Dans l’hebdomadaire « Le Canard Enchaîné » n°4985 du 11 Mai 2016 page 3, le journaliste Jean-François Julliard signe un article intitulé « Du Togo à la Guinée, Bolloré bâtit sa fortune franco de port ». Il indique qu’à Conakry, le groupe Bolloré contrôle le terminal de conteneurs, ce qui lui permet d’engranger 40 millions d’€ annuels de chiffre d’affaires. Mais une fois enlevés les frais (environ 2 à 3 millions de redevances à l’État guinéen et 7 millions en salaires, assurances et énergie), cela laisse environ 30 millions de bénéfices nets annuels (soit 75% de rentabilité commerciale !!!)…
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Selon le journal, le groupe Bolloré aurait confirmé ces chiffres, affirmant qu’il a déjà investi 100 millions et qu’il investira le même montant d’ici 2036, fin de la concession.
En multipliant 25 ans de concession par 30 millions d’€ (au minimum, parce qu’avec les investissements, le chiffre d’affaires et donc le résultat net, augmenteront beaucoup plus), on obtient au minimum 750 millions. On comprend mieux pourquoi le groupe Bolloré tire 80% de ses bénéfices d’Afrique.
On ne peut reprocher au groupe Bolloré de chercher à faire des affaires, d’autant que c’est par ailleurs un vrai entrepreneur (ce qui n’est pas si courant en France), mais outre les conditions d’obtention de la concession en Guinée en 2011, il n’est pas normal que l’État brade ses intérêts aussi facilement et pour longtemps. Là où la Guinée obtiendra 50 à 75 millions d’€ de redevances, le groupe Bolloré en obtiendra 10 à 15 fois plus au minimum.
Qu’en Guinée nous soyons incapables de construire des avions ou des satellites en 2016 est compréhensible, vu la jeunesse du pays, mais ne pas être capable de gérer de la logistique ???
Comme je le disais dans un précédent papier, la Guinée se doit de former (ou de rapatrier) des ingénieurs en fonction de ses intérêts (télécom, informatique, ponts et chaussées, énergie renouvelable, transports et logistique, agronomie, mines…) et non se contenter de former de simples techniciens (dans le seul secteur minier) en fonction des intérêts des autres.
Où est le Ministre de l’enseignement supérieur ? Que fait-il ?
Gandhi, citoyen guinéen
« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).
Note de la Redaction: l’insertion de la video accompagnant cet article, est de notre initiative.