Un guinéen emprisonné à la place d’un homonyme, il réclame 180.000 euros de dédommagement

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GBK JUSTICE – Mohamed Camara a fait cinq mois de prison à la place d’un homonyme qui avait été condamné pour le viol de deux enfants…

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Ce jour de 2001, Mohamed Camara ne se doutait pas que le train Paris-Bruxelles dans lequel il montait l’emmènerait directement en prison. Quand les policiers belges lui ont demandé ses papiers, celui qui n’était encore qu’étudiant pensait subir un simple contrôle d’identité. «Ils m’ont dit que j’étais visé par un mandat d’arrêt européen, raconte-t-il aujourd’hui. Et qu’ils devaient m’emmener en cellule…»

Le véritable homme visé par ce mandat vient, en fait, d’être condamné, en son absence, à vingt ans de prison pour le viol de deux enfants. Lui aussi s’appelle Mohamed Camara. Et comme son homonyme, il est né en 1973 à Conakry (Guinée)… Cinq mois de prison plus tard, Mohamed Camara parvient enfin à faire admettre son innocence aux autorités à l’issue d’une confrontation avec les victimes qui… ne le reconnaissent pas. Ce lundi, il réclamera donc 180.000 euros en guise de réparation lors d’une audience devant le premier président de la cour d’appel de Paris.

«Personne n’a jugé utile de vérifier l’ADN…»

«C’est effarant de connerie, s’emporte Frédéric Berna, son avocat. Les autorités disposaient de l’ADN du violeur. Il suffisait de comparer avec celui de mon client. Mais personne n’a jugé utile de vérifier. On a juste regardé sa carte d’identité. Nom, prénom, pays et année de naissance: cela a suffi à ruiner sa vie…»

Car brillant étudiant en sciences sociales, Mohamed Camara s’apprêtait à passer les examens de son Master 2 à Nantes (Loire-Atlantique) quand il a été arrêté. «Je suis allé en prison et je n’ai jamais pu finir mes études, lâche-t-il, amer. Maintenant, je souffre de troubles psychiatriques.»

La justice propose 12.000 euros

Dix ans après les faits, celui qui est aujourd’hui âgé de 40 ans erre ainsi de foyer en foyer sans travail. «Avec son diplôme, il aurait eu un boulot correct. Aujourd’hui, il n’a rien, plaide Frédéric Berna. Notre demande d’indemnisation n’est pas hallucinante…» (Lire l’encadré) Sauf qu’elle se heurte à la loi française. En effet, les textes ne prévoient de dédommagement que pour les personnes qui ont été relaxées, acquittées ou qui ont bénéficié de non-lieu. Mohamed Camara ne peut pas être dans l’une de ces cases car il n’a jamais été condamné…

Lors d’une première audience, mi-septembre, le procureur général de la cour d’appel de Paris a toutefois reconnu, face au calvaire de Mohamed, que «l’esprit du texte devait l’emporter sur sa lettre» en proposant 12.000 euros de dédommagement. Ce lundi, Frédéric Berna tentera d’expliquer que cela ne correspond pas «au prix d’une vie ruinée».

 

Source: 20minutes.fr

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