De l’incendie du Reichstag à l’attaque de Kipé (par Lamine Camara)

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L’attaque de Kipe le 19 juillet 2011 était un montage grossier que j’ai dénoncé dans un article datant du 28 juillet 2011. Alpha Condé vient rencontrer pour la deuxième fois son « bourreau » Bah Oury à Paris.

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Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, le Reichstag (parlement allemand) à Berlin prend feu et brûle toute la nuit comme une torche. Cet incendie est connu dans l’histoire du nazisme comme le coup d’envoi de la montée en puissance d’Adolph Hitler. L’Allemagne est à la veille des élections générales de mars 1933 et le parti nazi ne domine pas encore le futur Reich.

En tout état de cause, Hitler va profiter de cette occasion pour montrer son vrai visage. En effet, le lendemain, il prétend que l’incendie du Reichstag est un complot contre son gouvernement et donne des ordres pour arrêter près de 4 000 opposants ou présumés tels. Dès lors, la dictature est en marche puisque le parti nazi a les mains libres pour agir, usant de propagande et de terreur pour arriver à caporaliser tout le pays. Le 5 mars 1933, le parti nazi d’Hitler remporta les élections générales.

Dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011, la résidence du président de la République de Guinée est « attaquée » par des individus inconnus, des militaires à l’arme lourde.

Au regard des images des lieux du crime sur les sites internet, mais aussi à la RTG, ce bombardement à l’arme lourde est difficile a prouver. La maison du président est intacte, le portail est aussi intact, les murs extérieurs ne montrent pas de traces de « guerre », aucune trace de balles sur les véhicules dans la cour. Quelques fenêtres ont les vitres cassés, un trou dans le mur de la maison, la toiture défoncée vers l’extérieur alors que l’attaque serait venue de l’extérieur. La résidence de Kipé est entourée de tous les côtés d’habitations et aucune de ces maisons n’a été atteinte par ce bombardement à l’arme lourde, même à titre collatéral. Dans une interview à RFI, le président Condé dit que sa chambre à coucher a été bombardée aux bazookas et lance-roquettes RPG7. Sur la photo de la chambre présidentielle, le lit n’est pas brisé et les armoires sont debout. Une attaque au RPG7 et au bazooka aurait soufflé toute la chambre et même percé les murs de la maison.

L’ambassadeur de France, arrivé chez le président Condé après l’arrivée des renforts militaires se serait couché par terre pour éviter des balles tirées de la cour de la résidence. Et… la dernière pièce de ce mystérieux puzzle était ainsi trouvée (voir les photos).

Le bombardement de Kipé a duré 2 heures de temps (3h a 5h du matin) sans qu’aucun renfort ne vienne au secours. Les premiers renforts sont arrivés après 5h du matin, alors que le camp Alpha Yaya est à 3 à 5 minutes de la résidence. Autour des lieux il y a le peloton de la gendarmerie au carrefour Hamdalaye, à 3 minutes, la base de la police antigang à Camayenne à 5 minutes, le camp Samory et le PM3 à Kaloun à 10 minutes.

Comme Hitler en 1933, Alpha Condé est au pouvoir depuis 7 mois et se trouve à la veille des élections législatives qui doivent se tenir avant fin 2011.

Comme le dictateur allemand début 1933, Alpha Condé n’a pas encore la mainmise sur son pays.

Le président Condé (RPG), c’est 18% de l’électorat (son score au premier tour). C’est dire que plus de 80 % de la population n’est pas de son parti. Ses partenaires de l’alliance Arc-en-ciel, qu’il traite avec mépris, sont déçus. Lansana Kouyaté s’est démarqué depuis Paris. Deux autres poids lourds de l’Arc-en-ciel, Papa Koly Kourouma et JM Telliano tous de la Guinée forestière sont dans le collimateur du président. Le premier comme bouc émissaire de l’échec de sa politique énergétique et le second comme celui de l’agriculture qu’il accuse d’ailleurs de surfacturation des intrants de la campagne agricole. Le ministre de l’agriculture n’a pas tardé à le démentir publiquement. Solidarité gouvernementale made in Arc-en-ciel !

Le professeur président démocratiquement élu veut coûte que coûte gagner les législatives. Or, depuis son intronisation, la population ne voit aucun signe d’amélioration de sa condition de vie : Courant, eau, autosuffisance alimentaire, soins gratuits pour les femmes en grossesse, riz à bon marché… nada ! Les Guinéens commencent à douter de ses capacités de réaliser son slogan de campagne, « Changement ». Ses coups de bille et ses dérives autoritaires ne rassurent plus personne. Les espoirs s’envolent.

L’ancien opposant historique a une peur bleu d’un « printemps arabe » en Guinée. « L’été africain » est déjà à la porte, au Sénégal. Alors il faut agir, et très vite, pour empêcher la cocotte-minute de sauter.

La meilleure tactique est de rejouer ce vieux disque du complot que tous les futurs dictateurs utilisent.

Ainsi quelques instants après cette fameuse attaque, le président déclare sur RFI : « Ceux qui tirent sont des militaires. Mais il y a leurs complices civils. Certains de ces complices ont été arrêtés aussi, mais pour le moment ce sont surtout des militaires qui ont été interpellés » et plus tard sur la RTG : « Beaucoup d’hommes politiques et hommes d’affaires ont été cités par les présumés qui sont arrêtés. Mais pour l’heure, les enquêtes sont en cours et la justice fera son travail. Ceux qui se cachent pour dire qu’ils ont été arrêtés se reprochent quelque chose ».

Au moins 50 officiers militaires sont arrêtés, d’un côté des proches de Moussa Dadis Camara, ancien président, et de l’autre de Sékouba Konaté, ancien, président de la transition. Le vice-président de l’UFDG, Bah Oury est depuis porté disparu. L’opposition vit désormais dans la peur, tout le peuple aussi. Les medias nationaux sont sommés de se taire : « Suspension de toute émission, ou de tout article relatif à l’attentat contre la vie du Chef de l’Etat, ainsi que toute émission interactive à caractère politique en français et dans toutes les langues nationales sur toute l’étendue du territoire. » décide le Conseil National de la Communication(CNC).

Les barrages militaires sont érigés sur tout le territoire. Les images horribles de torture des présumés coupables font déjà le tour du monde.

A coup de propagande et de terreur, Alpha Condé est sur la voie de caporaliser tout le pays.

La RTG, les religieux, les comités de soutien qui poussent comme des champignons, ont déjà proclamé le professeur président, « Bienheureux ».

Le dictateur est mort … vive le Pol Pot tropical.

Lamine Camara
Frankfurt, Allemagne

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