Guinée: un pouvoir aux vélléités hégémoniques…

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 Les agissements de l’actuel président de la République de Guinée mettent en relief le comportement d’un « big man » à la place d’un chef d’état ayant pour objectif d’imposer à la Guinée un parti hégémonique dominant. Le projet de tripatouillage constitutionnel est l’une des voies prisées pour y parvenir. On le sait, ce genre de parti s’active certes à organiser des élections, comme c’est le cas du parti au pouvoir guinéen, mais leur résultat l’est également (par la fraude électorale ou d’autres moyens) et les autres partis ont le droit d’exister, mais la possibilité d’une rotation du pouvoir c’est à dire une alternance n’est en aucun cas envisagée ou envisageable. D’où la dangerosité de ce genre de parti et son caractère antidémocratique.

En effet une telle situation est rendue possible par le fait que nous avons malheureusement que des partis notables en Guinée avec en leur tête des « big man », c’est-à-dire un personnage influent et bien entouré, principalement grâce au recours systématique  du clientélisme. Ils agissent à rebours puis qu’ils  puisent leur pouvoir (y compris économique) dans leur capacité à contrôler et à utiliser les structures et les ressources publiques.  Et ces partis politiques sont caractérisés par leur faiblesse organisationnelles et demeurent surtout très centralisés et caractérisés par des pratiques personnalistes et informelles difficiles à saisir. Les actions sont souvent mal coordonnées et incohérentes. Voilà des facteurs qui  facilitent l’enracinement des partis dominants, comme ce fût le cas avec le PUP de feu Lansana Conté et risque d’être le cas avec le RPG du professeur Alpha condé.

Et l’autre facteur favorisant la naissance d’un tel parti  est lié à la naissance des partis ethniques qui constituent aujourd’hui une sérieuse entrave à la consolidation de la transition démocratique en Guinée. Car partout où les partis ethniques se forment et cristallisent leur base électorale, les élections deviennent dans un tel contexte de simples exercices permettant de mesurer la dimension démographique d’une ethnie, une sorte de recensement au fait. Cela risque de nuire au déroulement d’élections compétitives et de rendre difficiles l’acceptation mutuelle et la consolidation démocratique, comme c’est le cas en Guinée actuellement.

Alpha Condé prouve donc ici à suffisance qu’il était un « big man » avant d’accéder au pouvoir et qu’il l’est encore aujourd’hui. Et Il a en face de lui des nains politiques, puisque lui même étant un big man et nain politique qui a érigé en 9ans un état guinéen qui est sur le plan économique, militaire, politique aussi un nain, sinon il allait nous laisser notre constitution et partir.  Et il a surtout en face de lui des partis politiques  caractérisés par le clientélisme et l’ethnicité et par conséquent un système de parti inachevé.

Et si les guinéens veulent  avoir un système démocratique consolidé, l’instauration d’un système de parti politique institutionnalisé demeure alors impératif, car institutionnaliser les partis politiques est le seul moyen de faire d’eux,  des organisations durables, ancrées dans la société, légitimes, stables et efficaces sur le terrain, susceptibles de contribuer de façon positive à la consolidation démocratique.

Et c’est pourquoi j’en appelle à la conscience de tous les guinéens patriotes pour que ce projet de tripatouillage constitutionnel ne soit pas une réalité et surtout pour que cela sert d’exemple à ceux qui aspirent à gouverner ce pays dans un proche avenir.
Car tant que nous n’avons pas de partis électoraux favorisant la transformation radicale dans l’organisation et les stratégies de partis, et surtout l’émergence de partis politiques institutionnalisés, nous aurons encore beaucoup d’Alpha Condé à la tête de l’état guinéen.

Aissatou Cherif Baldé

Politologue, Hambourg

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