Guinée : Plus de 8 enfants sur 10 en situation de pauvreté en apprentissage, un triste record mondial

Conakry — Un chiffre glaçant vient d’être publié par la Banque mondiale, région Afrique : 83 % des enfants guinéens de 10 ans vivent en situation de pauvreté en apprentissage. Autrement dit, ils ne savent ni lire ni comprendre un texte simple. Ce taux, le plus élevé au monde, place la Guinée en tête d’un classement dramatique qui interpelle autant qu’il inquiète.

Une crise éducative d’ampleur nationale

La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle dépasse largement la moyenne déjà alarmante de 79 % en Afrique subsaharienne. À titre de comparaison, l’Asie du Sud affiche 60 %, l’Amérique latine et les Caraïbes 59 %, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord 49 %, et l’Asie de l’Est 35 %. En bas de l’échelle, l’Europe et l’Asie centrale enregistrent 12 %, tandis que l’Amérique du Nord ferme la marche avec seulement 4 %.

En Guinée, la majorité des enfants échoue à acquérir les compétences de base dès le début de leur scolarité. Un constat qui soulève de sérieuses interrogations sur l’efficacité du système éducatif, mais aussi sur la capacité de l’État à préparer sa jeunesse à relever les défis du développement.

Les filles encore plus touchées

L’étude révèle également un écart de genre significatif. Les filles sont plus affectées (84 %) que les garçons (81 %). Un déséquilibre qui traduit les inégalités persistantes dans l’accès à l’éducation, notamment en zones rurales, où les traditions, les mariages précoces et la pauvreté freinent encore la scolarisation des filles.

« C’est une urgence nationale », alerte un activiste

Pour Abdoul Goudouss Diallo, activiste guinéen engagé pour l’éducation, ces chiffres sont plus qu’un signal d’alarme : « Que vaut l’avenir d’un pays dont les enfants ne peuvent pas apprendre ? », s’interroge-t-il.

Il appelle à une refondation en profondeur du système éducatif guinéen, avec un ensemble de mesures urgentes :

• formation et recrutement d’enseignants qualifiés,

• réhabilitation des infrastructures scolaires délabrées,

• investissements publics conséquents,

• et surtout, mise en œuvre de politiques d’équité et d’inclusion pour garantir à chaque enfant, fille ou garçon, un accès réel à une éducation de qualité.

Un défi de survie pour la nation

L’enjeu est de taille. L’incapacité des enfants à lire à 10 ans a des conséquences en chaîne : décrochage scolaire, chômage, pauvreté, exclusion sociale. Pour la Guinée, l’éducation n’est pas seulement une priorité sociale, c’est un défi de survie nationale. Faute d’action immédiate, c’est toute une génération qui risque d’être sacrifiée.

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