L’ethnocentrisme : une malédiction pour la Guinée (par Ibrahima Sanoh)

conde cellou
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conde cellouL’ethnocentrisme est l’attitude qui consiste   à considérer son groupe   social   d’appartenance, ethnie, pour le centre du monde et à sous-évaluer   les autres par rapport au sien propre. Le nombrilisme ethnique appelé ethnocentrisme   est un problème de société et conduit à la défaillance de la démocratie, pour être précis, du marché politique.

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       Afin de montrer comment l’ethnocentrisme est un problème qui conduit à l’élection du mauvais candidat à la magistrature suprême, nous allons   supposer   que les citoyens et les acteurs politiques   s’échangent   des votes et des promesses d’interventions publiques  dans un lieu que nous allons appeler «marché politique  ». De quoi il s’agit, ce marché ? Pour Jean-Jacques Rosa   le marché   politique est : «  le lieu où s’échangent des votes contre les   promesses d’interventions publiques. » Pour comprendre un marché, il faut   définir l’offre, la demande, les analyser. Il faut aussi   analyser les interactions entre acteurs.

       Cela dit, le marché politique réunit deux entités. L’une qui offre les promesses d’interventions publiques, susceptibles   d’améliorer   le bien-être social. L’autre entité est celle qui demande, sollicite les interventions publiques : les réformes, constructions de routes, de ponts, créations d’emploi,   de la justice, de la sécurité sociale … en vue   d’augmenter son niveau de bien –être social. L’entité qui offre   est composée de partis politiques, je les appelle aussi les producteurs, ils peuvent être féconds ou stériles. Ils produisent des réformes, des idées d’interventions qu’ils échangent contre les votes des consommateurs, acheteurs, qui constituent le peuple. Un parti politique ne peut se faire élire et exercer le pouvoir politique sans   les voix du peuple.   Le pouvoir appartient au peuple, a-t-on dit. C’est lui le consommateur et il en roi , du moins doit l’être .

       L’échange porte donc sur les votes contre les promesses d’interventions publiques. Si les promesses d’interventions des partis politiques ou de certains d’entre eux sont jugées consistantes, ils sont récompensés par des résultats électoraux   leur permettant d’obtenir le pouvoir et de l’exercer.     Ce marché est standardisé car   les votes   qui permettent aux entités offreuses d’acquérir   le pouvoir   se déroulent   dans des échéances régulières et sous supervision d’un organe arbitre, une commission électorale souvent qualifiée d’indépendante. Si le marché politique n’était pas standardisé, on aurait du mal à accepter les résultats des élections et cela causerait des contentieux et même des crises électorales.   Il est aussi un marché de gré à gré, car les votes et les promesses d’interventions se négocient librement et sans l’intermédiation de qui que ce soit. C’est la conviction et souvent la persuasion   qui conduisent à voter un tel parti, en principe.

         Ce marché à la différence des autres   se caractérise   par des échéances régulières mais éloignées de quelques années. Les consommateurs, solliciteurs d’interventions publiques pour leur bien-être   ne peuvent intervenir dans ce marché qu’à une échéance lointaine, ils achètent   une chose qu’ils ne sont pas sûrs d’obtenir. Ils achètent   une promesse. Les partis politiques et leurs acteurs sont des vendeurs à découvert.   Et l’écueil est que cette promesse peut ne pas être tenue, mais dans ce cas, les solliciteurs vont devoir attendre  la prochaine échéance pour sévir.   Les partis politiques   qui promettent   les interventions publiques peuvent ne pas les tenir et peuvent donc renier l’engagement, cela arrive souvent. Les citoyens lorsqu’ils sont jaloux   de leur bien-être   peuvent aussi, en cas de reniement de l’engagement de la part des cocontractants, punir dans les urnes aux prochaines échéances électorales. On ne peut renouveler sa confiance à un perfide, qu’il soit un parti politique ou un homme. A vrai dire, c’est la confiance   qui s’échange, c’est elle   qu’accorde les citoyens aux partis politiques. Mais les citoyens ne peuvent se rappeler être trahis que lorsqu’ils cherchent à maximiser leur fonction d’utilité pour l’augmentation du bien-être social. Mais les aspirations et les besoins des composantes de la population peuvent être contradictoires. Les préférences ne sont jamais analogues.

         Analysons   donc l’offre   et la demande   de ce marché afin de   comprendre comment l’ethnocentrisme peut   déformer l’équilibre de ce marché politique . L’offre étant issue des partis politiques, pour qu’elle soit consistante, les partis politiques doivent être des démocraties internes par opposition aux anarchies organisées. Ils doivent receler des ressources humaines de qualité et présenter à chaque échéance électorale le meilleur d’eux et non celui d’une groupie ou le plus ancien . La demande quant à elle, provient des citoyens, qui sont les solliciteurs d’interventions publiques. Pour que le meilleur des candidats soit choisi , les citoyens doivent être capables d’évaluer les alternatives, d’analyser les promesses   d’interventions publiques des partis. Ils doivent disposer de l’information   sur les politiques actuelles, les promesses d’interventions   des différents partis. Ils doivent aussi être capables de traiter   l’information   en leur possession, car on peut détenir de l’information et être incapable de l’analyser. L’asymétrie d’information peut aussi subsister . Il faut aussi que les citoyens, ayant les préférences, souvent antagoniques, se comportent de sorte   à maximiser   le bien-être   social collectif   en évitant le gaspillage de votes : bulletins nuls et pis, le vote émotif pour celui qui porte leur patronyme ou qui est celui de leur communauté d’appartenance, même s’ils savent qu’il n’est pas le meilleur des candidats. Il faut aussi qu’il existe un intermédiaire très puissant pour réguler ces défaillances : l’Etat. Mais ceux-là qui   proposent des idées d’interventions   servent aussi l’Etat, une fois élus.

         L’ethnocentrisme, on le verra, conduit à la défaillance du marché   politique et à l’élection du mauvais candidat. Le meilleur des candidats peut provenir des minorités qu’elles soient confessionnelles ou ethniques. L’existence de partis politiques sur les formats ethniques conduit les acteurs politiques à recourir à des stratégies   malhonnêtes et irresponsables en vue de se faire élire. Lorsqu’aucune ethnie ne dispose du poids requis pour faire élire dès le premier tour, son candidat, les acteurs politiques à la quête du pouvoir ne tardent pas à user des stratégies de sédition, à dresser les uns contre les autres en vue de chercher dans l’une des ethnies les électeurs dits médians. L’existence des partis politiques sur le format ethnique n’est pas seulement un problème pour la démocratie mais un germe de la malédiction. Oui, l’ethnocentrisme est un germe de la malédiction .Ici, il sera démontré cette opinion.

       En premier lieu, il est certain que la fragmentation ethnique conduit le plus souvent à des frustrations. Et les accumulations de frustrations engendrent des instabilités   politiques .On se pose demande : quel est le lien entre les frustrations et l’ethnocentrisme ? Nous affirmons que pour qu’un pays puisse changer et émerger, il le faut un excellent leadership et donc un bon président. Mais un président pour se faire élire doit recourir aux urnes et donc recueillir les voix de ses concitoyens. Avec l’ethnocentrisme chaque ethnie veut un président émanant d’elle, et ce sont alors les candidats des ethnies majoritaires qui se retrouvent au second tour. Ce sont eux, qui d’ailleurs, dans un tel cas de figure, ont plus de chance à s’y retrouver .Même s’ils ne sont pas les meilleurs en termes de vision, de compétences techniques et même communicationnelles, ils sont quand même au second tour et les autres candidats se voient éliminés de la course du seul fait qu’ils viennent des minorités ethniques. Voyez-vous, l’ethnocentrisme prive d’avoir des présidents performants donc compétents. Les quêtes d’hégémonies ethniques enfantent le mal national :   le dirigeant inefficace. La première conséquence de l’ethnocentrisme est qu’elle empêche l’élection du candidat optimal. Mais comme c’est   l’ethno- arithmétique que le dit dynamiseur   a dû user pour se faire élire, il doit dresser une partie du peuple contre l’autre, ériger des boucs émissaires en vue de maintenir au moins son électorat .Cela dit, il est contraint de respecter ses engagements préélectoraux une fois élu. Mais les quels engagements,   ceux tenus aux peuples ? Bien sûr que non. Bien au contraire, les engagements tenus aux candidats des ethnies minoritaires qui l’ont soutenu. La seconde conséquence de l’ethnocentrisme, c’est la trahison pure et simple des engagements préélectoraux à la nation par le dirigeant élu. De surcroît ce n’est pas la trahison des engagements qui est marrant, mais les substitutions de priorités. Et comme le président se doit de constituer un gouvernement ou des gouvernements tout au long de son mandat, il récompense ses alliés d’antan. Et comme il avait dressé une partie du peuple contre l’autre, au lieu de devenir le président de tous, il devient en réalité celui du fragment qui l’a porté au pouvoir et fait tout pour maintenir les gloires et hégémonies de celui-là.

       La troisième conséquence   est qu’avec l’ethnocentrisme érigé en mode de politique, l’ethnocratie, les priorités du dirigeant changent. Au lieu de servir le peuple il sert ses copains. Tout ne s’arrête pas là, il est dans le dilemme, car il avait une vision, peut-être claire, des ambitions pour le peuple et aussi des engagements et promesses tenus aux copains qui l’ont porté au pouvoir .Qui honorer le peuple ou les copains ? Cette question est difficile à répondre. S’il est rusé, il tâcherait d’honorer les engagements dus au peuple, mais subirait les foudres de la part de ses alliances préélectorales. Et s’il avait dès le départ la volonté de faire un seul mandat, il refuserait de se faire prendre en otage par ses alliances hétéroclites, encore il tâcherait d’honorer ses engagements tenus au peuple. S’il veut être reconnaissant à ses alliés, il tâcherait de tenir ses promesses à ceux-là. Mais la conséquence serait qu’il n’aura pas de bonnes performances économiques, sociales requises pour se faire réélire, car le peuple le sanctionnerait au cas où les élections seraient transparentes. S’il est réaliste et intelligent, il chercherait des solutions conciliantes, il tiendrait ses engagements à la fois au peuple et aux politiques qui l’ont soutenu. Il tâcherait de sélectionner de chaque parti politique allié des meilleurs cadres pour en former un gouvernement conséquent. Mais un écueil à cela est la question de taille critique du gouvernement, car autant les partis alliés sont nombreux autant deviennent les postes ministériels à pourvoir. Le risque d’avoir un gouvernement pléthorique est réel et souvent les grandes montagnes ou les tonneaux des danaïdes qui sont les gouvernements qu’il a formés deviennent médiocres. L’autre problème auquel il serait encore confronté est celui du choix des représentants de ses partis dans ses gouvernements, le plus souvent les présidents de ces partis eux-mêmes, fondateurs, veulent entrer au gouvernement et jouir des avantages qui correspondent aux rangs de ministres sauf qu’ils manquent de compétences, du moins ne sont pas   plus compétents que certains cadres de leur parti et le sont moins par rapport à ceux d’ailleurs. Je dois bien le dire , la politique , en Guinée , est devenue le réceptacle des individus en mal de carrière. Le spectre de la constitution d’un gouvernement de copains et même de médiocres est bien là.

       Le dilemme est encore là, il faut le choix le moins douloureux. N’ayant pu se faire élire avec le poids électoral de son ethnie – car les élections dans les pays à forte présence de partis ethnocentriques sont tels des recensements ethniques – et ayant recouru à la division pour se faire élire, il part en sale besogne. Il en va de ses chances futures à gagner aux prochaines électorales minuscules ou grandes. Voilà comment naît le clientélisme au haut sommet de l’Etat et la création du mal -être. En prétendant avoir la solution conciliante par le biais de la nomination de ses alliés, voilà qu’il crée et entretient de l’ethnocentrisme institutionnel. Car il feint de nommer les meilleurs de partout mais maintient les copains de quelques ethnies. Et encore pis, les exclus deviennent de plus en plus frustrés et énervés à cause des contre-performances des gouvernements et le mal-être total qu’ils créent.

         Le dirigeant quant à lui est piégé, il a gagné les élections mais ne peut réussir ses ambitions du développement économique. Mais comme il a le dessein de remporter d’autres échéances électorales, il perpétue le besogne et a du mal à se débarrasser de ses alliés d’hier. Le peuple est la victime, il souffre de l’absence de visibilité des politiques et de performances des gouvernements. Car ceux-là sont incapables de satisfaire ses besoins les plus banals et de préserver sa dignité. Dans de tels cas, les maux du peuple au lieu de diminuer, s’accumulent et les frustrations   deviennent généralisées et cela conduit à la violence comme moyen d’expression de son amertume. Les accumulations de violences conduisent à l’instabilité politique. L’instabilité politique étant en elle-même un mal, d’autres surviennent. C’est dans un tel cercle vicieux que la guerre civile devient le corolaire. Car les partis politiques étant conçu sur les formats ethniques, les manipulations éthiques s’y produisent et l’ennemi devient fabriqué. Je parle bien de l’ennemi idéologique, il est conçu pour donner aux exclus, le sentiment qu’ils doivent se libérer de la peur et puis mettre fin à l’exclusion mais en faisant le choix de la force, de la violence.

       Les politiciens sont des   hommes, ils s’adaptent aux réalités et mieux savent profiter d’elles et exploiter les incitations. Les Guinéens ne cherchent pas les idées qui peuvent les sortir du bourbier, pour la plupart, ils veulent à la tête de la nation guinéenne quelqu’un parlant leur langue et provenant de leur région. Le communautarisme et le communalisme ne peuvent pas enfanter l’essor économique que les partisans de tels choix escomptent. Si chacun vote sa préférence ethnique   nous n’aurons jamais le dirigeant commun à nous tous et devant se comporter comme celui de nous tous. De surcroît, avec de tels choix suicidaires, nous n’aurons pas à la tête de notre nation le meilleur des candidats. Car pour avoir le meilleur, il faut profiter de la diversité des offres politiques et puis de la concurrence des idées.

       L’instrumentalisation ethnique est une médiocre stratégie électorale car elle enfante des catastrophes et retourne contre celui qui l’use. Elle lui empêche d’incarner le véritable leadership, d’impulser les forces du développement et de réveiller les énergies du peuple. Ce sont les manipulations ethniques qui ont causées les désastres au Rwanda, au Burundi, en Côte d’Ivoire …            

           L’élément qui favorise les manipulations ethniques est bel et bien l’analphabétisme. Dans un pays à système électoral dit majoritaire, la population doit avoir un niveau d’éducation très élevé pour évaluer les projets de chaque parti et de son candidat.[1] Les choix des électeurs doivent se baser sur la rationalité et non les émotions, pour que vive la démocratie. Qu’est-ce que proposent ces leaders ? Et en quoi, untel a un projet de société meilleur que celui de l’autre ? Comment répondent-ils   à telles de mes aspirations ? Voilà les questions que sont censés se poser les électeurs avant de se décider à voter. Lorsque les citoyens ont des niveaux d’éducation très élevés, ils font des choix de sorte à maximiser leur fonction d’utilité. Mais lorsque la plupart des citoyens sont analphabètes, le danger de la manipulation ethnique est imminent. Cela se pose quand les partis politiques sont incapables d’éduquer les masses et de les élever.

   Si les Guinéens veulent l’alternance politique et je dirai même voir la Guinée devenir une grande puissance, ils doivent se libérer des préférences ethniques et évaluer les programmes de société de nos candidats à la prochaine présidentielle. Voter le candidat de son ethnie, c’est contribuer à la désintégration du niveau de bien-être collectif. Oui , à la démocratie, qui est débat des idées, leur évaluation et le choix de la meilleure option. Non, à l’ethnocratie, qui est le choix du candidat de l’ethnie, fût-il médiocre.

      

Ibrahima Sanoh

Citoyen guinéen.     


[1]Le sort d’une élection   dépend beaucoup   du mode de scrutin , selon qu’il soit «  le vote uninominal à la majorité simple , à un tour » , «  le vote uninominal à la majorité   absolue , à deux tours », « le vote plurinominal , à un tour , avec échelle de préférences » , les résultats seront différents . Le premier mode , ne peut pas marcher dans les pays comme le nôtre   où certaines ethnies disposent des   avantages numériques. Avec un tel mode, le candidat de l’ethnie à la supériorité numérique sera toujours élu, ce qui risquerait d’avoir raison de la stabilité politique et de la cohésion sociale.   Dans le second mode, les deux candidats des ethnies possédant la supériorité ethnique   se rencontreront au second tour et celui qui se donnera plus de moyens à capturer les votes de l’électorat médian sera élu. Ce mode de scrutin peut conduire à l’usage de stratégies électorales rentables du fait qu’elles peuvent permettre l’élection du candidat qui sait le mieux les user, le populisme, mais ont le revers de la médaille de créer des frustrations, de fragiliser la cohésion sociale et d’augmenter les tensions ethniques.   Ce dont j’appelle ici populisme est le fait de jouer à l’arithmétique ethnique , à amalgamer dans le dessin d’affaiblir le candidat de l’autre ethnie , soit en usant des manœuvres à porter le mauvais crédit à son ethnie , ou de lui présenter comme celui d’un clan désireux d’accaparer les riches pour les membres pour sa communauté ou même comme un candidat plus soucieux par le quête d’une hégémonie communautaire que par les aspirations d’un pays entier . De telles manœuvres immorales, pourtant politiquement payantes peuvent donner lieu à des pogroms et des conflits physiques violents.     Dans ce second mode, le problème est que la démocratie ne peut s’exprimer car les candidats qui auront les chances de se retrouver au second tour ne sont pas ceux – là issus des partis politiques les mieux préparés et ayant le plus de cadres, mais issus des ethnies majoritaires. La démocratie serait donc en otage, car le peuple serait dénudé du choix de son dirigeant selon ses aspirations et ses convictions. Le problème serait plus évident après l’élection du président, comme les partis politiques sont des formations regorgeant pour la plupart des membres d’une même ethnie et communauté, on risquerait   d’avoir des gouvernements hétéroclites et inefficaces du fait des deals politiques.   Le troisième mode est plus démocratique, mais il est très compliqué et impossible car il suppose un nombre réduit de candidats du fait qu’avec lui , les préférences doivent être transitives pour que l’on puisse avoir un victorieux .

       Pour plus d’informations voir : Marie Jean Antoine Nicolas de Coriat , marquis de Condorcet ( 1743-1794) , dans « Essai sur l’application   de l’analyse   à la probabilité des décisions  » . Il fut philosophe, mathématicien et politologue français et le premier à évoquer le paradoxe du vote .Kenneth Arrow dans «  Social Choices and Individual Values », 1951 et réédité en 1997, contribue aussi à éclairer les lanternes sur le choix social. Voir aussi : Jean-Louis Boursin , « Les dés et les urnes » , Seuil 1990 .

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