La tragédie guinéenne ( Par Saikou Thieltorguel )

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Évaluation de l'article

La rencontre organisée par nos frères Sidoux Barry, Sadio Barry, Kylé Diallo et Boubacar Barry le 5 avril 2015 à Paris, sur la création du Manden Djallon en Moyenne Guinée, démontre l’agressivité d’une certaine frange extrémiste du RPG au pouvoir, qui a une fixation sur la présence, voire même l’existence des Peuls en Guinée.

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Les Peuls font face à un gouvernement, une armée et une administration mono-ethnique dirigés par cette frange extrémiste, une souche dangereuse qui sévit dans le pays depuis soixante ans. Elle crie à tue-tête son patriotisme et son amour de la nation le jour et floue l’unité nationale dans leurs actions. Elle parle haut et fort d’unité nationale mais pratique la ségrégation ethnique tout bas. Les Anglo-saxons ont raison de dire que le patriotisme est le dernier refuge des scélérats. Ceux qui en doutent n’ont qu’à jeter un coup d’œil sur la répartition des postes stratégiques dans l’administration et l’armée guinéennes. En particulier, cette dernière a un leadership composé de membres d’une seule communauté.

 

 

Les politiques mises en œuvre pour détruire la communauté peule de Guinée ont eu des conséquences de nature politique (tueries et éloignement des centres de décision du pays), économique (destruction et expropriation de biens), sociale (complexe d’infériorité à l’égard des autres communautés et rejet de soi) et culturelle (marginalisation de la langue peule qui a disparu de l’espace public) qui sont en train de porter leurs amers fruits dans l’indifférence totale des Peuls. Il faut arrêter de se voiler la face et de jouer à l’autruche. Cette élite anti-peul extrémiste et revancharde est représentée par la faction dure au pouvoir en Guinée.

 

 

Cet essai ne s’attaque nullement à la communauté malinké. Loin de moi de vouloir blesser quiconque. Cette communauté est partie prenante de la solution aux problèmes ethniques qui minent ce pays. La Guinée a besoin plus que jamais de cette communauté pour atténuer les effets de la politique néfaste des ethno-fascistes, qui empêchent le pays de prendre sa place parmi les nations ayant pu tourner leur diversité en opportunité. Nous devons rechercher avec nos frères malinkés et l’ensemble des autres communautés le dénominateur commun pour réduire les antagonismes ethniques et culturels qui assombrissent l’avenir. En un mot, nous devons trouver le sweet spot. La Guinée risque de devenir un petit Congo ou un autre Haïti, si elle ne l’est déjà, si l’on n’y prend garde. Ou l’on s’y met tous pour redonner l’espoir aux Guinéens et renforcer la paix, ou la Guinée devient un autre Etat raté, au mieux. Nous avons besoin de tout le monde pour exorciser la malédiction guinéenne, car nous avons tous ce pays en partage.

 

Genèse et conséquences de l’exclusion des Peuls en Guinée

 

Il est indéniable que le sentiment ethnique a toujours été fort en Guinée. La diversité ethnique, est instrumentalisée pour se transformer en un moyen de destruction du pays. A partir de 1942 déjà, des organisations ethniques se forment et se coalisent pour défendre leurs intérêts. Les élites d’une certaine communauté, pressentant la future indépendance, animées par des fantasmes aux relents génocidaires se donnent alors pour objectif de diriger la future République. Pour cela, il fallait éroder la dominance démographique des Peuls et intimider leurs leaders.

 

 

Ce phénomène donnera naissance à une entité qui croit en une destinée manifeste de domination non seulement de la Guinée mais aussi de toute la sous-région ouest-africaine, qui travaillera âprement pour l’atteinte de cet objectif au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ce dangereux groupe extrémiste dirigé par Sékou Touré, un homme sans scrupules, cruel, manipulateur et rusé, charismatique contrairement à ses opposants peuls, soussous et forestiers, prendra la direction de ce mouvement, animé par un messianisme qui ne laisse place à aucun doute. Il provoquera les pogroms anti-Peuls de Conakry, de 1954 à 1958, pour intimider les dirigeants de cette communauté. Ces derniers, souvent marxisants, seront des partisans de l’indépendance, malgré le conservatisme avéré des Peuls. Sékou Touré était opposé à l’indépendance jusqu’en août 1958, arguant que la Guinée était incapable de fabriquer même une aiguille.

 

 

Il retournera sa veste à cette date, en réalisant soudainement que les leaders de la communauté peule risquaient de diriger le pays après l’indépendance. Il va rouler dans la farine les dirigeants peuls en prenant la tête du mouvement d’émancipation par imposture. En réalité, le véritable père de l’indépendance de la Guinée est Barry Diawadou dont le parti avait le plus de militants à l’époque. Ce dernier, comble de naïveté, refusera l’offre de de Gaulle de lui donner le pouvoir comme il l’a fait avec Djibo Bakary au Niger. Il refusera opiniâtrement et laissera le pays aux mains du carnassier de Faranah. Comme le sage Getto, « Faransi yalti, Faransi nati ».

 

 

Après l’indépendance, le carnassier de Faranah fera exécuter tous les dirigeants des autres communautés et même ceux des Malinkés démontrant ainsi que son seul objectif était d’arriver et de se maintenir au pouvoir tout en appliquant une politique stricte de discrimination à l’égard des Peuls. Ceux-ci sont systématiquement éloignés des postes de décision ou stratégiques. Le Fouta Djallon est disloqué et les contrées à majorité peule affectées à d’autres régions. Les commerçants ont vu leurs avoirs saisis tandis que les éleveurs étaient expropriés de leur bétail par les livraisons obligatoires. Cependant, ayant peur d’être renversé par les Peuls, entouré des avocats des forces obscures de la suprématie d’une communauté, Sékou Touré les diabolisait ouvertement à partir de 1976 et appelait à leur génocide. Les populations guinéennes ont sagement refusé de le suivre, lui et son clan ethno-fasciste, malgré la férocité de leur dictature.

 

 

Après la mort du dictateur sanguinaire, tout le peuple se réjouit croyant à la fin de la tragédie guinéenne. Pour le malheur des Guinéens, la catastrophe continuera. Les tenants du pouvoir, sûrs de leur suprématie, laisseront un Soussou, le colonel Lansana Conté, monter au pouvoir après un coup d’Etat contre le cadavre de Sékou Touré, le 3 avril 1984. Conté, sentant le désir des anciens dirigeants de reprendre la main, fera exécuter certains membres de l’oligarchie sékoutouréenne à l’occasion du coup d’Etat manqué du 5 juillet 1985. Malheureusement, ces exécutions extrajudiciaires sont précédées par des violences déplorables contre nos compatriotes malinkés à la suite de propos malheureux qui blessent cette communauté. Les Peuls ont l’habitude de ce genre d’insultes de la part des dirigeants de ce pitoyable pays. Et ainsi le cycle de la violence continue ! De 1993 à nos jours, en passant par les horribles massacres et viols du 28 septembre 2009, le sang des Peuls continue d’irriguer les chaussées de Conakry et d’autres villes de ce pays. La série noire ne s’arrêtera pas tant que les persécutés n’y mettront pas fin.

 

 

Depuis l’indépendance, Sékou Touré et les ethno-fascistes sont passés par tous les moyens pour disloquer la société peule. Ils prennent appui sur les fractures de celle-ci comme il en existe au sein de toutes les communautés du pays. A partir de 2010, le clan ethno-fasciste qui est tapi derrière Condé Alpha au pouvoir continue ces pratiques discriminatoires. C’est ainsi que ces extrémistes mettent sur pied des structures telles que le Manden Djallon et l’Union des Roundés. Ces structures parallèles visent à saper les fondements de la société peule. Avec la misère actuelle et l’argent que l’administration Condé déverse pour la réussite de son dessein machiavélique, cette tactique risque de réussir, contrairement à ce que les Peuls croient naïvement. Les habitants des anciens roundés déclarés malinkés « honoraires » par Condé Alpha (à Ditinn et Kourou Maninka en 1995) sur le sentier de son maître Sékou Touré (1976), seront instrumentalisés par les extrémistes pour « génocider » les Peuls et les bouter hors du pays afin de diminuer drastiquement leur nombre en Guinée. Ils feront porter le chapeau au boulanger Condé Alpha qui, pour une fois, se fera rouler dans sa propre farine. Ainsi, les ethno-fascistes auront atteint leurs objectifs. Les survivants du génocide seront poussés à l’émigration. Une autre solution qui est en train d’être appliquée concurremment est de priver les Peuls de leur carte d’électeur à travers un recensement tronqué. C’est la solution finale trouvée par les extrémistes à la « question peule ».

 

 

La culture peule est ridiculisée, folklorisée et dévalorisée dans les espaces culturels. Le malinké est érigé en langue du pouvoir, la seconde langue étant le soussou. Les Peuls de la périphérie de l’ouest et de l’est du pays abandonnent leur langue pour le soussou et le malinké. Le peul n’est parlé qu’à la maison et les enfants dans les communautés hors du Fouta Djallon sont en train d’abandonner leur langue. Lors d’un récent voyage à Conakry, j’ai constaté que les radios passaient rarement des morceaux de musique peule. Souvent ces morceaux de musique sont interrompus pour passer de la publicité (radio Espoir) Dans des nombreux talkshows, les Peuls appelaient souvent en soussou pour exprimer leur point de vue. En revanche, les commerçants peuls contrairement à la langue et la culture s’en sortent malgré les politiques confiscatoires pratiquées sur ordre du pouvoir par les services des impôts et des douanes, ainsi que les pillages constants.

 

 

L’incapacité des Peuls de Guinée à sauvegarder leurs intérêts et à écrire leur propre destin invite les agressions, la nature ayant horreur du vide. C’est comme dans la cour de récréation. Cette situation est catastrophique pour la Guinée. Si les Peuls acceptent de prendre leur place autour de la table Guinée et refusent désormais de se laisser victimiser, ce pays aura toutes les chances d’avancer avec la participation de tous sans exclusive car aucun groupe n’intimidera l’autre. La faiblesse est le lit de la violence dont sont victimes les Peuls. Depuis la création de ce pays, le sang des enfants de cette communauté continue de fertiliser malheureusement la terre de Guinée. Les mères du Fouta continuent de perdre leurs enfants dans les camps de concentration ou le long de la route Le Prince. Les 13 et 14 avril 2015, six jeunes Peuls, encore une fois, ont été abattus comme des chiens. Tous les Guinéens continueront de payer pour la passivité des Peuls. Cette faiblesse empêche le pays de décoller.

 

 

La Guinée ne peut se développer sans la participation d’une pluralité comme la communauté peule. Selon le CIA Factbook, elle représente 40% de la population totale du pays, probablement 50% vu le score de Cellou en 2010. C’est ce chiffre qui lui vaut la rage des ethno-fascistes. Pour le moment, les Peuls, qui se sentent exclus, s’accommodent de cette situation humiliante. Il n’y a persécuteur que s’il y a une victime consentante. Les Peuls ont intériorisé leur marginalisation sur l’échiquier national. Leur inertie est un risque monumental pour le pays.

 

 

Nous présentons ci-après une liste, non-exhaustive, des membres du clan ethno-fasciste qui sont décidés à faire disparaître les Peuls. Ces fanatiques haineux, mus par des considérations ethniques (pas de Peul au pouvoir), gravitent autour de Condé Alpha et constituent un Deep State (Etat souterrain) qui contrôle réellement la Guinée. Ils s’abritent derrière la façade d’un prétendu Etat démocratique qui, en réalité, est une dictature ethnique camouflée. Ce sont : le vieux ex-bolchévique Condé Alpha (« Un Peul ne dirigera jamais la Guinée », dit-il) malgré ses origines non élucidées ; Mohamed Diané, son directeur de cabinet, tapi derrière la présidence de la République et la coordination mandingue ; Ousmane Kaba, son conseiller, l’un des idéologues purs et durs du pouvoir ; Mansour Kaba, chantre du Manden Djallon et de l’Union des roundés ; le fantoche Diao Kanté ; Alassane Condé (« La Guinée n’est pas la Somalie »), exécuteur des basses œuvres du régime, fils d’un père du Hamana et d’une mère peule de Sannou, dans le Labé, égaré dans l’ethno-fascisme et qui a mis en œuvre la politique du Manden Djallon ; Saran Daraba qui n’a jamais caché son jeu (Manaf Bissikrima et d’autres cadres peuls exclus de son ministère du temps de Lansana Conté ‒ Paix à son âme ‒ en savent quelque chose) ; Louncény Fall, chargé des Affaires étrangères ; Mohamed Condé, fils de Condé Alpha, et son inséparable Aboubakar Sampil ; Alpha Ibrahima Keira, fils du sinistre Keira Karim, tortionnaire en chef au Camp Boiro ; le dangereux Amadou Damaro, député du RPG. Notez que tous ces sieurs ont soit une maman peule, soit une femme peule ou les deux. Il faut ajouter à cette liste, le « journaliste » et courtisan Rachid N’Diaye.

 

 

Samory est réputé s’être constitué prisonnier pour libérer sa mère qui avait été réduite à l’esclavage. Pourquoi les enfants de ces couples Malinké-Peule ne se lèvent-ils pas pour libérer leurs mères, prisonnières de ces ménages mixtes où elles subissent une véritable discrimination ? Parce qu’ils veulent prouver leur légitimé dans leur famille, à force se faire traiter de fouladen. Ainsi ils se font plus hostiles aux Peuls que les autres Malinké. Regardez le cas d’Ismaël Tore. Les Peuls de Guinée sont tombés sous les fourches caudines de leurs pires ennemis et se laissent mourir à petit feu.

 

Proposition de solutions

 

Quel est l’outil qu’il faut utiliser pour arriver à la finalité voulue ? J’estime que la seule issue réaliste et morale est la non-violence. Il faut absolument éviter une guerre civile, car tout le monde sera perdant. La violence risque d’être un cul de sac. Elle déshumanise et le persécuteur et la victime. Les populations guinéennes qui ont tant souffert n’ont pas besoin de guerre. Il faut essayer la non-violence. C’est pourquoi il faut des partenaires dans les autres communautés. Si la politique de la non-violence ne marche pas, alors nous serons dans le droit absolu et l’obligation d’utiliser d’autres moyens pour nous défendre. Tout groupe a le devoir de lutter par tous les moyens pour se préserver, y compris par la violence. C’est un principe universel.

 

 

Voici les mesures que je préconise. Je veux lancer le nécessaire débat. Ces mesures permettront d’arrêter notre déclin. Notre challenge est politique, économique, social, culturel et psychologique. Il faut rappeler avant tout que nous faisons face à un Etat et à son gouvernement avec tous leurs moyens militaires qui n’hésiteront pas à utiliser leurs moyens.

 

Politique

 

L’horizon politique est bouché. Ce n’est pas demain que la faction extrémiste lâchera le morceau Guinée dans une élection démocratique. Nous nous devons d’offrir au peuple de Guinée une alternative d’inclusion. En attendant, il faut prendre des mesures urgentes pour mettre fin au déclin de nos valeurs, de notre langue et de notre culture peules. Le pouvoir politique viendra après l’arrêt de la déchéance de la culture et de la désagrégation de nos valeurs.

 

 

L’administration déconcentrée et décentralisée dont les sous-préfets sont la cheville ouvrière de la politique du soi-disant Manden Djallon doit être stoppée à la source. Ce sont les sous-préfets qui vont dans les zones habitées par les Peuls pour s’immiscer et aggraver les problèmes fonciers et diviser la communauté peule. Il faut que les jeunes empêchent tout sous-préfet d’exercer sa fonction s’il continue la pratique de division en le chassant de la sous-préfecture. Les sous-préfets mettent en œuvre la politique de division au vu et su de toute la population locale. Les gens subissent docilement ces activités de sape de notre communauté. Les sous-préfets corrompent les fonctionnaires de l’administration centrale pour être mutés au Fouta, car les populations y sont dociles et acceptent de se faire piller et dominer par ces gens peu scrupuleux.

 

 

Renforcer institutionnellement la coordination Haal’ Pularen. Elle devra avoir des antennes partout où se trouvent des communautés peules dans d’autres régions. Il faut trouver les moyens financiers auprès de la diaspora et des hommes d’affaires pour appuyer la Coordination Haali Pular de Guinée. Celle-ci aura pour objectif de définir et de défendre les intérêts communautaires des Peuls et de tous les Guinéens.

 

 

Renforcer les liens entre les Peuls et les autres communautés du Fouta en particulier et des autres communautés du pays à travers les imams, la Coordination et tout autre moyen. Il faut mieux vendre notre « marque ». C’est l’une des causes de notre échec lors de la dernière élection. Il faut démontrer l’intérêt que les Guinéens ont à s’entendre. Il faut qu’ils refusent de tomber dans le piège de la division que Condé Alpha et sa bande sont en train d’imposer. Il faut que les Peuls comprennent que se défendre ne veut nullement signifier le rejet de l’autre. L’amour de soi ne veut pas dire haine de l’autre. Ils n’ont pas à s’en excuser.

 

 

Sensibiliser les organisations internationales en Guinée, les représentants des grandes puissances, les ONG de défense des droits de l’homme en Guinée, sur la situation de notre communauté. La diaspora peule, dont moi-même, a fait preuve d’une grande passivité devant les tentatives de déstabilisation de notre communauté. Il faut faire du lobbying devant les parlements et des autorités des pays dans lesquels vous vivez, particulièrement, au Nigeria, au Sénégal, en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire. Le lobbying et le réseautage sont extrêmement importants. Ciblons les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Canada, Israël, la Russie, la Chine, le Japon et toute autre puissance qui peut nous aider. Il faut contacter toutes les organisations de la société civile internationale et plaider notre cause, au lieu de s’empêtrer dans les lubies de nos politiques en Guinée.

 

 

Travailler vers la fédéralisation de la Guinée. Le pays doit se constituer administrativement et politiquement en quatre régions naturelles fédérales avec des assemblées régionales et des gardes régionaux qui maintiendront la paix et seront dirigés par le commandement des régions. Celles-ci auront une assemblée régionale qui a son tour enverra des députés à l’Assemblée fédérale. Le gouvernement national disposera d’une force d’intervention rapide, en lieu et place de l’armée mono-ethnique (inutile machine de répression des Peuls), qui interviendra aux frontières seulement. La présidence fédérale sera tournante.

 

Economique et social

 

Utiliser notre pouvoir économique pour combattre le régime. Il faut que le noyau dur de la faction ethno-fasciste soit chassé du pouvoir. S’il n’est pas déraciné, les Peuls n’auront pas d’avenir en Guinée. Dans les années 1930, les juifs se sont voilés les yeux en ignorant la menace contre leur communauté. Cela a eu des conséquences catastrophiques. La classe commerçante peut aider à la levée de fonds nécessaire pour mettre en œuvre ce projet. Les entreprises telles que les boulangeries et les petits commerces peuvent y contribuer puissamment. En Sierra Leone, les Peuls se sont appuyés sur leurs boulangers pour mettre fin à leur exclusion. Et ils ont réussi.

 

Culturel et psychologique

 

Les Peuls eux-mêmes évitent de parler leur langue en public. Or il faut respecter et faire respecter la langue et la culture peules partout en Guinée. La meilleure manière de disparaître est d’oublier sa langue. Sensibiliser les gens à parler leur langue. Les Peuls pratiquent la langue des autres sans réciprocité. Il faut respecter et se réapproprier notre langue et notre culture. A Conakry, quand deux Peuls ou plus se rencontrent, ils parlent peul. Dès qu’arrive une autre personne d’une autre ethnie, ils changent de langue ou parlent soussou. Même dans les marchés forains au Fouta, les gens parlent souvent le wolof, le soussou ou le malinké. On nous a transformés en un vecteur de notre propre destruction. Evitons de tomber dans le jeu de l’exclusion. Parlons notre langue partout sur le territoire national.

 

 

La com, la com, la com, … Où sont les intellectuels peuls ? Sur Internet. Ils parlent pour ne rien dire et croient après qu’ils ont contribué à quelque chose. Comme je le fais actuellement. On communique très mal notre message. Nos adversaires sont très efficaces dans ce domaine. Ils sont machiavéliques et cruels. L’une des plus grandes erreurs que les Peuls commettent est de laisser les autres les définir, les cadrer. Nous devons tout faire pour les définir aussi négativement, sinon plus, qu’ils ne le font avec nous. Il faut faire passer notre « narrative » auprès de tous les segments de l’opinion publique nationale et internationale. De nos journalistes, qui doivent former des associations, jusqu’aux gnamakalas, les intellectuels peuls doivent passer leurs messages, leurs idées.

 

Leadership

 

Un leadership audacieux et coriace. Il faut arrêter la démission collective des intellectuels. De quoi ont-ils peur ? Résistez à l’intimidation. Organisons une révolution, pas des révoltes où nos enfants laissent leur vie pour rien. Nous offrons notre sang pour nourrir la bête ethno-fasciste depuis 60 ans pour rien. Il nous faut des leaders qui ne perdent pas leur temps dans des querelles de clochers. Il faut agir. Le potentiel est là. Exploitons-le. Notre calvaire ne s’arrêtera que si nous résistons à nos persécuteurs comme nous le démontre notre pénible expérience historique.

 

Le travail profond qui nous attend doit être entrepris par tous et le plus tôt possible. Contribuons au présent essai. Enrichissons-le. Le débat est ouvert. Nous espérons que nos frères de Paris adopteront nos suggestions ou contribueront à les enrichir dans leurs prochaines rencontres pour dégager des plans d’action concrète.

 

Saïkou Theltorguel Bah
Tecumseh on Canada

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