Intrigues politiques, cinquante millions d’Alpha rejetés par Cellou… Mamadou SYLLA déballe tout !

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Dans un entretien accordé à notre partenaire Guineenews, Mamadou Sylla est revenu sur les intrigues et autres « relations contre-nature » qui ont caractérisée la course pour la conquête du pouvoir sous la junte militaire de Sekouba Konaté. Avec une précision étonnante, le patron du groupe Futureleca fait des révélations sur le deal scellé entre Alpha Conde, Celou Dalein et lui-même ainsi que sur les raisons de la détérioration des relations entre les deux hommes…Lisez plutôt cet extrait !

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 « Sous la junte, chacun de nous se battait pour que les militaires rendent le pouvoir aux civils. Le professeur Alpha, Cellou et moi, on se voyait nuitamment. Il y avait une crise de confiance entre les deux. Mais puisque j'avais de bons rapports avec les deux, Cellou avait confiance en moi tout comme le professeur Alpha. C'est à ce titre que je faisais de la médiation. C'est un secret que je dévoile aujourd'hui. Un jour, je suis venu prendre Cellou chez lui nuitamment. Il est monté dans ma voiture sans garde-corps, sans chauffeur, il me voit hein ! Ce que je suis en train de dire qu'il démente si ce n'est pas vrai. On est parti voir nuitamment voir le professeur Alpha Condé à la maison, chez lui à Madina. On devait se voir là-bas, mais puisque qu'il y avait d'incessants va-et-vient, on ne voulait pas être vus. Finalement, on est parti à côté, il y avait une concession là-bas où vivait un de ses amis qui était le chef de quartier. Le monsieur nous a installés dans sa chambre, il m'a laissé avec Cellou et le professeur dans la maison. Il était presque minuit. On a parlé entre nous, on s'est dit qu'il faut qu'on se donne la main. A cette époque, nous étions les trois personnes les plus en vue. On disait que le président était parmi nous. Tous les autres venaient après. Les Kouyaté, Kassory et consorts ont créé leur parti après. Nous trois, on se voyait nuitamment alors qu'il y avait des problèmes entre les deux. J'ai fini par les régler. On s'est accordé en disant que celui qui arriverait en tête, bénéficierait du soutien des deux autres. Par exemple, si Alpha arrivait en tête du premier tour et que Cellou et moi n'étions pas qualifiés pour le second tour, on devait soutenir Alpha. Vice versa. C'est un deal verbal qu'on a conclu lors d'une réunion. Si Cellou venait en tête du premier tour et qu'Alpha et moi n'étions pas qualifiés, on allait supporter Cellou. Si moi aussi j'arrivais en tête et que les deux autres n'y parvenaient pas, il était prévu qu'ils me soutiennent. C'est clair et net. Cet accord existe depuis. »

 

Les relations entre Dalein et Alpha se détériorent avant le 2ème tour de l’élection présidentielle de 2010

 

 « Une autre fois, à l'occasion de la fête de l'indépendance, on était sur la place des martyrs. Je suis arrivé avec Alpha dans la voiture. Une fois sur les lieux, je lui ai demandé : ''kôrô (grand-frère en malinké, ndlr), est-ce que tu as salué ton jeune-frère ?''. Ce sont les deux qui étaient qualifiés pour le second tour. Nous étions avec Alpha, Cellou aussi était avec ses hommes. Je lui ai demandé : ''Est-ce que tu l'as salué ?''. Il a rétorqué en disant : ''Non''. Je suis parti voir Cellou pour lui demander s'il a salué son grand-frère. Il a répondu : ''Non !'' Cellou était arrêté, je suis venu prendre la main d'Alpha. ''J'ai dit grand-frère, allons saluer ton jeune-frère''. On est venu, j'ai tendu sa main, ils se sont serrés les mains. Dans cette période, il y avait une crispation entre les deux. Depuis l'annonce des résultats du premier tour, les deux ne s'étaient pas parlé, même au téléphone. Ce jour-là, quand ils se sont serrés les mains, tout le monde nous a regardés (voir photo). Même les diplomates accrédités, tout le monde a applaudi. Ils ont dit que j'ai décrispé la situation. C'est le lendemain que Tibou Kamara a eu le courage d'inviter les deux à Novotel. Ce même 2 octobre, le président Alpha, qui était candidat, a reçu une invitation du général Sékouba Konaté pour le banquet d'Etat tout comme Cellou. Le président est venu me remettre sa carte d'invitation en me disant :''mon jeune frère, va me représenter au niveau du banquet d'Etat''. Je lui ai dit''mais si tu ne vas pas, peut-être que les autorités veulent te voir aux côtés de Cellou''. Il a rétorqué en disant : ''Non ! Non ! Toi, tu peux tout régler pour moi. Tu es mon vice-président''. A l'époque, on avait créé des vice-présidences. J'assurais la présidence de la Basse-Guinée, Papa Koly et Bah Ousmane étaient respectivement les vice-présidents de la Forêt et du Foutah. Je veux parler des alliés d'Alpha. Arrivé au banquet, j'étais assis à la place réservée au président, face à Cellou qui est venu avec sa femme Halimatou. C'est pour dire que tout ce que je dis, les témoins sont encore là. Ce jour-là, j'ai rappelé à Cellou qu'ils ont intérêt à s'entendre. Je lui ai dit : '' Si demain tu es président, il faut obligatoirement que tu travailles avec Alpha ''. Je lui ai aussi dit que si Alpha est président, il faut qu'il accepte de travailler avec lui. J'ai dit cela à Cellou, qu'il démente si ce n'est pas vrai ».

 

« Cellou a refusé de prendre les cinquante millions d'Alpha », selon Mamadou Sylla.

 

« Une autre fois, lors d'une situation dramatique, Cellou m'a appelé en me disant : '' Toi qui connait le président, toi qui me connait, nous qui nous connaissons à trois, vas-tu t'asseoir pour que la Guinée brûle sans que tu ne te lèves, sans que tu ne dises la vérité ? J'ai réagi en disant : ''Ah ! Cellou, ce que tu dis-là, c'est la vérité ! (…). Ensuite, je me suis levé, je suis venu voir Cellou chez lui à la maison avec son état-major. Aliou Condé (Secrétaire général de l'UFDG) même était présent. Je lui ai présenté les condoléances et je lui ai demandé ce qu'il attendait du président. Je lui ai demandé ce qu'il fallait pour arrêter les troubles. Il a répondu que plusieurs de ses hommes avaient été interpellés et que d'autres avaient été tués. (…)Je lui ai dit ceci : '' Tu veux qu'on relaxe tes militants ? S'il te plaît, laisse-moi aller voir le président dès maintenant. Je vais arranger les choses afin que la tension baisse ''. Après ces échanges, je suis venu voir le président. Je lui ai dit : '' Président, l'heure est grave ! Fais tout pour qu'un de tes ministres conduise une délégation chez Cellou ''. Il dit : ''comment ?'' Je lui ai expliqué en lui faisant comprendre que j'avais déjà rencontré Cellou et que pour décrisper la situation, il fallait agir maintenant. ''Voilà ce que Cellou veut, il faut relaxer ses militants'', lui ai-je dit. (…). J'ai demandé au président d'appeler le Premier ministre pour qu'il nous rejoigne à Sèkhoutouréyah. Séance tenante, le Premier ministre est venu. Il lui a donné des instructions. Ce jour-là, ils ont pris cinquante millions, en coupures de billets neufs pour présenter les condoléances à Cellou et voir dans quelles mesures la pagaille qui régnait pouvait prendre fin. On est venu, Cellou nous a reçus. Lui, le Premier ministre, Aliou Condé et moi sommes partis dans l'antichambre de Cellou, on a parlé. Cellou a refusé de prendre l'argent. Il a dit : '' Je ne prends pas l'argent. Certes, ceux qui sont morts sont de ma famille politique, mais pas de ma famille biologique ''. Il n'a pas pris l'argent, on s'est retourné avec l'argent. Cependant, les deux parties ont convenu de mettre un terme à la pagaille.

 

De retour à la présidence, le Premier ministre a fait le compte-rendu de la mission. A son tour, le président a demandé à ce qu'ils ne tirent plus sur les forces de l'ordre. Car plusieurs d'entre eux qui avaient été blessés gravement étaient hospitalisés, il leur a même rendu visite à l’hôpital. C'est suite à cela qu'un communiqué a été lu à la télé pour annoncer la relaxe des personnes interpellées. Donc, c'est pour vous dire combien je me bats pour rapprocher l'opposition et le pouvoir. Même si je suis avec lui, il faut que je lui dise la vérité pour qu'il y ait la paix en Guinée. S'il y a la paix, c'est la Guinée qui gagne. Il faut que le président s'entende avec le chef de file, qu'il s'entende avec l'ensemble de l'opposition afin que personne ne se sente exclu du processus », a révélé Mamadou Sylla.

 

 

 

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