La baisse du prix du carburant est-elle rentable ?

NABE 2
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NABE 2Mon objectif est de donner le maximum d’informations pour nourrir nos débats politiques ; je ne suis ni chef ni décideur, et je ne prétends pas à me substituer aux décideurs dans les prises de décision. Pour moi, la meilleure façon de contribuer au développement socio-économique de notre pays est de participer à toutes les activités de quelque nature que ce soit, de par sa capacité et par sa disponibilité, même si nous n’y résidons pas. Ce pays nous a vus naitre ; il a contribué à notre formation, donc nous lui devons beaucoup.

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L’actualité nous oblige de revenir, aujourd’hui, sur la baisse du prix du carburant, une décision que certaines personnes considèrent comme nécessaire et suffisante pour le bien être de la population. Certes, cette baisse du prix du carburant peut relancer la consommation pour les pays qui sont importateurs et consommateurs du pétrole, mais il y’a une sensibilité différente selon les pays. Je veux dire par là que l’impact de la baisse du prix du pétrole sur le prix à la consommation notamment sur celui du diesel et de l’essence diffère selon :

  • la situation géographique d’un pays,
  • le système de taxation du pays.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous devons comprendre que chaque prise de décisions économiques est susceptible d’avoir deux aspects (positif et négatif), car chaque décision à une limite. Et surtout dans un monde où nous vivons, les individus ont très souvent tendance à penser d’abord à leurs intérêts personnels avant l’intérêt collectif. Par ailleurs, il y’a une interdépendance entre les secteurs économiques d’un pays, autrement dit, en cherchant à améliorer un secteur nous pouvons finir par affaiblir d’autres secteurs. C’est la raison pour laquelle, l’Etat cherche toujours un équilibre parfait entre tous les secteurs économiques permettant d’augmenter la productivité de toute la population. Alors, qui parle de l’augmentation de la productivité parle de la croissance. Et pourtant, c’est la croissance qui fait évoluer le prix du carburant. Voici le paradoxe.

Dans le cas guinéen :

  1. Situation géographique :

La Guinée est entourée de six pays limitrophes plus la mer (l’océan atlantique). Grâce à cette situation géographique, elle doit toujours se référer au prix du carburant chez ses voisins avant de fixer le sien. Cette comparaison est due à quoi ? C’est pour éviter que ses carburants inondent le marché des autres, c’est-à-dire que notre pays doit éviter que son économie subventionne celle des autres.

Prenons un exemple : supposons qu’il y’a trois milles (3000 fg) de différence entre les prix du carburant en Guinée et ceux des autres pays ; comprenez par là que le carburant est moins cher en Guinée de 3000 fg que dans deux ou trois pays voisins.

Sur les 200 litres (un baril) nous trouvons six cent milles (600000 fg) de différence. Si nous arrivons à dépenser deux cent milles (200000fg) pour le transport de 200 litres, alors nous gagnons systématiquement 400000 (quatre cent milles), environ40 ou 50 dollars. Vous voyez combien de fois cela est incitant ? C’est pour vous dire qu’il y aura forcement le trafic du carburant dans notre pays. Et, sans compter les subventions astronomiques auxquelles l’Etat doit faire face. C’est pourquoi la guinée doit toujours fixer ses prix en regardant chez les autres (en fonction des prix chez les voisins). Elle ne doit pas anticiper la baisse du carburant, elle doit tout faire pour éviter qu’il n’y ait pas un écart significatif entre les prix du carburant. Je sais bien que nous n’évoluons pas dans une même économie, c’est pourquoi d’ailleurs nous devons faire attention. Je sais également que nous n’avons pas la même masse salariale, mais cette décision est une nécessité pour notre économie. Car, il sera très difficile et très couteux pour empêcher la fuite du carburant de notre pays vers les pays voisins. La Guinée a connu des crises de carburant dans le passé à cause de ces genres de problèmes. C’est ainsi que, par le passé, à chaque trois mois, il y’avait une crise, et à chaque crise, la population pouvait payer le double des prix dans des marchés noirs. Peut-on parler d’augmentation de pouvoir d’achat dans cette condition ?

  1. 2)Le système de taxation

Il y’a un facteur très important qu’on ignore dans la chute du prix du pétrole qui est l’appréciation du dollar. A partir du moment où le prix du pétrole est libellé en dollars, les pays exportateurs adoptent les prix du pétrole par rapport à cette appréciation ; ce phénomène aboutit très souvent à une baisse des prix. Mais cela n’a pas d’effet positif sur notre économie, car la même appréciation du dollar a un effet négatif sur le franc guinéen (dévaluation de notre monnaie). Plus souvent, dans ces genres de situation, l’Etat se retrouve coincer. Le plus important dans cette histoire est que le budget de 2016 est établi en tenant compte du prix du carburant à 8000 FG, ce qui veut dire qu’une nouvelle subvention n’est pas envisageable dans ce budget. Sinon, il faudra revenir sur la loi de finance 2016. Cela reposera sur une augmentation des taxes et des impôts. Là encore, peut-on parler d’augmentation de pouvoir d’achat dans ce cas ?

Salou Nabe, Lyon

         

                         

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