Droit de réponse au Canard Enchaîné

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Évaluation de l'article

GBK A M. Michel Gaillard, Directeur de la publication

Monsieur le Directeur,

Je vous écris pour attirer votre attention sur les graves erreurs d’information, d’interprétation et d’analyse dans l’enquête sur l’annonce d’« un coup d’Etat à Conakry » dans votre livraison du 25 septembre 2013.

{jcomments on} Il n’échappe pas à l’opinion publique internationale que votre enquête vient juste après le document-alerte signé par cinq intellectuels guinéens consacré à « la préparation du génocide contre les Peuls et le projet de guerre civile en Moyenne Guinée par le président Alpha Condé » envoyé aux organisations internationales le 13 septembre 2013 (et dont je vous envoie ci-joint une copie).

C’est cette alerte dont je suis l’une des chevilles ouvrières qui a amené le président guinéen Alpha Condé à mettre en branle son réseau international de soutien composé du milliardaire George Soros, de Bernard Kouchner, de Tony Blair, du président de la Francophonie, Abdou Diouf, et des présidents Blaise Compaoré et Jacob Zuma.

Quelle ne fut ma surprise de voir que Le Canard Enchaîné est embarqué, peut-être par mégarde (car je n’ose croire à un fait de corruption), dans la vaste campagne de communication du président guinéen, Alpha Condé ! Votre enquête s’inscrit tout à fait dans ce cadre.

Cette enquête sur le projet de coup d’Etat en Guinée comporte de graves erreurs qui peuvent entraîner de lourdes conséquences en raison de la crédibilité internationale dont jouit Le Canard Enchaîné :

1°). Les violentes manifestations de masse qui entourent les élections législatives du 28 septembre 2013 sont inévitables en raison du mécontentement populaire et de l’exaspération des Guinéens face au régime tribal et sanguinaire qu’Alpha Condé a instauré en Guinée depuis son investiture en décembre 2010. Alpha Condé a continué à lancer les forces de l’ordre et de sécurité (FOS), en réalité la milice ethnique des Donsos (les soi-disant chasseurs traditionnels de la Haute Guinée, une véritable force supplétive du pouvoir, armée non plus de vieux fusils de chasse et d’armes blanches, mais de Kalachnikov et d’armes de guerre modernes) contre les manifestations populaires, légalement autorisées. Aujourd’hui, après trois ans de gouvernement Alpha Condé, le bilan s’établit officiellement à 54 morts et à 600 blessés dont 400 par balles, sans compter le nombre inconnu de jeunes des quartiers de Cosa, Hamdallaye et Bambéto, à Conakry, enlevés nuitamment, conduits vers des lieux secrets, exécutés et enfouis dans des fosses communes.

Après l’article du Canard Enchaîné, Alpha Condé aura beau jeu de brandir celui-ci devant la communauté internationale pour parler de complot et procéder à une répression sauvage et sanguinaire contre la population.

Qui peut croire que des mercenaires peuvent, de nos jours, réussir un coup d’Etat, même en Afrique ? Votre journaliste a lui-même indiqué qu’une telle tentative a lamentablement échoué dans un petit pays comme les Comores. Arrêtez, Monsieur Gaillard, de traiter les Africains avec tant de désinvolture.

2°). Votre journaliste affirme qu’il y a eu en décembre 2010 « la première élection démocratique du pays ». Cette affirmation est mensongère. Au premier tour de cette élection présidentielle, Alpha Condé a réalisé le score de 18% face à Cellou Dalein Diallo, 44%. Expliquez-nous par quel tour de passe-passe le premier peut l’emporter sur le second au deuxième tour. Ce deuxième tour, qui devait intervenir deux semaines après le premier tour, s’est tenu quatre mois et demi plus tard, en raison des multiples obstructions soulevées par Alpha Condé pour gagner du temps et organiser la fraude électorale en amont du scrutin. Je peux tenir à votre disposition un document expliquant les relations entre Alpha Condé et les services sud-africains qui lui ont permis, grâce à la société sud-africaine  Waymark (bannie par les Nations Unies), de gagner au deuxième tour. Cette société a obtenu frauduleusement le contrat du traitement informatique du scrutin du deuxième tour, excluant ainsi la société française Sagem qui a traité le premier tour, et ce, avec la complicité de la Francophonie et des autorités de la Transition (le président par intérim, le général Sékouba Konaté, et le premier ministre, Jean-Marie Doré). Il est indiscutable qu’Alpha Condé est arrivé au pouvoir par un hold-up électoral sans précédent dans l’Histoire.

3°). Votre journaliste présente Alpha Condé comme un socialiste qui a lancé une opération « mains propres » pour assainir les contrats miniers en Guinée. Alpha Condé est loin d’être le chevalier blanc que présente la propagande internationale organisée par les services de communication de George Soros et Tony Blair, et qui vous ont induit en erreur. Il est vrai que le gisement de Simandou avait été cédé, sous le régime du président Lansana Conté, au groupe BSG de Beny Steinmetz et à la société brésilienne Vale. Alpha Condé renégocie les contrats miniers, notamment celui de Vale, non pas dans l’intérêt de la Guinée, mais pour les sous-traiter aux entreprises chinoises, moyennant des royalties et des dessous de table pour lui-même et son fils, Mohamed Condé.

C’est pourquoi Alpha Condé a lancé, le 5 août 2012, les milices de l’ULIMO et de l’URD, qui sévissaient sous le régime de Charles Taylor au Liberia – avec lesquelles il a des accointances -, contre les installations de Vale dans le village de Zoghota, dans le sud-est de la Guinée, pour obliger la société Vale à jeter l’éponge. Bilan : plus de 100 millions de dollars de destructions. Ces milices ont attaqué nuitamment les villageois : 5 morts et de nombreux blessés, pour faire croire que ce sont ces villageois qui ont détruit les installations de Vale, soi-disant pour protester contre le fait qu’ils n’auraient pas été embauchés par la société brésilienne.

Alpha Condé a déjà capté plus de 1 milliard de dollars en moins de trois ans de pouvoir : 700 millions de Rio Tinto, 150 millions de l’Angola, 25 millions de prêt du milliardaire sud-africain Walters Henning, 60 millions de l’opérateur téléphonique sud-africain MTN, 60 millions de l’opérateur guinéen ARTP, qui perçoit à l’étranger des redevances en devises sur tout appel téléphonique destiné à la Guinée, 50 à 150 millions de dessous de table versés par des sociétés étrangères qui cherchent à s’implanter en Guinée. A quoi il faut ajouter un prêt personnel du président congolais Denis Sassou N’Gessou et un autre du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, dont les montants sont inconnus. Faites l’addition et vous verrez que tout cela dépasse de loin 1 milliard de dollars.

Ce décompte ne concerne que les montants dont le gouvernement d’Alpha Condé a accès et qu’il peut dépenser comme bon lui semble. Cela ne concerne pas les dons, ainsi que les prêts bilatéraux et multilatéraux dont l’utilisation est strictement contrôlée par les bailleurs de fonds officiels.

Le budget de l’Etat guinéen n’a jamais vu la couleur de cet argent. Et le CNT, l’organe législatif transitoire, qui n’a pas été élu mais nommé (et qui est notoirement corrompu) n’a pas pipé mot. Tout ce magot, planqué dans les banques occidentales à l’étranger, servira à couvrir la fuite d’Alpha Condé, le jour où le peuple de Guinée se lèvera pour le chasser (il retournera ce jour-là au Burkina Faso, son pays d’origine).

4°). Qui peut croire que le milliardaire George Soros peut venir en aide à un potentat africain par solidarité socialiste et donc bénévolement ?

5°).  Votre journaliste laisse entendre qu’Alpha Condé est menacé d’une invasion par des mercenaires, sur la foi d’un rapport de la CIA américaine et d’un autre de la DGSE française. On sait que ces services sont mus principalement par la raison d’Etat, la raison de leur employeur, donc celle des Etats-Unis et de l’Etat français, qui ont toujours soutenu les potentats africains pour préserver leurs intérêts, principalement dans les pays miniers. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir le sort qu’ils réservent à la RDC.

Il est regrettable que Le Canard Enchaîné se fasse, par la légèreté d’un journaliste, complice d’une annonce abracadabrantesque d’un probable coup d’Etat en Guinée. Ce journaliste signe ses articles d’un pseudonyme. Le recours au pseudonyme se justifie lorsque le journaliste écrit sur un sujet sensible et qui lui fait courir de grands risques. Ce n’est pas le cas. Donc, ce pseudonyme cache tout simplement le manque de courage d’un journaliste qui ne veut pas écrire à visage découvert et qui a peur d’avoir à perdre la face lorsque ses mensonges vont être découverts (pourquoi, dans ce cas, ne le croirait-on pas corrompu ?).

Je sais aussi que certains journaux créent un pseudonyme collectif que leurs rédacteurs utilisent à tour de rôle. Ce procédé dérisoire, date du siècle dernier, et devrait disparaître.

Si c’est le cas, je vous conseille vivement, Monsieur Gaillard, d’abolir définitivement l’usage d’un tel pseudonyme, que des journalistes pressés de réaliser un scoop utilisent sans scrupules, quitte à mettre en difficulté leur journal. Le public qui vous lit n’est pas aussi profane que vous semblez le croire.

Monsieur Gaillard, par l’enquête que vous avez publiée, vous incitez à la haine raciale contre les Peuls, une population innocente qui est victime de la barbarie de la dictature tribale et sanguinaire d’Alpha Condé, puisque votre journaliste, en citant la CIA, laisse entendre que des « milices peules » pourraient appuyer des mercenaires sud-africains lancés contre la Guinée. Et vous allez pousser les hauts cris quand Alpha Condé va se livrer à des massacres épouvantables contre les Guinéens après les législatives du 28 septembre 2013.

Monsieur Gaillard, l’enquête dont vous avez autorisé la publication est un véritable appel au meurtre contre les populations guinéennes qui vont manifester contre la fraude électorale soigneusement organisée pendant trois ans par Alpha Condé en amont des élections législatives du 28 septembre 2013. Ce long délai est une violation flagrante de la Constitution guinéenne qui prévoit que les législatives doivent être organisées six mois après la présidentielle (soit en juin 2011).

C’est pourquoi, nous allons porter plainte contre vous, Monsieur Gaillard, devant la CPI, la Cour Pénale Internationale, pour incitation à la haine raciale contre les Peuls (5 millions en Guinée, plus de 100 millions dans toute l’Afrique, du cap Vert au cap Guardafui) et appel au meurtre des populations guinéennes.

Je demande à vous rencontrer pour vous exprimer de vive voix notre préoccupation concernant le projet de guerre civile en Moyenne Guinée préparé par Alpha Condé et je vous invite à lire attentivement le document-alerte joint au présent courrier.

Alpha Sidoux Barry

E-mail : alpha.sidoux@gmail.com

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