Selon les résultats confirmés par la Cour constitutionnelle, le président guinéen sortant Alpha Condé a remporté dès le premier tour l’élection présidentielle du 11 octobre 2015. Ils sont été nombreux, nos compatriotes, à avoir réagi aux conditions d’organisation, de déroulement ainsi qu’aux résultats qui en découlés. Gbassikolo, en collaboration avec le Guepard.net, s’est entretenu à bâton rompu avec M. Mamadou Billo SY SAVANÉ, un des hauts responsables de l’Union des Forces Républicaines (UFR). Des questions liées aux accusations de « traitrise » à l’endroit de son parti, tout comme celles relatives à la rencontre entre BAH et Alpha Conde, ont été également abordées…
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L’élection du 11 Octobre 2015 est enfin terminée avec la confirmation par la Cours constitutionnelle, de la victoire du Président sortant. Depuis, on ne vous a pas entendu, ni lu. Vous êtes un Haut Responsable de l’U.F.R, membre du Bureau exécutif national Chargé des Relations internationales et du projet du parti. Votre candidat a subi une « sévère défaite ». Pour commencer, Monsieur Mamadou Billo SY SAVANE, en deux ou trois mots, que dites-vous de cette élection ?
M.B.S.S. : cette élection à mes yeux, porte les marques suivantes : anarchie dans son organisation, immaturité de beaucoup de candidats, et irresponsabilité de certains.
On reviendra sur vos objections. Mais dans l’immédiat, parlons des attaques contre votre parti, l’U.F.R., et plus particulièrement contre votre candidat M. Sidya TOURE. Avez-vous une explication de cet acharnement ?
M.B.S.S. : Je vous réponds en tant que Haut Responsable de mon parti, mais aussi en tant que citoyen. Le vice-président du parti, Boubacar BARRY s’est exprimé sur ces attaques. Il en a montré la stupidité, et la puérilité des auteurs. Personnellement, je n’en vois pas les raisons, mais j’en aperçois les incohérences. Je vous donne un exemple : des « procureurs » pas du tout honnêtes, je pense à ce Monsieur qui, pour plaire à celui qui lui a payé les 800 millions de caution, éructe contre Sidya en disant « c’est Sidya qui a fait perdre l’opposition en proposant une candidature unique…. ». Or ce type se lamentait partout dans la presse locale, contre le président Alpha CONDE qui aurait fixé la caution de candidature à une somme que lui, ne pourrait pas réunir. Autrement dit, cette personne n’était pas en mesure d’être candidate, car elle ne travaille pas, n’a aucune activité connue susceptible de lui fournir des ressources. Et tout d’un coup, notre fameux candidat, sponsorisé par un « mystérieux » personnage, est candidat. Dans sa campagne, on avait l’impression qu’il était candidat contre Sidya, ou qu’il faisait campagne pour celui qui l’a sponsorisé.
Oui, mais il y a d’autres accusateurs, y compris dans la presse locale…
M.B.S.S. : Mais les autres accusateurs sont dans la même incohérence. Je ne tiens pas compte de ce qu’écrivent les blogs ETHNISTES comme GUINEEACTU, et certains autres. Ce sont des blogs qui sont dans une démarche communautariste de type sectaire et népotiste. Ils sont dans leur rôle. Ils pensent grandir leur « leader » par les tombereaux de mensonge déversés sur SIDYA. A mon avis, ils sont dans l’erreur. Les Guinéens connaissent bien SIDYA. Je pense pouvoir dire, sans aucun risque d’être démenti, qu’ils l’apprécient et qu’ils attendent beaucoup de lui. Mais on ne peut raisonner des clubs népotistes sectaires, car ils sont inaccessibles à la raison. Alors, laissons-les, là où ils sont.
Après la rencontre entre le président Alpha CONDE et M. Sidya TOURE, certains responsables de partis politiques ont dit que cette rencontre était la preuve de votre « trahison ». Qu’en pensez-vous ?
M.B.S.S. : chacun peut penser et dire ce qu’il veut. Nous ne sommes pas concernés par les fariboles qu’on raconte ici, ou là. Pour les raisons suivantes : 1°. SIDYA n’a jamais subordonné, ne subordonnera jamais les décisions qu’il prend à ce que PAUL ou PIERRE peuvent penser. C’est un Homme d’Etat et non un « leader » communautaire. Il n’a de compte à rendre qu’à son parti, et au pays. 2°. Une trahison, c’est le non-respect d’un contrat écrit, ou même implicite entre les parties qui ont décidé de partir ensemble. Ici, ce n’était pas le cas. A partir du moment où il n’y a pas eu de candidature unique ou commune, chaque candidat était libre de mener sa campagne comme il l’entend. Enfin, dites-moi : il y aurait « trahison » à répondre à l’invitation du président élu, et « loyauté » quand en 2010, M. Cellou Dalein DIALLO constitue en cachette, avec MM. Alpha CONDE et Mamadou SYLLA de FUTURELEC une alliance contre SIDYA pour l’éliminer dès le premier tour ? Il y aurait beaucoup à dire concernant certaines pratiques du supposé « chef de file » de l’opposition, par ailleurs rémunéré par le même président qu’il est interdit de rencontrer aujourd’hui, du moins lorsqu’il s’agit de SIDYA.
Justement, vous en tant que Membre du Bureau Exécutif National de l’U.F.R., quel est votre avis sur cette rencontre ?
M.B.S.S. : SIDYA est un Homme d’Etat dont les Guinéens attendent beaucoup. Il apaise et rassemble le pays lorsqu’il est aux affaires. Son passé l’atteste, et ses compatriotes le reconnaissent. En acceptant l’invitation du président, il s’est montré comme toujours, en homme RESPONSABLE, capable de mettre en avant les intérêts supérieurs du pays, plutôt que son orgueil personnel, ou les intérêts particuliers. C’est donc une excellente chose.
D’après les informations qui nous parviennent, la rencontre de SIDYA avec le président Alpha CONDE, a suscité et fait naître beaucoup d’espoir parmi l’immense majorité des Guinéens. Vous personnellement, vous vous attendiez à un tel accueil de cette rencontre ?
M.B.S.S. : Ecoutez ! Pour être honnête avec vous, je m’y attendais. Ce n’est donc pas une surprise pour moi. Je fais confiance à la capacité de discernement de nos compatriotes. Ils veulent sortir d’un communautarisme qui se déguise en lutte politique. C’est pour cela que pour eux aussi, la rencontre Sidya-Alpha CONDE était souhaitée et attendue. Puisqu’ils n’ont pas la mémoire courte, ils se souviennent bien que, en 1996, c’est à lui SIDYA, que M. Lansana CONTE a fait appel lorsqu’il était dans une situation économique et sociale plus que périlleuse. SIDYA a alors commencé à redresser la situation économique grâce à la confiance qu’il inspirait lui-même aux bailleurs de fonds. Il a en plus, fait émerger une équipe autour de lui à qui il a appris à travailler. Je peux citer certains d’entre eux, par exemple MM. Ousmane KABA, Cellou Dalein DIALLO, Kassory FOFANA, Maurice ZOGBELEMOU…..J’en parle librement, d’autant plus que je ne lui dois rien. Je n’avais pas besoin d’être nommé ici ou là. Mais c’est parce que à chacun de mes séjours en Guinée, je voyais concrètement les fruits de son travail, y compris dans mon village à LINSAN, que j’ai cherché à le rencontrer en août 1999. La coalition des corrompus dont certains sont revenus dans l’entourage de M. Alpha CONDE, avait réussi à rouler dans la farine Lansana CONTE, concernant le travail de SIDYA. A ce propos, il y a trois ans, un proche du général décédé m’a confié que ce dernier s’était rendu compte que celui ou ceux qu’il pensait lui être loyaux, lui avaient en fait menti pour le brouiller avec SIDYA. Et il était trop malade pour récupérer la situation.
Changeons de sujet. Il se dit partout que M.BAH Oury aurait été reçu longuement par le président Alpha CONDE à PARIS. Avez-vous une observation à faire quant à cette vraisemblable rencontre ?
M.B.S.S. : Si votre information est exacte, je la prends pour une excellente nouvelle. Car pour moi, la place de BAH Oury, c’est en Guinée, et pas ailleurs. C’est une excellente nouvelle parce que d’un côté, le président Alpha CONDE se montre à la hauteur de ce qu’il doit être, c’est-à-dire celui qui apaise et rassemble, et de l’autre côté, BAH Oury en devenant plus conciliant, contribue à faire baisser les tensions. J’applaudis donc des deux mains cette rencontre, si elle a eu lieu.
Mais alors, vous n’êtes pas sur la même longueur que M. Cellou Dalein DIALLO. Il considère que cette rencontre est un « non-évènement ». Qu’en dites-vous ?
M.B.S.S. : Je ne suis pas à l’U.F.D.G. Je ne peux donc pas répondre à cette question. Mais je peux dire que je n’ai pas remarqué, depuis le temps que dure l’exil de BAH Oury, que certains qu’on pouvait supposer être ses camarades de parti, aient été excessivement entreprenant pour obtenir la fin de son exil. Bien au contraire. Une pétition à l’initiative de jeunes democrates pour une amistie en faveur de BAH Oury et tous ceux qui sont concernés par l’afffaire du 19 juillet 2011, a été signée par tous les députés de l’opposition, y compris ceux de l’UFR, sauf 18 députés de l’UFDG.
J’ai même vu avec ébahissement que certains de ses « camarades » organisaient contre lui, un véritable lynchage. Il était traité de « extrémiste », « tribaliste » par certaines notabilités de son parti. L’ayant personnellement approché, j’ai cherché en vain l’extrémiste que dépeignaient à longueur de clavier certaines personnes. Bien au contraire, j’ai rencontré un BAH Oury à l’opposé de ce que certains de ses étranges amis de l’U.F.D.G. disaient de lui. J’ai rencontré et finalement lié amitié avec un type rigoureux, mais pacifique et conciliant. Bref un homme de parole et aimable. Finalement j’ai réalisé qu’il était plutôt victime d’une concurrence intra-U.F.D.G., et que son ou ses compétiteurs voulaient l’éliminer. Voilà.
On arrive à la fin de cette conversation. Si vous étiez avec le président Alpha CONDE, que lui conseilleriez-vous, à supposer qu’il vous le demande ?
M.B.S.S. : vous plaisantez. Je ne me permettrai jamais de donner conseil, pas plus à lui qu’à un autre. J’ai été un des adversaires, certes modeste de sa politique, mais un adversaire incisif, peut-être le plus coriace. Il m’a même fait mettre en prison. Donc pas de conseil, ni de rancune.
Puisque vous dites n’être pas rancunier, un mot sur kôrô Alpha Comme on l’appelle souvent.
M.B.S.S. : Une fois il m’a touché. C’est quand dans un accent de sincérité indéniable, il a dit avec un chagrin dans sa voix, qu’il a eu le malheur de perdre son frère MALICK qui connaissait la Guinée et les Guinéens, et que lui ne connaissait pas bien le pays. Ce jour-là, je m’en suis un peu voulu d’avoir été si dur, car je connaissais MALICK, on s’estimait réciproquement, même si on ne se fréquentait pas. Et je l’ai connu dans une circonstance qui n’était pas forcément confortable pour M. Alpha CONDE. Voilà ! Je n’ai aucun problème avec ça. Je suis incapable de rancune. Je n’ai aucun mérite, parce que tout simplement je suis incapable de rancune.
Au fond, on ne vous imaginait pas sensible. Nous sommes agréablement surpris. Parce que pour beaucoup, y compris parmi vos lecteurs, vous êtes une mécanique intellectuelle impitoyable, toujours prête à broyer ses adversaires, ou à les ridiculiser. Finalement, les choses sont plus complexes. Merci M. Savané.
M.B.S.S. C’est moi qui vous remercie.
Un entretien réalisé par Gbassikolo.com et leguepard.net