Des députés guinéens refoulés au Cameroun: »On est devenu aujourd’hui la peste dans la sous-région. Il faut sortir de la Guinée pour comprendre.. », témoigne Hadja Aissata Daffé de l’UFR…

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Les citoyens guinéens sont-ils en train de devenir des parias à cause du virus Ebola ? La réalité le laisse croire ! Des députés guinéens ont été refoulés au Cameroun et trainés  comme des va-nu-pieds  à Lomé par les autorités aéroportuaires de ces pays sous la bénédiction de la compagnie Aky pendant 72 heures…

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Une délégation guinéenne composée de cinq personnes dont deux députés a été invitée au Cameroun pour participer à la 4ème Université d’été sur la gouvernance dans les industries extractives. Cette délégation se verra refuser de débarquer sur le sol camerounais sous prétexte que leur pays d’origine est durement touché par le virus  Ebola. Madame Aissata Daffé  qui faisait partie de cette délégation a expliqué à notre rédaction leur calvaire. Exclusif !!!

‘’ On a été invité par le Centre d’Excellence pour la Gouvernance dans les industries extractives en Afrique Francophone, pour une formation de deux semaines, du 18 aout au 1er  septembre. On était au nombre de cinq guinéens dont deux députés qui devrions participer à cette formation. On a reçu nos invitations et nos visas. Samedi on a pris le vol de Asky  vers 1 heure du matin à Conakry pour Lomé (Togo) et ensuite Douala (Cameroun).

Et une fois à Douala, on a été bloqué là-bas. On (les autorités aéroportuaires de Cameroun, ndlr) a dit que personne ne doit descendre de l’avion, parce qu’il y  avait cinq guinéens à bord.  Tout le monde  a été bloqué. A un certain moment, ils sont venus faire un tri pour faire descendre les camerounais qui étaient à bord avec nous. Ils ont fait semblant de prendre leur température, sans gans ni blouse de protection. Moi, je leur ai dit que si  vous craignez Ebola, vous devez être contaminés parce que ceux que vous avez fait descendre étaient avec nous depuis Lomé.

Après moult tractations, on nous a fait retourner à Lomé. En descendant de l’avion, on voit des gens qui  étaient là pour faire des contrôles  de  température. Tout le monde a été contrôlé. Mais là, on a mis les guinéens de côté pour faire passer tout le monde. Pire, on fait bloquer nos passeports. Alors moi, je me suis bien défoulée. Nous on a des passeports diplomatiques, nous sommes députés de la CEDEAO, nous avons des immunités. Donc, ils étaient obligés de me rendre mon passeport. Durant deux jours on nous a fait tourner. Difficilement on nous a trouvé un hôtel. Asky nous a dit : cette fois on va vous prendre pour vous déposer à Bamako (Mali)  parce qu’il n’est plus question de retourner à Conakry. Et qu’à partir de Bamako, on va se débrouiller pour renter à Conakry. On a dit niet. On nous a donné une réservation de Conakry-Douala, aller-retour. On n’a pas trouvé de solution, on s’est retourné à l’hôtel. Le matin, on arrive à l’aéroport, on nous dit qu’ils vont nous déposer à Abidjan après Air Ivoire va nous déposer à Conakry. Là aussi, il n’y avait pas de solution parce qu’Air Ivoire a  arrêté de desservir Conakry. Après on dit qu’on va alors retourner à l’hôtel où on a passé la nuit jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée, ils nous ont répondu que ‘’non’’, l’hôtel a dit qu’il n’y a plus de place. Mais par la suite après moult discussions,  on nous dit encore de retourner à l’hôtel. On retourne et au moment où on déposait nos bagages, on nous a appelés pour nous demander de retourner à l’aéroport pour nous ramener à Conakry.

Trois jours, on ne dort pas, on est balloté par-ci par-là. Chacun nous évite pensant que nous drainons avec nous le fardeau d’Ebola pour distribuer un peu partout. C’est Asky qui est à la base de ça. On est devenu aujourd’hui la peste dans la sous-région. Il faut sortir de la Guinée pour comprendre comment nous sommes regardés aujourd’hui’’.

Cet exemple est loin d’être un cas isolé. Un fonctionnaire guinéen du ministère de l’environnement a subi le même  sort à Lomé. En effet, ce cadre  devait faire une communication dans la capitale Togolaise. Mais une fois arrivé, selon nos informations, on lui fait comprendre que l’évènement pour lequel il  est était annulé. Et c’est à peine qu’il a été reçu par  la structure qui l’avait invité. Et, on l’évitait nous dit-on comme  une ‘’peste’’. C’est avec le concours de ces députés guinéens que ce monsieur a pu payer son hôtel jusqu’à  son départ pour Conakry.

Pour l’heure la diplomatie guinéenne n’a pas fait de réaction sur ces agissements ‘’discourtois et inamicaux’’ des autorités camerounaises et togolaises sur des élus guinéens.

 

Avec Africaguinee

 

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