La mort d’Ansoumane Doré ou l’éternelle tragédie de la Guinée

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MONENEMBO 2Je viens de l’apprendre : Ansoumane Doré est mort. Lui aussi devait donc partir comme toutes les créatures humaines. C’est triste, c’est banal, c’est cruel, c’est absolument insupportable. Mais « entre la vie et la mort, il n’y a qu’un pas ». Une sentence divine qu’aucun petit dictateur ne peut comprendre. Ils sont indispensables, nos chers petits dictateurs, oubliant, analphabètes qu’ils sont, ce formidable proverbe arabe : « Le cimetière regorge d’hommes qui se croyaient indispensables ».

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Mais bon, oublions nos ridicules petits dirigeants et revenons à l’immense trésor intellectuel et humain que nous venons de perdre.

Ansoumane Doré était l’un des meilleurs économistes africains, sans doute la raison pour laquelle aucun président guinéen n’a eu l’imprudence de le consulter. Pour ces connards-là, vous le savez bien, les petits blancs sous-diplômés valent mieux que leurs frères bourrés de talent…

Où es-tu, développement ?…

Ansoumane Doré ne s’est pas contenté d’être un professeur surdoué (et donc forcément méprisé dans son pays). C’était aussi et surtout un homme, un très grand homme. Un Monsieur pétri de valeurs humaines : le respect, la modestie, le nationalisme. Le nationalisme sans le bruit, sans la démagogie, sans le carriérisme marchand. Ansoumane Doré aimait son pays du fond du cœur. Cela veut dire qu’il aimait les Guinéens, sans rien leur demander en retour que l’unité et la quête du bien-être.

Un jour ou l’autre, cet homme d’honnêteté intellectuelle et de droiture morale sera reconnu par son peuple, le jour (que j’espère très proche) où les nuages de l’opportunisme et de la médiocrité auront fait place à la Guinée du soleil, celle de l’intelligence et de la générosité.

Mes condoléances, à sa femme, à Moriba, son fils et à tous les autres membres de la famille !

Il y a trois hommes que j’ai respectés dans ce pays : Siradiou Diallo, Naby Youla et Ansoumane Doré. Je suis certain que si un de ces grands messieurs avaient eu la chance de nous diriger, la Guinée aurait déjà rejoint le Japon.

Je suis triste. Triste pour la famille Doré. Triste surtout pour mon pays, ce pays de merde qui passe son temps à égorger ses génies pour mieux glorifier sa racaille.

Tierno Monénembo

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