En Guinée, le processus électoral dans l’impasse

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Le 20 août dernier a été signé des accords politiques entre la mouvance présidentielle et l'opposition avec le parrainage de la communauté internationale. Ceux-ci s'articulent autour de trois principaux points :

 

la désignation par l'opposition de deux commissaires à la CENI pour remplacer numériquement deux commissaires décédés;

  • L'assainissement du fichier électoral pour expurger les personnes mineures enrôlées et éliminer les doublons. Une commission technique devrait être mise en place à cet effet. 
  • En compensation de la non-tenue des élections communales avant l'élection présidentielle, un consensus est établi entre les signataires des dits accords pour créer 128 délégations spéciales pour administrer les principales communes urbaines et rurales du pays en s'appuyant sur les résultats à la proportionnelle des élections législatives de septembre 2013 afin d'affecter à chaque parti un nombre de délégués proportionnellement à son poids électoral localité par localité.

Ces mesures devraient être effectives au plus tard le 02 septembre 2015. Le représentant des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et celui de l'Organisation de la Francophonie épaulés par les ambassadeurs des USA , de France et d'Allemagne ont été les principaux médiateurs pour parvenir à ces accords. Le Ministre d’État de la Justice , président de ce « dialogue » s'empressa de déclarer que ces accords sont historiques. En effet , ces accords ont permis à l'opposition de faire acte de candidature à l'élection présidentielle du 11 octobre 2015. Le pouvoir a vu ainsi sa stratégie validée et l'élection présidentielle légitimée par la présence des poids lourds de l'opposition comme candidats . Depuis lors et de plus belle qu’auparavant M. Alpha CONDE mène une campagne effrénée à l'intérieur du pays.

 Quant aux accords du 20 août 2015 , aucune des mesures annoncée n'est effective. La désignation par l'opposition du second commissaire à la CENI fait polémique dans un contexte surréaliste. Les nouvelles délégations spéciales ne sont pas encore créées à moins de 48 heures du lancement officiel de la campagne électorale. L'assainissement du fichier de la CENI n'est que leurre car techniquement peu réalisable car les cartes d'électeurs sont en cours de confection.

En définitive , ces accords politiques que le le Département d’État américain avait salués , ne sont que de la poudre aux yeux pour tromper aussi bien la communauté internationale que le peuple guinéen.

 Chaque acteur majeur de la vie politique en Guinée est ainsi interpellé par cette situation dangereuse pour la stabilité et la paix en Guinée. En effet , une élection transparente et crédible est un moyen sûr de sortie de crise comme une mauvaise élection est également source de crispations politiques , de violence et d'instabilité . La Guinée, à l'aune de l'examen du processus électoral en cours ,va tout droit à la catastrophe. C'est pour cela que la Guinée ira au désastre si le processus actuel n'est pas stoppé à temps.

 La responsabilité de tous les candidats se réclamant de l'opposition est engagée. Leur choix est simple : continuer à faire comme si tout est acceptable , alors ils accompagneront la descente aux enfers de leur propre pays pour des résultats électoraux déjà prévisibles , soit ils marquent leur refus en rejetant l'organisation dans de telles conditions du scrutin présidentiel du 11 octobre 2015.

Le peuple guinéen et plus particulièrement sa jeunesse se trouvent devant un choix cornélien : adopter une attitude passive en laissant la volonté d'Alpha CONDE triompher et voir ainsi leur avenir hypothéqué et sacrifié pour une longue période ou rappeler qu'ils demeurent la vraie source de tout pouvoir en usant de leur droit constitutionnel de protester et de manifester pour réclamer le changement de gouvernance avant qu'il ne soit trop tard.

 La communauté internationale se trouve elle aussi flouée par M.Alpha CONDE mais il est peu probable qu'elle en tire les conséquences en marquant un soutien ferme et publique à ceux qui œuvrent pour empêcher que la Guinée ne devienne comme la Côte d'Ivoire de 2011 ou comme la République Centrafricaine déchirée et ensanglantée d'aujourd'hui. Les patriotes guinéens où ils se trouvent , ne doivent pas abandonner la Guinée et le peuple guinéen face à un désastre qui est imminent par l'organisation de mauvaises élections le 11 octobre prochain.Il n'est pas encore trop tard pour agir afin de sauver notre pays, mais il faut faire vite avant qu'il ne soit trop tard.

 

 BAH Oury

Ancien Ministre de la Réconciliation Nationale

1er Vice-Président de l'UFDG  

 

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