Depuis 2015, la fondation Audacity for Africa tisse un réseau d’entreprises prêtes à renforcer les compétences de jeunes entrepreneurs issus d’Afrique de l’Ouest.
Seuls 22 % sur les 73 millions de jobs créés en Afrique entre 2000 et 2008 ont été décrochés par des jeunes selon un récent rapport publié par quatre banques internationales de développement. Au total, les moins de 25 ans représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains. Pour pallier cette tendance, de nombreux gouvernements incitent cette tranche de la population à entreprendre. Mais l’accompagnement se fait rare. C’est dans ce contexte que la fondation Audacity for Africa, basée à Conakry, tente depuis bientôt trois ans de renforcer les compétences de jeunes femmes et hommes ayants décidé de créer leur propre entreprise.
Apporter l’information
« Nous souhaitons contribuer à l’intérêt général, explique Kadia Saliou Sylla Moisson, la fondatrice qui dispose d’une quinzaine d’années d’expériences dans les ressources humaines. Nous allons sur le terrain identifier des projets pour créer ensuite une convergence d’intérêts. Le but étant d’identifier des initiatives locales créatrices de revenus qui ont besoin d’un accompagnement pour accélérer leur développement ».
Sur le terrain, Kadia et son équipe de bénévoles constatent ainsi un manque cruel d’informations de la part des jeunes entrepreneurs sur les formations possibles à intégrer. « Beaucoup d’initiatives se créent mais ne parviennent pas à évoluer faute de compétences ou de réseau pouvant apporter une aide ou un éclairage sur certains sujets ».
Nous avons beaucoup de demandes pour des formations juridiques, dans le digital ou en gestion.
Formations en gestion et mise en réseau
Pour renforcer les capacités de ces jeunes, Audacity for Africa s’appuie sur un réseau d’entreprises tissé depuis 2015. Le but étant que ces dernières accueillent des candidats lors de stages et de formations spécifiques en gestion et en droit, deux domaines très demandés par les jeunes patrons.
Ces derniers sont également très friands d’une mise en relation avec des dispositifs de financement. « Nous avons beaucoup de demandes pour des formations juridiques, dans le digital ou en gestion. D’autres concernent des demandes en matériel pour décortiquer le riz ou transformer le savon. Pour les jeunes, notre prestation est entièrement gratuite. Ils poursuivent ensuite leurs démarches au nom d’Audacity auprès de nos partenaires ».
L’aide de grandes entreprises
Parmi les entreprises volontaires qui ont répondu à l’appel de la fondation, la Société Générale fait partie des têtes de liste. « Cela nous permet d’accompagner une coopérative de 1 000 femmes en Guinée Forestière. Elles sont en attente d’une formation dans le secteur bancaire. On va pouvoir donner un financement à cette structure afin qu’elle rénove une salle de cours et paye un formateur ».
Parmi les entreprises volontaires qui ont répondu à l’appel de la fondation, la Société Générale fait partie des têtes de liste
Après trois ans d’existence, la fondation intervient de plus en plus hors de Guinée. Elle a permis à une jeune start-up guinéenne de se lancer dans le secteur de l’emballage alimentaire grâce au soutien financier du groupe Ardex. Audacity for Africa cherche actuellement un partenaire pour financer l’unité de production du réseau SOS Villages au Mali. « Nous avons parfois des demandes en France pour l’Afrique. J’ai par exemple un couturier modéliste qui souhaite dispenser une formation dans un centre formation professionnelle en Côte d’Ivoire », ajoute la fondatrice.
Accord avec l’agence pour l’emploi du Bénin
Nous sommes là pour informer sur tous les leviers possibles.
Actuellement en pleine préparation de la deuxième édition d’une conférence sur la croissance partagée qui aura lieu en fin d’année à Conakry, Audacity for Africa vient de signer un protocole d’accord avec la Confédération Nationale des Employeurs du Bénin afin de rehausser l’employabilité des jeunes et contribuer ainsi à l’émergence de petites et moyennes entreprises à forte valeur ajoutée. « Nous avons la chance d’avoir un réseau fort avec des professionnels et des universitaires compétents. Nous sommes là pour informer sur tous les leviers possibles pour faire comprendre aux jeunes qu’ils peuvent acquérir d’autres compétences tout en restant concentrés sur leur activité sur place ».
Une manière pour Kadia, qui a reçu le 4 mai dernier un prix d’honneur pour l’audace au féminin de l’African Cristal Festival à Marrakech, de combattre la fuite des jeunes au péril de leur vie vers l’Europe. « L’Afrique est le continent de demain. Les économistes le disent. Mais pour ça, il faut aussi que les Africains soient de la partie », conclut-elle, d’un ton déterminé.
Avec JA
Bonne chance et bon vent Mme Sylla-Moisson,votre projet est noble mais il aurait été bien de nous donner également un aperçu de vos nombreuses contraintes dans cet environnement que nous connaissons tous.
Plusieurs bonnes initiatives sont lancées chez nous, souvent crées par des compatriotes de la diaspora qui se basent sur leurs expériences acquises ailleurs, mais combien existent et ont conservé leur âme après 4-5 ans de combat dans le contexte local ??