Insécurité routière en Guinée : les causes profondes (par BAH Abdoul Diaila)

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Les accidents de la route est l’une des principales causes de mortalité en Guinée. Au cours des cinq (5) dernières années (2014 à 2018), les accidents de circulation ont causé la mort d’environ  2781personnes soit une moyenne annuelle de 556tués selon les informations du Ministère des Transports.A cela s’ajoute quelques 2600 blessés annuels avec des conséquences dramatiques pour les familles des victimes.

Ces chiffres sont certainement loin de la réalité car tous les accidents de la route ne sont pas déclarés aux autorités de la sécurité routière et les blessés graves ne sont pas suivis.Mais quelles sont les principales causes de ces accidentsde la circulation dans notre pays ?

1)      Le non-respect du code de la route

Les comportements les plus rependus et les plus dangereux sont :

  • La vitesse excessive et inadaptée à l’état du véhicule, à l’état de la route, à la densitédu trafic et aux conditions climatiques.
  • Le non port de la ceinture de sécurité lorsqu’elle n’est pas tout simplement supprimée
  • Les dépassements inappropriés
  • L’abandon de véhicules en panne ou accidentés sur la chaussée sans ou avec une signalisation inadéquate
  • La conduite en état d’ébriété ou de fatigue
  • La circulation à contresens pour éviter un trou par ci ou un dos d’âne par là

2)      Les surcharges des camions

Les routes étant dimensionnées pour une certaine charge, la surcharge des véhicules a pour effet d’accélérer la détérioration des chaussées, des accotements et des ouvrages de franchissement. Or une route en mauvaise état est une route dangereuse et source d’accident pour ses usagers.

3)      La qualité des infrastructures routières

La mauvaise qualité de nos routes est également source d’accident. Pour des raisons budgétaires compréhensibles, les tracés des routes sont faits de manière à contourner montagnes et fleuves et éviter ainsi la réalisation de tunnels et viaducs très onéreux à construire et à entretenir. Malheureusement, cela a pour effet de multiplier les courbes, les pentes et montées dangereux et d’augmenter les risques d’accident.

En plus de cela, il y a la mauvaise qualité des routes dans leur conception technique et leur mise en œuvre :

  • le choix approximatif des matériaux de remblai
  • la mauvaise mise en œuvre des différentes couches
  • l’insuffisance d’ouvrages hydrauliques de drainage
  • le non-respect des épaisseurs des couches
  • l’absence de signalisations verticale et horizontale,
  • Etc.

Cette situation peut s’expliquer par la faiblesse des budgets consacrés à la construction des routes, par l’expertise limitée des entreprises et des bureaux de contrôle locaux mais aussi et surtout par la corruptionérigée en règle de jeu dans le secteur.

Le sous-investissement dans l’entretien des routes vient malheureusement compléter un tableau déjà suffisamment sombre. L’entretien routier guinéen n’intervient qu’en curatif et jamais en préventif. On attend souvent que la route soit complètement coupée avant d’intervenir. Ce qui nécessite la mobilisation de gros investissements en un temps assez court privant ainsi l’Etat de moyens qui auraient pu servir à financer d’autres secteurs comme la santé ou l’éducation.

4)      Le transport mixte personne-marchandises

Si le phénomène a sensiblement diminué ces dernières années, il persiste encore à plusieurs endroits notamment dans les zones inaccessibles aux camions semi-remorques de transport de marchandises.

Des moyens supplémentaires de contrôle et sanction doivent également être mis à disposition afin que l’automobiliste  intègre dans son comportement au quotidien le sentiment d’être contrôlé en tout lieu et à tout moment.

5)      L’état technique des véhicules

Le parc automobile guinéen étant très vieillissant, la suppression de l’obligation de passage régulier au contrôle technique n’a pas arrangé la situation sécuritaire de la circulation routière.

Par ailleurs, la modification des caractéristiques techniques de véhicules est un fléau connu de tous et qui continue de faire des victimes dans un silence coupable des autorités et des usagers. Parmi les pratiques les plus répandues, on peut citer :

  • l’allongement de châssis de camions pour augmenter la capacité transport
  • le « renforcement » de suspensions des véhicules qui a pour but de rendre une simple voiture de tourisme en véhicule 4X4 tout terrain

6)      Le mode de délivrance des permis de conduire

Le mode de délivrance du permis de conduire guinéen constitue un véritable crime dont les autorités devraient se saisir le plus rapidement possible afin de mettre hors d’état de nuire les fonctionnaires indélicats et corrompus qui se livrent à ce busines. Ce phénomène est aussi grave que de délivrer un diplôme de médecine à un non médecin. Car il n’est un secret pour personne que les autorités de notre pays délivrent des permis de conduire à des personnes qui n’ont jamais touché un volant. Il n’est d’ailleurs même pas besoin de se déplacer pour l’acquérir ; une simple photo et une enveloppe financière suffisent à décrocher le précieux sésame. Lors d’un entretien récent accordé à la presse locale, le Ministre des transports Aboubacar Sylla reconnaissait lui-même que 80% des permis de conduire guinéens sont des faux.Ce qui confirme du coup que le phénomène de faux permis est la règle et les vrais permis l’exception.

7)      Le laxisme des agents de contrôle routier, l’insuffisance de moyens et l’absence de sanctions

Comme on le constate à longueur de journée, moyennant un gros billet de francs guinéens, certains agents de contrôle routier ferment les yeux sur des infractions pouvant mettre en péril la vie des citoyens sur la route. C’est une situation inadmissible qui appelle à la responsabilité des autorités guinéennes.  Afin de préserver des vies humaines, des contrôles inopinés des agents de la circulation peuvent apporter un début de solution même si le phénomène n’est pas propre à cette seule corporation de l’administration publique. De manière plus générale, le fonctionnaire guinéen (du ministre au planton) a besoin qu’on lui rappelle une fois pour toute que lorsqu’on est salarié, on ne peut vivre que de son salaire.

BAH Abdoul Diaila
Liège, Belgique

abdoul.diaila@gmail.com

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