Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retirent de la Cedeao

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Les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger, réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel depuis septembre 2023, ont décidé de retirer leur pays, avec effet immédiat, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), organisation sous-régionale de 15 membres, ont-ils annoncé dimanche dans un communiqué conjoint.

Les dirigeants des trois États sahéliens, « prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest », dit le communiqué lu sur les médias d’État de ces pays.

Répercussions

Cette décision pourrait produire des effets considérables, par exemple pour la circulation des biens et des personnes, pour les trois pays concernés, dépourvus d’accès à la mer, et pour la région. Elle suppose des implications sur les exemptions de visa et les exonérations de taxe, avec des retombées sur les prix.

La mise en œuvre du retrait lui-même suscite des questions. Le traité de la Cedeao stipule que tout État désireux de se retirer doit le notifier par écrit dans un délai d’un an et est tenu de se conformer à ses obligations pendant cette période. Il laisse cependant la porte ouverte à un retrait de la demande de retrait pendant ces 12 mois.

Les trois pays ont des relations tendues avec la Cedeao depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger. La Cedeao les a suspendus de ses instances et a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger ; elle est allée jusqu’à menacer de recourir à Niamey.

La Cedeao, « sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres et ses populations », dit le communiqué conjoint. Les régimes militaires ne cessent de dénoncer l’instrumentalisation faite, selon eux, de la Cedeao par l’ancienne puissance coloniale française.

« Regret, amertume et déception »

« Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme », disent-ils.

Ils accusent l’organisation de ne pas les avoir aidés face aux jihadistes qui sévissent depuis 2012, au Mali d’abord, puis aussi chez ses deux voisins, faisant des milliers de morts, combattants et civils, et provoquant le déplacement de millions de personnes.

Les sanctions prises contre eux ont, à leurs yeux, représenté « une posture irrationnelle et inacceptable », au moment où « ces États ont décidé de prendre leur destin en main », disent-ils en faisant référence aux putschs qui ont renversé les régimes civils en place.

Élections repoussées

Les mesures de rétorsion prises par la Cedeao ont produit peu d’effets à ce jour en matière de retour des civils au pouvoir. Au Mali, les militaires en place depuis bientôt quatre ans sous la conduite du colonel Assimi Goïta s’étaient engagés à organiser des élections en février 2024, mais ils ont repoussé l’échéance à une date inconnue.

Au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré avait affirmé après sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 qu’il tiendrait les engagements pris auprès de la Cedeao par son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, de tenir des élections à l’été 2024. Depuis, le régime a indiqué que la lutte contre les groupes jihadistes était la priorité.

Aucune sanction n’a été prise contre le Burkina, autre que la suspension des instances de la Cedeao.

Au Niger, le blocus commercial a fait grimper le prix des denrées alimentaires et créé une pénurie de produits essentiels, notamment de médicaments. Quelques jours après le coup d’État, le général Abdourahamane Tiani a déclaré que la période de transition avant le retour des civils n’excéderait pas trois ans. La durée exacte de la transition doit être fixée lors d’un « dialogue national » qui n’a pas encore débuté. La Cedeao continuait de réclamer la libération du président Mohamed Bazoum, détenu à Niamey.

(Avec AFP

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BAMCE
BAMCE
3 février 2024 19:31

@youssouf Bangoura

Je me disais la même chose de ce capitain TRAORE et, je n’aime pas vraiment ce type, c’est un arriviste du dernier degré, un vrai guignol mégalomane, il se croit plus fort, intelligent et brave que tout…avec lui, le BURKINA va tombé plus bas qu’elle l’est.

Last edited 2 mois plus tôt by BAMCE
Youssouf Bangoura
Youssouf Bangoura
2 février 2024 13:57

Tag, moi pareil, le jeune capitaine Traoré en fait trop, il aime trop s’exposer, il parle trop trop et trop . Le Malien lui, laisse parler ses ministres . La CEDEA est une coquille vide, une organisation qui ne sert à rien, la libre circulation des personnes et biens, belle phrase mais fait, contrairement à l’Union espace Schengen où il y a aucun barrage et ni policiers et gendarmes aux frontières, dans notre CEDEAO, les barrages pullulent comme des champions certes, on peut y circuler mais il y a des restrictions entre ses pays membres . Si on peut comprendre… Lire la suite

BAMCE
BAMCE
2 février 2024 10:05

@jacques

La reconstitution de votre empire mandingue c’est dans vos rêves, ces trois pays ont quittés la CEDEAO pour aller où ???

Tag
Tag
1 février 2024 22:34

Se soustraire a l’influence francaise est une chose qui emporterait le soutien de la presque totalite des habilitants de la CEDEAO. Profiter de cette occasion pour installer et enraciner des dictatures en est une autre. Je ne suis pas sur que le premier est aussi aisement atteignable quoiqye tres souhaitable, mais la dictature, elle, est certaine. Elle ne manquera pas de susciter d’autres coups d’Etat. Je ne crois pas du tout a l’homme providentiel. Des qu’un individu pretend incarner les aspirations d’un peuple sans en avoir eu le mandat au travers d’elections libres, je m’en mefie. De tous les trois,… Lire la suite

Kaou Labe
Kaou Labe
1 février 2024 20:09

Sam ,
Quand on vit ( pour ne pas dire survit ) avec moins de DEUX ( 2 ) Euros par jour ,
On est PAUVRE .
Ce n’est pas UNE MENTALITE !
C’est UNE REALITE !
Évidemment, quelqu’un avait dit  » qu’il préférait la PAUVRETE « .
No wonder .

Sam
Sam
1 février 2024 16:22

C’est une bonne décision de ce début d’année. La CDEAO ne répond plus aux aspirations des peuples, c’est devenu un syndicat des chefs d’Etats qui reçoivent des ordres de l’extérieur. Sinon comment comprendre cette décision d’intervention militaire au Niger? Ces trois pays ne sont pas pauvres, la pauvreté c’est un mentalité il faut se débarrasser de cela.

Jacques
Jacques
31 janvier 2024 14:40

Bamcé, c’est parti pour la reconstitution de l’empire mandingue. La Guinée est dans le starting-blocks. (Rire). l’AFP nous explique les inconvénients mais pas les avantages pour mieux comprendre cette situation.

Jacques
Jacques
31 janvier 2024 11:28

Que ce que cette CEDEAO apporte aux populations ? Tag c’est juste un syndicat pour dictateurs qui encouragent les coups d’état militaire et conditionnel cherchons une autre formule

TIEKOURANI
TIEKOURANI
31 janvier 2024 08:26

Pour ma part ceux qui dirigent ces trois n’ont aucune légitimité pour engager leur pays dans cette voie. Ils auraient au moins mis la forme en consultant par referendum leur peuple. Des putschistes, ils ne sont que des militaires qui ne respectent pas la constitution et les institutions de leur pays. La question que je me pose c’est s’ils sont en mesure d’assumer toutes les conséquences de cet acte. Ont-ils une seule fois penser au nombre de leurs ressortissants présents dans les autres pays membres de la CEDEAO. Ils ne sont que des pays pourvoyeurs d’immigrés et de misère dans… Lire la suite

Shams Deen
Shams Deen
30 janvier 2024 10:36

C’est la meilleure nouvelle en ce debut d’année ;des pauvres fiers sur du sable
bon debaras.
Pour les nationalos africons ;c’est pas la CEDEAO qui a envoyer ses ressortissants comme terroristes .
Moi en tout cas je suis content .

BAMCE
BAMCE
29 janvier 2024 08:32

C’est une évidence, comme les juntes s’accrochent aux pouvoirs, ils ne veulent pas quitter. À vrai dire, je ne vois pas trop en quoi cette CEDEAO apporte à la communauté ouest africaine à part faire du syndicat pour les dictateurs dinosaures.

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29 janvier 2024 02:02

La seule et unique raison de cette decision grave de consequences pour les peuples malien, burkinabe et nigerien est que ces 3 putchistes ont pris des engagements pour le retour a l’ordre constitutionnel qu’ils n’entendent pas tenir et c’est la la pirouette qu’ils ont trouve pour s’y soustraire. De toutes les facons, ils n’ont aucune legitimite a prendre pareilles decisions, n’etant elus par personne. Decidemment, ils apprennent les uns des autres car le nigerien fait exactement ce que Doumbouya a fait en Guinee en refusant de preciser la duree de la transition, decision reservee a une sorte de consultation nationale… Lire la suite

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