 novembre 2023 07:49

Tant que ce fichu pays croira à LA PROVIDENCE de L’ETAT , il n’avancera pas . Au contraire ! Ça rapporte QUOI et COMBIEN au Producteur de  » Mangues greffées  » l’exportation de ses produits par TOURE SEKOU ? Jamais entendu dire qu’un agriculteur est devenu PROSPERE en Guinée , parceque l’Etat s’occupait de l’exportation de ses produits . JAMAIS ! Le Commerce aux Commerçants L’Agriculture aux Agriculteurs L’élevage aux Éleveurs La Forge aux Forgerons ( notre Forgeron Gbassi , lol ) La Menuiserie aux Menuisiers La Cordonnerie aux Cordonniers…. …… A chacun son métier et les vaches seront bien… Lire la suite

Youssouf Bangoura
Youssouf Bangoura
5 novembre 2023 22:04

Pan-Africain

plutôt s’accorder sur un prix en prenant tout en charge, les cartons, le transport et le traitement des produits, c’est beaucoup mieux et rentable pour les producteurs que de laisser les fruits pourrir sous les arbres .Les planteurs avaient juste à récolter les fruits, l’état venait les chercher sous les arbres avec des camions .

Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
5 novembre 2023 04:29

“ tout ce que je sais c’est que, l’état guinéen prenait bien en charge l’exportation des bananes et des mangues surtout des mangues greffées . ” Il faut surtout noter que cet État fixait les prix comme le faisait N’Krumah au Ghana avec le Cacaco. Dans les années 20s quand les soviétiques ont voulu imposer des prix aux agriculteurs, ces derniers préféraient sacrifier leur bétail que le voir vendu à vil prix . Je me demande comment est ce que des fonctionnaires qui ne participent à la production peuvent imposer un prix et croire miraculeusement que les agriculteurs vont continuer… Lire la suite

Youssouf Bangoura
Youssouf Bangoura
4 novembre 2023 13:01

Tiékourani, où vous avez consulté les archives concernant les exportations des mangues et bananes sous Sékou Touré ? Il faut arrêter un peu . Je ne peux vous donner les quantités en chiffres des exportations agricoles de bananes et mangues sous Sékou Touré, tout ce que je sais c’est que, l’état guinéen prenait bien en charge l’exportation des bananes et des mangues surtout des mangues greffées . Je persiste c’est Lansana Conté et ses amis Facinet Touré et autres qui ont véritablement tué les planteurs des bananes et des mangues greffées à Forécariah ( je parle bien de cette région… Lire la suite

TIEKOURANI
TIEKOURANI
3 novembre 2023 14:59

Monsieur Bangoura Youssouf, nous voudrions bien connaître les quantités que produisait la Guinée en 1984 d’ananas, bananes et mangues,…
De toutes les archives dont j’ai eu accès montrent que l’agriculture guinéenne était presqu’inexistence en 1984 et cela malgré les efforts constant en investissement que le régime révolutionnaire a fait.

Youssouf Bangoura
Youssouf Bangoura
3 novembre 2023 13:30

Je ne connais pas pour Mamou et Kindia mais, à Moriah( Forécariah ) où je connais les coins et recoins, Sékou Touré n’a dépossédé aucun je dis bien aucun propriétaire privé des plantations de bannes et mangues, Mes propres oncles à moi, étaient durant toute la période de Sékou Touré propriétaires de leurs plantations, certes l’état achetait leurs produits pour les exporter mais, ils étaient et bien les propriétaires . Chaque année, sous Sékou Touré, à la période des récoltes des mangues, on envoyait des tonnes de cartons aux propriétaires des plantations des mangues appelées mangues greffées pour préparer les… Lire la suite

Kaou Labe
Kaou Labe
3 novembre 2023 09:53

Si Sékou Touré n’avait pas dépossédé les PROPRIÉTAIRES PRIVES des plantations de bananes et ananas ( de Mamoun a Fodecaria ) notre pays serait effectivement l’un des plus gds producteurs de ces produits . Hélas , LA REVOLUTION GLOBALE et MULTIFORME est passé par là , ravageant , balayant toute productivité . Satané Touré Sékou ! @ Tag Dans les années 70 , une compagnie Ivoirienne ( Cofruitel )exportait avec le Label FRUITS DE GUINEE . Ils étaient si prises ces fruits , oh boy ! Dans ce pays , c’est toujours ,  » Que c’était bon , Autrefois  »… Lire la suite

Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
3 novembre 2023 00:56

Youssouf , Pour quelqu’un qui aime parler du déclin de l’occident par rapport à la Chine , vous considérez vraiment les occidentaux comme omnipotents. Au delà des besoins de l’occident, l’Afrique a aussi besoin d’aluminium pour s’industrialiser et si nous nous organisons , on peut bel et bien en construire chez nous. Pas nécessairement pour vendre aux orientaux ou occidentaux mais pour produire des biens de consommation pour les Africains . Nous avons la chance que nos mines sont développées . Si par exemple la CBG ou une autre compagnie émet des bons pour la construction d’une usine d’alumine en… Lire la suite

Youssouf Bangoura
Youssouf Bangoura
2 novembre 2023 13:59

Si Lansana Conté et ses amis avaient gardé la politique agricole de Sékou Touré, notre pays dans ce domaine serait très très très et très loin aujourd’hui devant les autres pays africains . Après la mort de Sékou Touré, si les Français n’avaient pas mis leurs pieds en Guinée et si ce Colonel et Conté et amis( exemple Facinet le pire pourfendeur de Sékou Touré parmi les militaires du CMRN) n’avaient pas voulu effacer tout, les mangues, les bananes et les ananas guinéens seraient aujourd’hui la première source de revenu de notre pays . Pan -Africain, il faut arrêter de… Lire la suite

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1 novembre 2023 17:15

Que Dieu benisse ce Mr Soumah. Le pays a besoin que la majorite des jeunes hommes et femmes pensent comme lui: entreprendre et se creer des opportunites plutot que braver la mediterannee pour une miserable vie de refugie en Europe si l’on survit a la traversee. Produire et exporter l’ananas, c’est tres bien, mais le transformer et exporter un produit fini, c’est encore mieux, non seulement pour les emplois supplementaires, mais aussi pour la plus grande marge que cela offre. Et je peux confirmer ce que dit Mr Soumah pour avoir voyager un peu a travers le monde. Je n’ai… Lire la suite

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Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
1 novembre 2023 01:50

Voilà des domaines dans lesquels le gouvernement devrait investir ainsi que les industries légères pour diversifier nos sources de devises .
C’est seulement avec une diversification de nos exportations que nous allons pouvoir mieux négocier avec les sociétés minières . Nous avons la chance avec CBG de pouvoir un jour transformer notre bauxite en aluminium sur places et produire des fenêtres et portes. Nous devrions y penser .